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Actualités

House of Guinness : Good things come to those who wait ? (Les bonnes choses viennent à qui sait attendre ?)

Le titre de cet article est bien un slogan officiel de Guinness, vous avez bien la référence ! 

Nombreux sont ceux qui m’ont demandé mon avis et un article sur la nouvelle série Netflix, House of Guinness et pour cause, avec le podcast “Les Bières Narratives” vous avez sans doute pu constater que j’étais un cinéphile et sériephile invétéré en plus d’aimer parler de bière.

Qui plus est, lors de la sortie de la série, j’ai eu un énorme pic d’activité sur le site concernant l’article narrant l’histoire de la brasserie, il fallait donc absolument que je vois cette série et que je vous donne un max d’informations là dessus.

C’est la seconde fois que Netflix s’attaque au milieu brassicole, la troisième fois qu’il diffuse une série qui en parle. La première série diffusée fut l’oubliable Brew Brothers, qui, malgré quelques bonnes idées, était mal jouée, mal écrite et surtout absolument pas drôle alors qu’elle jouissait d’un sacré potentiel. Allez voir l’article que j’avais écrit pour en savoir plus si vous le souhaitez.

La seconde série, Oktoberfest, série Allemande diffusée par la plateforme, se voulait plus sérieuse, un drama teuton sous fond de rivalités entre brasseries durant Oktoberfest, série traitée également sur le site, et dont l’avis général était assez positif.

Place maintenant à House of Guinness, une série en 8 épisodes de 50min environ, également orientée drama mais 100% Netflix et avec comme showrunner Steven Knight, à qui l’on doit les excellentes séries SAS Rogue Heroes et Peaky Blinders.

Alors que vaut cette série ? Avant de vous donner ma critique, je vous invite à en découvrir plus sur la série, sa production mais aussi son contexte historique et sa véracité historique.

 

 

Remise en contexte (1759-1868)

L’histoire de la brasserie qui sert de toile de fond à la série commence bien avant les événements décrits. Certes, nous avons déjà fait un article sur le sujet mais voici une update de bon aloi.

  • 1759 : La Fondation. L’histoire commence officiellement le 31 décembre 1759, lorsque Arthur Guinness, alors âgé de 34 ans, signe un bail de 9 000 ans pour une brasserie désaffectée à St. James’s Gate, Dublin. Il commence d’abord à brasser de la bière de type « ale ».

 

  • 1799 : Le Virage Stratégique. Arthur Guinness prend la décision commerciale cruciale d’arrêter la production d’ale pour se concentrer exclusivement sur un nouveau type de bière noire populaire à Londres : le « porter », qui évoluera en « stout ».

 

  • Les Générations Suivantes. À la mort d’Arthur en 1803, son fils, Arthur Guinness II, prend la relève et supervise la première expansion significative.

 

  • L’Ère de Benjamin (Le Patriarche de la Série). Le personnage dont la mort déclenche la série est Sir Benjamin Lee Guinness (né en 1798). Il est le petit-fils du fondateur Arthur. Il prend la direction de l’entreprise en 1839.

 

  • L’Expansion et la Domination (1850-1868). C’est Benjamin qui transforme l’entreprise en un géant mondial. Dans les années 1850, après la Grande Famine, il adopte une stratégie commerciale agressive, utilisant l’échelle de l’entreprise pour baisser les prix, racheter méthodiquement ses concurrents et consolider le marché de la brasserie à Dublin. En 1855, il est l’homme le plus riche d’Irlande. Parallèlement, il devient une figure publique majeure : philanthrope (finançant la restauration de la cathédrale St Patrick), premier Lord-maire de Dublin et, de manière cruciale pour l’intrigue, député Tory (Conservateur) unioniste, alignant fermement la famille sur les intérêts britanniques.

 

  • 1868 : Le Point de Départ. La série House of Guinness commence à la mort de Benjamin en 1868, alors que la brasserie est déjà devenue la plus grande d’Irlande et un acteur mondial.

 

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Source : Netflix

 

Production de la série

Synopsis et contexte

La série House of Guinness se déroule principalement à Dublin, en Irlande, et à New York, à partir de 1868. L’intrigue est mise en mouvement par un événement cataclysmique pour la famille : la mort du patriarche, Sir Benjamin Guinness. Benjamin Guinness est l’architecte du succès commercial extraordinaire de la brasserie familiale, l’ayant transformée en une puissance mondiale.

Le conflit central de la série se concentre sur les conséquences de son décès et les destins de ses quatre enfants adultes : Arthur (Anthony Boyle), Edward (Louis Partridge), Anne (Emily Fairn) et Benjamin « Ben » (Fionn O’Shea). La série suit leur navigation complexe entre la vie, l’amour et l’héritage, alors qu’ils sont confrontés à l’impact direct du testament de leur père et à l’avenir incertain de l’empire brassicole Guinness.

Ce drame familial intime se déroule sur une toile de fond politique explosive. L’Irlande de 1868 est tumultueuse, marquée par la montée de l’insurrection féniane (le Fenian movement, également connu sous le nom de Irish Republican Brotherhood). Ce soulèvement nationaliste crée un climat de chaos qui se répercute non seulement dans les rues de Dublin, mais aussi au sein même de l’entreprise Guinness.

 

Le Showrunner : Steven Knight

Steven Knight est la force créatrice singulière de la série, agissant en tant que créateur, scénariste pour l’intégralité des huit épisodes et producteur exécutif.

C’est l’un des scénaristes les plus en vue du Royaume-Uni, principalement connu pour ses drames historiques sombres et stylisés. Il est mondialement célèbre en tant que créateur de Peaky Blinders. House of Guinness est explicitement commercialisée dans la lignée de cette œuvre, les critiques notant qu’elle partage le même ton et la même ambiance. Il a également créé SAS: Rogue Heroes, une autre exploration de l’histoire britannique violente que je vous recommande chaudement.

De manière notable, la carrière de Knight est éclectique ; il est également l’un des trois co-créateurs du jeu télévisé phénomène Who Wants to be A Millionaire?. Actuellement, il est attaché en tant que scénariste au prochain film James Bond, qui sera réalisé par Denis Villeneuve pour Amazon Studios et dont on se demande encore ce qu’il va donner…

L’approche de Knight pour House of Guinness est révélatrice de son style. Il a déclaré avoir été spécifiquement intrigué par le moment de la mort de Benjamin Guinness, affirmant que « immédiatement, le cor s’est mis à sonner », signalant un point de départ dramatique. Son intérêt s’est porté sur la tension politique inhérente : la famille Guinness était protestante, unioniste, et « très pro-Angleterre », les plaçant en opposition directe avec les Fénians « radicaux » luttant pour l’indépendance de l’Irlande.

Knight a également révélé un élément clé de l’intrigue découlant du testament, notant que le père « a très délibérément enchaîné Arthur et Edward ensemble » dans la responsabilité de la brasserie pour des « raisons très intéressantes » qui forment le cœur du conflit.

 

Les Producteurs : Kudos et la connexion directe avec Guinness

La série est produite pour Netflix par Kudos, une filiale de Banijay UK, et Nebulastar. Kudos est une maison de production britannique de premier plan, avec un catalogue de drames de prestige acclamés, dont Broadchurch, SAS: Rogue Heroes (également avec Knight), Life on Mars, Spooks, Grantchester, et Gunpowder.

Cependant, House of Guinness n’est pas simplement un autre drame de Kudos. L’impulsion du projet est profondément personnelle. Une productrice exécutive clé est Ivana Lowell, une descendante directe de la famille Guinness. L’idée de la série lui est venue il y a une décennie. En regardant Downton Abbey lors d’une visite en Irlande, elle a eu une révélation : « Notre famille ferait aussi un si bon show télévisé – mais la différence, c’est que tout est vrai ». Elle a rédigé le traitement initial dès son retour. La série est explicitement basée sur « des histoires transmises dans la famille et rappelées par Ivana Lowell ».

Cette origine, combinée au langage promotionnel utilisé, révèle une stratégie de positionnement claire de la part de Netflix. House of Guinness est délibérément présentée comme une « pièce maîtresse de sa grille d’automne » et comme le « prochain drame d’héritage incontournable ». Cette stratégie vise à combler le vide significatif laissé par les fins récentes de deux des plus grands drames dynastiques de la télévision : Succession (HBO) et The Crown (Netflix). La série a été conçue dès le départ, grâce à l’inspiration de Downton Abbey, et le style de Peaky Blinders pour attirer précisément ce public. Les comparaisons critiques ultérieures avec Succession confirment que cette intention stratégique a été à la fois reconnue et, dans une certaine mesure, réussie.

 

  • Anthony Boyle dans le rôle d’Arthur Guinness. Il est le fils aîné et est décrit comme un « franc-tireur » (loose cannon).
    • Filmographie notable : Masters of the Air, Tetris, Témoin indésirable (mini-série), et une apparition dans Game of Thrones (Saison 4, Épisode 6).

 

  • Louis Partridge dans le rôle d’Edward Guinness. Il est le plus jeune fils, décrit comme « axé sur les affaires » (businesslike).
    • Filmographie notable : Enola Holmes (1 & 2), Pistol (mini-série), Disclaimer (mini-série).

 

  • Emily Fairn dans le rôle d’Anne Plunket (née Guinness). Elle est l’aînée et l’unique fille de la fratrie.
    • Filmographie notable : The Responder, Black Mirror, The Choral.

 

  • Fionn O’Shea dans le rôle de Benjamin « Ben » Lee Guinness II. Il est le fils du milieu.
    • Filmographie notable : Normal People (mini-série), Dating Amber, Handsome Devil.

 

  • James Norton dans le rôle de Sean Rafferty. Un personnage central décrit comme un contremaître et un « réparateur » (fixer) familial impitoyable.
    • Filmographie notable : Happy Valley, Grantchester, Guerre et Paix (mini-série), King & Conqueror.

 

  • Jack Gleeson dans le rôle de Byron Hedges (parfois appelé Hughes). Il est le « cousin illégitime » de la famille, agissant comme leur représentant à New York.
    • Filmographie notable : Game of Thrones (Joffrey Baratheon), In the Land of Saints and Sinners, Sex Education, Batman Begins.

 

  • Danielle Galligan dans le rôle de Lady Olivia Hedges. Une aristocrate qui entre dans l’orbite de la famille et épouse Arthur.
    • Filmographie notable : Shadow and Bone, Kin.

 

  • Niamh McCormack dans le rôle d’Ellen Cochrane. Une organisatrice féniane locale.

 

  • Seamus O’Hara dans le rôle de Patrick Cochrane. Également organisateur fénian et frère d’Ellen.

 

  • Michael McElhatton dans le rôle de John Potter. Le majordome de la famille Guinness.
    • Filmographie notable : Game of Thrones (Roose Bolton), Zack Snyder’s Justice League.

 

  • Dervla Kirwan dans le rôle de Tante Agnes Guinness.
    • Filmographie notable : True Detective, Ballykissangel.

 

  • Ann Skelly dans le rôle d’Adelaide Guinness. Une cousine qui épouse Edward.
    • Filmographie notable : The Nevers, Vikings.

 

  • David Wilmot dans le rôle de Bonnie Champion.

 

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Source : Netflix

 

Tournage et production

Un fait central et déterminant de la production est que la série, bien que se déroulant presque entièrement à Dublin et New York, n’a pas été tournée en Irlande.

Cette décision stratégique a été expliquée par le showrunner Steven Knight et le réalisateur Tom Shankland. Ils ont affirmé que le Dublin moderne ressemble moins au Dublin de 1868 que certaines villes du nord de l’Angleterre. L’architecture d’époque nécessaire est tout simplement mieux préservée ailleurs. Knight a appliqué la même logique à Peaky Blinders, qui n’a pas été filmé à Birmingham, son lieu de déroulement, car la ville ne ressemblait plus à ce qu’elle était dans les années 1920. L’objectif était de capturer l’architecture victorienne authentique sans manipulation numérique extensive.

Les tournages ont donc eu lieu à travers le nord de l’Angleterre et le Pays de Galles :

  • Liverpool : La ville a servi de principal substitut pour le Dublin du XIXe siècle. St George’s Hall et la William Brown Street (le « St George’s Quarter ») ont été utilisés pour les scènes d’envergure, notamment la procession funéraire de Benjamin Guinness et les scènes de rassemblements et de protestations. Le Liverpool Town Hall a également été utilisé. Sefton Park Palm House, une serre victorienne, a servi de décor pour les jardins botaniques, notamment pour une rencontre entre Arthur et un ancien amant.

 

  • Manchester (et Grand Manchester) : La ville a servi de hub de production central. Space Studios Manchester : La production y a été basée pendant 35 semaines, de mai 2024 à janvier 2025. Ces studios ont été utilisés pour construire les intérieurs opulents, tels que la salle de bal d’Iveagh House. Le Northern Quarter de Manchester a été utilisé pour recréer le New York du XIXe siècle. À Salford, la chapelle St Philips sur Chapel Street, classée Grade II, a été transformée en rue de Dublin du XIXe siècle, avec de la fausse neige pour les scènes d’hiver.

 

  • Cheshire : Le tournage a débuté dans ce comté, notamment au National Waterways Museum à Ellesmere Port.

 

  • Yorkshire : Broughton Hall, un domaine géorgien près des Yorkshire Dales, a été utilisé pour représenter St Anne’s House, la retraite de campagne d’Arthur.

 

Anecdotes de production

La stratégie de production de House of Guinness est fondée sur une contradiction fondamentale : elle recherche une authenticité visuelle méticuleuse tout en rejetant délibérément l’authenticité culturelle et sonore.

D’un côté, des efforts logistiques et financiers considérables ont été déployés pour le réalisme visuel. Le designer de production, Richard Bullock, a qualifié la recréation de la brasserie à Stanley Dock de « follement complexe » (insanely complex) ; l’équipe y a travaillé pendant trois mois avant même le début du tournage. Cette recherche d’authenticité architecturale est la raison même pour laquelle la production a évité Dublin.

D’un autre côté, la production brise activement cette immersion historique par ses choix sonores, une signature du « Knight-Verse ». La bande-son est délibérément anachronique. Elle mélange des airs folkloriques irlandais traditionnels (Derek Warfield & The Young Wolfe Tones) avec du hip-hop irlandais contemporain (le groupe Kneecap), du post-punk (Fontaines D.C.), de l’électro-noise (Yard) et de l’indie (The Stunning). Ce choix stylistique priorise une « ambiance » moderne sur le réalisme d’époque. Cette contradiction révèle que l’authenticité n’est pas recherchée pour des raisons historiques, mais cinématographiques ; le look « Peaky Blinders » était plus important que le son réel de 1868.

Autres anecdotes de production :

  • Une « Première » Netflix : House of Guinness est le tout premier titre de l’histoire de Netflix à être lancé avec des sous-titres officiels en langue irlandaise (Gaeilge).

 

  • Anecdotes de Casting :
    • Un camion Guinness est arrivé sur le plateau le dernier jour du tournage pour la fête de fin de production, au grand plaisir de l’équipe.
    • Pour « briser la glace » au début du tournage, les acteurs James Norton (Sean Rafferty) et Danielle Galligan (Lady Olivia) ont bravé une baignade (en trespassing) dans un lac froid.
    • Anthony Boyle, originaire de Dublin, a plaisanté en disant que sa préparation consistait à « boire beaucoup de Guinness ». Plus sérieusement, il a noté qu’il était déjà familier de la réputation complexe de la famille à Dublin : à la fois philanthrope (pour avoir donné St Stephen’s Green au public) mais aussi fermement unioniste.

 

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Source : Netflix

 

Une bande son anachronique

La bande-son anachronique est un élément clé du style de Steven Knight, mélangeant la folk, le post-punk et le hip-hop irlandais contemporain. La musique originale (le « score ») a été composée par Ilan Eshkeri.

Nous le verrons plus en détail lors de la critique, mais cela fonctionne extrêmement bien. Les amateurs du fameux Django de Tarantino peuvent témoigner du fait que ces anachronismes donnent un sacré panache aux scènes d’action, la fusillade finale du film de Quentin sous fond de remix entre James Brown et 2pac étant pour moi un véritable plaisir audiovisuel.

La bande-son officielle est disponible sur des plateformes comme Apple Music ou Spotify et via un lien officiel de Netflix Music.

Voici une liste des principales chansons utilisées dans la série, par épisode :

  • Épisode 1 : ‘Starburster’ – Fontaines D.C. / ‘Get Your Brits Out’ – Kneecap / ‘Hood’ – Kneecap / ‘Devil’s Dance Floor’ – Flogging Molly
  • Épisode 2 : ‘Cruel Katie’ – Lankum / ‘In ár gCroíthe go deo’ – Fontaines D.C. / ‘The Rich Man And The Poor Man’ – The Mary Wallopers
  • Épisode 3 : ‘As I Roved Out’ – The Mary Wallopers / ‘Goodnight World’ – Lisa O’Neill / ‘Another Round’ – The Scratch
  • Épisode 4 : ‘I bhFiacha Linne’ – Kneecap / ‘Brother Was A Runaway’ – Adrian Crowley / ‘Jailbreak’ – Thin Lizzy
  • Épisode 5 : ‘Brewing Up a Storm’ – The Stunning / ‘Carraig Aonair’ – Pebbledash / ‘Choose Life’ – Shark School
  • Épisode 6 : ‘Come Out Ye Black and Tans’ – Derek Warfield and The Young Wolfe Tones / ‘The Parting Glass’ – Boygenius & Ye Vagabonds / ‘Lawman’ – Gilla Band / ‘Beer, Beer, Beer’ – The Clancy Brothers / ‘Cheeky Bastard’ – The Scratch / ‘Boil the Breakfast’ – The Chieftains / ‘Lawmaker’ – YARD / ‘Death Kink’ – Fontaines D.C.
  • Épisode 7 : ‘Failte 2025’ – IMLE / ‘Phil The Fluter’s Ball’ – Ruby Murray / ‘Saints And Sinners’ – The Feelgood McLouds / ‘Old Note’ – Lisa O’Neill / ‘Amphetamines’ – Cardinals / ‘Go Head’ – Rocstrong / ‘It’s Been Ages’ – Kneecap
  • Épisode 8 : ‘For Everything’ – The Murder Capital / ‘The Parting Glass’ – Robocobra Quartet / ‘All The Boys On The Dole’ – TPM / ‘Nausea’ – Gurriers / ‘The Parting Glass’ – Boygenius & Ye Vagabonds / ‘Lawman’ – Gilla Band / ‘Starbuster’ – Fontaines D.C. / ‘Beer, Beer, Beer’ – The Clancy Brothers

Pour ma part, j’ai réellement apprécié le choix de ces musiques, les playlists sont en ligne et je vous invite à les écouter si vous aimez l’éclectisme musical irlandais.

 

Histoire vs réalité

L’approche narrative de Steven Knight est cruciale à comprendre. Il admet ouvertement la fiction, déclarant qu’il n’y a pas de pages Facebook, pas de pages Instagram pour ces personnages du XIXe siècle. Il a expliqué avoir pris des choses qu’ils ont faites comme des « tremplins » et avoir comblé les vides lui-même. La série est donc une « fiction inspirée d’histoires vraies ».

Cette méthode sacrifie la vérité factuelle pour une « vérité » thématique de style Peaky Blinders. La série est moins une histoire sur la famille Guinness qu’une histoire de Steven Knight (violence, traumatisme de classe, anti-héros charismatiques, sexe) qui se déroule en utilisant les noms des Guinness.

 

La réalité chez les Guinness

  • Sir Benjamin Lee Guinness (Père) : Mort en 1868. Il a en effet transformé la brasserie en un géant mondial. Il a été Lord Maire de Dublin et, surtout, un député Tory (Conservateur) unioniste. Cette affiliation politique le plaçait en opposition directe avec les nationalistes irlandais. Il était également un philanthrope majeur, finançant la restauration de la cathédrale St Patrick.

 

  • Arthur Edward Guinness (Fils aîné) : Il a bien hérité de la brasserie conjointement avec son frère Edward. Cependant, le fait historique crucial est qu’il a vendu sa part à Edward en 1876 pour se consacrer à la politique. Son élection au Parlement en 1868 a réellement été annulée pour « pratiques de corruption » (achat de votes), bien que le tribunal l’ait personnellement blanchi. Il est mort sans enfant.

 

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Source : Wikipedia

 

  • Edward Cecil Guinness (Plus jeune fils) : Il était le véritable « cerveau » commercial de sa génération. Il est devenu l’unique propriétaire de la brasserie en 1876 et est devenu l’homme le plus riche d’Irlande. Il a épousé sa cousine Adelaide Maria Guinness en 1873, une stratégie délibérée pour « concentrer la richesse familiale ». C’est lui, et non Anne, qui a créé le Guinness Trust pour le logement social.

 

  • Anne Lee Guinness (Fille) : Elle a épousé Lord Plunket, qui est devenu l’archevêque de Dublin. Elle était une philanthrope active et a souffert d’une maladie dégénérative pendant une grande partie de sa vie.

 

  • Benjamin Lee Guinness II (Fils du milieu) : L’histoire réelle de Benjamin est radicalement différente de celle de la série. Il n’a jamais été impliqué dans la brasserie. Il est devenu capitaine dans les Royal Horse Guards en Angleterre et y a passé la majeure partie de sa vie.

 

Qui sont les Féniens ?

Les Féniens (Fenians), qui jouent un rôle central dans l’opposition politique de la série, étaient un mouvement révolutionnaire bien réel en Irlande.

  • Origine : Le mouvement a émergé dans le sillage de la Grande Famine des années 1840 et 1850.
  • Objectif : Leur but était de « rejeter complètement les Britanniques » et d’établir une république irlandaise indépendante.
  • Lien : Ils sont considérés comme un précurseur direct de l’IRA.
  • Conflit : Dans la série, ils s’opposent aux Guinness, qui étaient des unionistes et « très pro-Angleterre », ce qui reflète la tension politique de l’époque. La série s’inspire également de faits réels, comme l’envoi de rebelles irlandais aux États-Unis.
  • Fiction vs. Réalité : Les critiques irlandaises ont cependant noté que si le mouvement était réel, sa représentation dans la série est « sauvagement inexacte ». En 1868 (où commence la série), les Féniens étaient en grande partie passés à la clandestinité après l’échec de leur soulèvement en 1867.

 

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Source : Netflix

 

Ce qui a été inventé pour la série

L’affirmation d’Ivana Lowell selon laquelle « tout est vrai » doit être interprétée comme une inspiration émotionnelle, car la série prend des libertés narratives majeures pour créer du drame.

 

  • INVENTION : Le Testament (Le Conflit Incitatif) :
    • Fiction (Série) : Le testament force Arthur et Edward à travailler ensemble sous peine de tout perdre.
    • Réalité (Histoire) : C’est faux. Le vrai testament contenait une clause de rachat. Arthur pouvait vendre sa part à Edward (ce qu’il a fait en 1876). La série invente cet « enchaînement » pour créer une dynamique de type Succession, qui n’existait pas en réalité.

 

  • INVENTION : Les Personnages Moteurs de l’Intrigue :
    • L’histoire réelle est celle d’une transaction commerciale. L’histoire fictive de Knight nécessite des agents du chaos. Les personnages les plus cruciaux pour l’intrigue sont entièrement fictifs.
    • Sean Rafferty (James Norton) et les frères et sœurs fénians Ellen et Patrick Cochrane sont des inventions. Ces personnages sont les véritables moteurs du drame : les Cochrane fournissent la menace politique, le chantage et la romance interdite, tandis que Rafferty fournit la violence, l’intrigue et le « sale boulot » que les aristocrates Guinness ne font pas eux-mêmes.

 

  • INVENTION : Le Logement Social :
    • Fiction (Série) : La série attribue l’idée du Guinness Housing Trust aux personnages féminins d’Anne et Adelaide.
    • Réalité (Histoire) : C’était le projet phare d’Edward. Ce changement narratif vise à donner plus d’agence et de substance aux rôles féminins.

 

  • INVENTION / INEXACTITUDE : L’Émeute aux Funérailles :
    • Fiction (Série) : La série s’ouvre sur une scène dramatique où le cercueil de Benjamin Guinness est attaqué par une foule en colère.
    • Réalité (Histoire) : Cet événement est factuellement faux. Les critiques irlandaises ont souligné que les archives contemporaines décrivent des funérailles « respectueuses et solennelles ». La série a inventé l’émeute pour dramatiser visuellement et immédiatement le conflit politique.

 

  • INEXACTITUDE : Le « Blooper » Fénian :
    • Fiction (Série) : Un personnage fénian de 1868 parle de vouloir une « Irlande Unie et Indépendante ».
    • Réalité (Histoire) : C’est un anachronisme. Comme l’a souligné la critique, l’Irlande était unie en 1868 (sous domination britannique). Le concept d’une « Irlande Unie » (par opposition à une Irlande partitionnée) n’est devenu un enjeu politique qu’après la partition de 1921.

 

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Source : Netflix

 

Critique et réception de la série

La série a reçu un accueil critique globalement très positif sur les principaux agrégateurs anglo-saxons :

  • Rotten Tomatoes : La série a débuté avec un score critique élevé, se situant entre 86% et 90%. Le « Critics Consensus » du site loue sa « débordante intrigue dynastique » et le « grain rugueux qui distinguait les drames historiques précédents du créateur Steven Knight ». Le score d’audience initial était également fort, à 89%.
  • Metacritic : Le score est solide, s’établissant à 72 ou 73, indiquant des « critiques généralement favorables ».

Les critiques en dehors de l’Irlande, en particulier au Royaume-Uni et aux États-Unis, ont été largement positives. Le Guardian (Royaume-Uni) lui a attribué la note maximale de cinq étoiles. La série a été saluée pour son aspect « flashy » et considérée comme une « digne entrée » dans la bibliothèque de Netflix. La comparaison la plus fréquente et la plus favorable a été celle avec Succession. Les critiques ont suggéré que Netflix avait peut-être enfin trouvé sa « réponse » à la série culte de HBO, positionnant House of Guinness dans la même catégorie de drame de pouvoir familial de prestige.

Il existe cependant un fossé spectaculaire et fondamental entre la réception mondiale et la réception irlandaise. Comme l’a résumé le correspondant du Guardian en Irlande : « Ils détestent ça ». Les critiques irlandais ont unanimement qualifié la série de « tosh stéréotypé et historiquement inexact » (tosh signifiant « absurdités » ou « bêtises »).

Le rejet féroce de la série par les critiques irlandais n’est pas simplement une réaction à de mauvais accents ; c’est la conséquence inévitable de l’application du « Steven Knight Brand » à l’histoire irlandaise. Les éléments mêmes qui ont fait le succès international de Peaky Blinders (style anachronique, violence esthétisée, anti-héros « cools ») sont ceux qui ont été perçus comme des caricatures offensantes et « Oirish » (un terme péjoratif pour les stéréotypes irlandais) lorsqu’ils ont été appliqués à Dublin.

 

Il existe cependant un fossé spectaculaire et fondamental entre la réception mondiale et la réception irlandaise. Comme l’a résumé le correspondant du Guardian en Irlande : « Ils détestent ça ». Les critiques irlandais ont unanimement qualifié la série de « tosh stéréotypé et historiquement inexact » (tosh signifiant « absurdités » ou « bêtises »).

 

Les principaux points de grief des critiques irlandais sont les suivants :

  • Les Accents (« Oirish-ness ») : Ce fut le point de critique le plus virulent. Les accents ont été qualifiés de « shite » (mauvais/merdiques) et de « problème constant ». La critique la plus mémorable et la plus partagée vient de The Irish Times, qui a tourné en dérision l’accent de la star James Norton en le qualifiant de « steampunk Mr. Tayto ». Cette insulte culturelle le compare à la mascotte d’une marque de chips irlandaise, signifiant qu’il est une caricature artificielle, ridicule et non authentique de l’irlandicité.

 

  • Les Stéréotypes : Les critiques ont fustigé l’utilisation de « clichés » éculés. Les Fénians sont dépeints comme des « leprechauns féraux » (sauvages) et les paysans ruraux (à peine deux décennies après la Grande Famine) comme des « sauvages sales et violents ».

 

  • Les Inexactitudes Historiques : Au-delà des libertés créatives, les erreurs factuelles ont été sévèrement jugées. The Irish Times a qualifié la série d’exemple d’ « histoire populaire dangereuse » (dangerous popular history). L’invention de l’émeute aux funérailles et l’anachronisme « hilarant » de « l’Irlande Unie » ont été cités comme preuves d’une « compréhension rudimentaire… du colonialisme ».

 

  • La Musique Anachronique : Alors que les critiques internationaux y voient un choix de style, les critiques irlandais l’ont trouvée « discordante » et ont estimé qu’elle « n’avait pas beaucoup de sens » dans le contexte de 1868.

 

Stratégie marketing de la série

La commercialisation de House of Guinness par Netflix a été une opération ciblée, s’appuyant sur des éléments de production clés pour attirer des publics larges et distincts :

 

  • Le Positionnement « Prestige » : La série a été promue comme un successeur spirituel de Peaky Blinders (en raison de Steven Knight) et de Succession (en raison du thème de la dynastie familiale). Des articles promotionnels dans des magazines tels que Vogue et Tatler ont renforcé cette image de « drame d’héritage » de luxe.

 

  • Le Casting Démographique : Comme indiqué plus haut, le casting a été une stratégie marketing en soi. Il visait « tout le monde » en combinant des acteurs établis pour la crédibilité (James Norton) avec des stars appréciées de la « Gen-Z » pour attirer un public plus jeune, notamment Louis Partridge (connu pour Enola Holmes et sa relation avec Olivia Rodrigo) et Anthony Boyle (connu pour Masters of the Air et Harry Potter).

 

  • L’Esthétique « Knight-Verse » : La bande-annonce et le style visuel ont mis l’accent sur une atmosphère sombre, violente et « compelling » (captivante), capitalisant sur la popularité de l’esthétique Peaky Blinders.

 

Il n’y a par ailleurs aucune indication d’un partenariat officiel entre Netflix et Diageo, la société mère actuelle de la marque Guinness. La série, étant une production indépendante basée sur des faits historiques (et une inspiration familiale), n’est pas une communication d’entreprise.

Cependant, la série crée un « casse-tête » marketing pour Diageo. La marque Guinness est la marque irlandaise la plus précieuse (estimée à 3,1 milliards d’euros). La série génère une notoriété mondiale massive, ce qui pourrait augmenter les ventes. Une analyse a même suggéré que Diageo aurait pu discrètement encourager le projet pour « récolter les fruits » sans y être officiellement associée.

La situation est compliquée par deux facteurs :

  • Le Contexte Légal Irlandais : La série arrive à un moment sensible en Irlande, qui a adopté une législation stricte sur la promotion de l’alcool (Irish Alcohol Act 2018). Des voix en Irlande se sont inquiétées que la série ne soit perçue comme une « esthétisation de l’alcool » ou une « communication d’entreprise » déguisée, ce qui crée une tension entre la célébration du patrimoine et les impératifs de santé publique. (Chaque pays a sa Loi Evin après tout!).

 

  • La Réaction des Descendants : Si la société Diageo est restée silencieuse, certains descendants de la famille Guinness ont publiquement critiqué la série. Un descendant a exprimé sa « fureur », affirmant que la série s’appuyait sur des « clichés modernes sur les familles riches » et dépeignait à tort leurs ancêtres comme « insensés et insensibles », ou qualifiant la représentation d' »injuste ». Nous ferons d’ailleurs un article sur la famille Guinness contemporaine prochainement. 

 

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Source : Netflix

 

Une saison 2 ?

Au moment de la rédaction de cet article, Netflix n’a pas encore officiellement renouvelé House of Guinness pour une deuxième saison.

Cependant, les indicateurs d’un renouvellement sont majoritairement positifs :

  • Succès Commercial : La série a connu un démarrage très solide, enregistrant 3,5 millions de visionnages dans les 48 premières heures suivant sa sortie.
  • Intention de Production : La série a été facturée par Netflix comme une « série » et non comme une « mini-série » ou « série limitée », ce qui implique une intention de continuité.
  • Volonté du Créateur : Le showrunner, Steven Knight, est non seulement partant, mais il a déjà un plan. Il s’est montré « très confiant » et a déclaré à The Irish Sun qu’en réponse à une question sur la saison 2 : « Je ne suis pas autorisé à dire quoi que ce soit, mais je hoche la tête ».
  • Cliffhanger : La série se termine sur un énorme cliffhanger sous fond de “Beer beer beer” des Clancy Brothers.
  • Plan Narratif : Knight a confirmé qu’il y avait « tellement plus » à raconter. Il a spécifié les arcs narratifs de la saison 2, en se concentrant sur les conséquences du cliffhanger de la saison 1 et en déclarant : « Arthur prend des décisions terribles, Edward fait ce qu’il fait, et New York arrive ».

 

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Source : Netflix

 

La vérité derrière les personnages

Steven Knight a prévenu : la série n’est pas un documentaire. Il utilise des « tremplins » factuels pour sauter vers la fiction. Voici le démêlage entre la réalité historique et l’invention scénaristique pour chaque personnage principal.

Les personnages historiques

  • Sir Benjamin Lee Guinness (Le Patriarche)
  • Qui il était : Petit-fils du fondateur, il est l’homme qui a véritablement transformé la brasserie en empire mondial. Maire de Dublin et député conservateur, il a financé seul la restauration de la cathédrale Saint-Patrick.
  • Fiction vs Réalité : Vrai : Sa mort en 1868 et son immense fortune. Romancé : Son testament n’était pas aussi cruel. Dans la série, il force Arthur et Edward à travailler ensemble sous peine de tout perdre. En réalité, le testament permettait à l’un de racheter la part de l’autre (ce qui est arrivé).

 

  • Arthur Edward Guinness (Joué par Anthony Boyle)
  • Qui il était : L’aîné. Dandy, amateur d’art et homme politique, il n’avait pas le sens des affaires de son père. Il est célèbre pour avoir acheté et offert le parc St Stephen’s Green au public de Dublin (une « statue » de lui y trône toujours).
  • Fiction vs Réalité : Vrai : Son élection au Parlement en 1868 a bien été annulée pour « pratiques de corruption » (achat de votes). Il a épousé Lady Olivia Hedges. Romancé : La série suggère qu’il était homosexuel et que son mariage était une couverture. En réalité, les historiens ne trouvent aucune preuve formelle de cela, bien qu’il soit mort sans enfant. L’intrigue d’assassinat contre lui est déplacée dans le temps (il a reçu des menaces, mais plus tard).

 

  • Edward Cecil Guinness (Joué par Louis Partridge)
  • Qui il était : Le plus jeune fils. Le véritable génie des affaires de la famille. Il a racheté la part d’Arthur en 1876 pour devenir l’unique propriétaire et l’homme le plus riche d’Irlande. Il est devenu le 1er Comte d’Iveagh.
  • Fiction vs Réalité : Vrai : Il a épousé sa cousine Adelaide. Romancé : La série attribue la création du « Guinness Housing Trust » (logements sociaux) aux femmes de la famille (Anne et Adelaide). En réalité, c’est Edward qui a fondé ce projet philanthropique majeur. Sa romance avec la féniane Ellen Cochrane est une pure invention.

 

  • Anne Lee Guinness (Jouée par Emily Fairn)
  • Qui elle était : L’unique fille. Elle a épousé Lord Plunket, qui est devenu archevêque de Dublin. Elle était très pieuse et philanthrope.
  • Fiction vs Réalité : Vrai : Elle a souffert d’une maladie dégénérative douloureuse qui l’a emportée relativement jeune (à 50 ans). Romancé : La série lui donne un rôle beaucoup plus actif et rebelle, ainsi qu’une liaison avec le contremaître Sean Rafferty, ce qui est faux, voire incohérent pour l’époque compte tenu de son rang social.

 

  • Benjamin « Ben » Lee Guinness II (Joué par Fionn O’Shea)
  • Qui il était : Le fils du milieu.
  • Fiction vs Réalité : Vrai : Il a été en grande partie exclu de la gestion de la brasserie. Romancé : C’est le personnage le plus modifié. La série le dépeint comme un personnage tragique, drogué et vivant à Dublin. En réalité, il était capitaine dans l’armée (Royal Horse Guards) et a vécu la majeure partie de sa vie en Angleterre, loin du drame familial.

 

  • Lady Olivia Hedges (Jouée par Danielle Galligan)
  • Qui elle était : Aristocrate, fille du Comte de Bantry. Elle a épousé Arthur Guinness en 1871.
  • Fiction vs Réalité : Son mariage avec Arthur est réel, mais l’intrigue de la série la montrant enceinte de l’amant Sean Rafferty est une pure invention dramatique.

 

  • Adelaide Guinness (Jouée par Ann Skelly)
  • Qui elle était : Cousine germaine des frères Guinness.
  • Fiction vs Réalité : Elle a réellement épousé Edward, ce qui a permis de consolider la fortune familiale (« garder l’argent dans la famille »).

 

Les personnages fictifs

Pour créer du drame (sexe, violence, crime) que l’histoire officielle ne fournissait pas, Steven Knight a inventé plusieurs personnages clés.

  • Sean Rafferty (James Norton) : Contremaître de la brasserie et homme de main. 100% Fictif. Il n’a jamais existé. Il incarne le lien entre la famille aristocratique et la classe ouvrière de Dublin. Il sert de « Tommy Shelby » light pour la série : violent mais charismatique.

 

  • Byron Hedges/Hughes (Jack Gleeson) : Le « cousin bâtard » venu de New York. 100% Fictif. Il n’y a aucune preuve d’un tel cousin illégitime. Il a été créé pour permettre à la série d’avoir une intrigue à New York et de montrer l’expansion internationale de la marque.

 

  • Ellen et Patrick Cochrane (Niamh McCormack & Seamus O’Hara) : Frère et sœur, activistes Fénians (nationalistes irlandais). Personnages composites/Fictifs. Bien qu’ils soient fictifs, ils sont inspirés de figures réelles comme John O’Leary et sa sœur Ellen O’Leary, qui étaient actifs dans le mouvement Fénian à l’époque. Cependant, leur interaction intime avec la famille Guinness est une invention.

 

  • Bonnie Champion (David Wilmot) : Un baron du crime local. Fictif. Il sert d’antagoniste criminel pour ajouter une menace physique immédiate à l’histoire.

 

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Source : Netflix

 

Ma critique

Pour le faire court : c’est très sympa !

Maintenant pour aller plus loin dans l’analyse, c’est une série de drama classique dont l’intérêt personnel pour la visionner a été clairement le fait que ce soit sous fond de dynastie Guinness.

En voyant le showrunner, je m’attendais évidemment à quelque chose de pêchu, loin de la réalité historique et avec des anachronismes musicaux à toute berzingue pendant les scènes un peu mouvementées. La série a un rythme bien soutenu, peu de longueurs, les intrigues amoureuses sont là mais elles ne sont pas un frein “gnan gnan” comme le font d’autres séries qui mettent l’accent sur les idylles des personnages. Non, ici l’accent c’est le business Guinness, les relations amoureuses alimentent la complexité de tenir une telle structure à l’époque déjà.

La série aborde des thèmes sociaux de manière équilibrée, que ce soit le féminisme, l’homosexualité, la religion ou encore la lutte des classes, tout est relativement bien traité si l’on met de côté l’aspect historique ultra romancé.

De nombreux plans sont relativement bien recherchés, des ralentis et des mouvements de caméras bien sentis donnent du relief aux épisodes qui ne nous fatiguent pas avec des champ / contre champ permanents. Outre le jeu des caméras judicieux, on peut aussi noter le fait que de nombreux textes sont numériquement intégrés en français pour une meilleure compréhension (des journaux, des affiches etc..).

Autre point qui m’a beaucoup plu, ce sont les incrustations textuelles qui permettent de bien comprendre certains éléments. Le plus important, et aussi le plus malin, c’est qu’à chaque fois qu’une transaction est chiffrée, la série nous affiche un texte stylisé incrusté dans la scène qui met la conversion du montant avec l’inflation en 2025. On réalise ainsi qu’un contrat de plusieurs milliers de livres vaut aujourd’hui des millions. Idem pour les personnages parlant en gaélique, les traductions sont incrustées intelligemment dans la scène.

J’ai quasiment binge-watché tous les épisodes, le jeu des acteurs est correct, malgré quelques personnages un peu surjoués à mon goût comme Benjamin Guinness, l’ensemble du casting, déjà aguerris à des séries de haute qualité pour la majeure partie, s’en tire très bien. Sur le plan scénaristique, la série ne souffre pas trop de longueurs à mon goût, on ne tire pas la corde, les ellipses sont bien amenées, on ne gagne pas du temps pour faire du contenu, on va assez vite à l’essentiel et on traite les histoires de sexe ou d’amour en parallèle du business ce qui évite de trop sortir de l’intrigue principale et de donner un côté trop mielleux ou romantique à la Chronique de Bridgeton.

La série nous laisse sur un gros cliffhanger présupposant une suite, et à la vue des critiques, il est fort à parier qu’une saison 2 pourrait voir le jour bientôt. En attendant, je vous invite à découvrir la série sur Netflix si vous aimez Peaky Blinders, mais ne vous attendez pas à voir un hymne à Guinness, qui n’est ici que le théâtre de l’intrigue.

 

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Source : Netflix

 

Sources

 

 

Greg
Marseillais amateur de bières, je vais vous faire découvrir cette boisson à travers son histoire, des dossiers, de l'actu et enfin des tests de bières diverses et variées!

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