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La parole des femmes se fait entendre comme jamais dans le milieu brassicole

Ca n’aura échappé à personne, le mouvement #metoo a pris une ampleur internationale depuis déjà quelques années. Né en 2007 mais véritablement amplifié en 2017 avec l’affaire Weinstein, il aura eu le mérite de faire la lumière sur de nombreux agissements à travers de nombreux secteurs d’activités sur les différents actes sexistes, misogynes et à caractère agressifs d’hommes vis à vis de femmes. 

En France, c’est le mouvement “Balance ton porc” qui a pris le relais francophone, et ce, dans tous les domaines, notamment au cinéma suite à des situations incomprises par les victimes et les militants telles que l’Omerta du monde du cinéma français face à Polanski par exemple. 

Si ce mouvement, et nous y reviendrons, s’est étendu dans de nombreux secteurs d’activités de par le monde et sous divers nom, il y avait un secteur dont on entendait peu parler, c’est le monde brassicole. 

Cet article, bien entendu, n’a aucune vocation à parler au nom des femmes, celles-ci le font bien mieux et avec légitimité, et certaines amies du milieu savent que le site leur est ouvert pour exprimer leurs impressions sur de telles situations. Cet article a surtout pour vocation de vous relayer l’information de la manière la plus claire possible de mon point de vue d’homme blanc hétérosexuel (c’est important de le préciser pour contextualiser ma position), à travers ce que j’ai lu sur les diverses sources traitant le sujet dernièrement. Bien sur, et cela va de soi, j’ai mon avis sur la question et il est bien entendu en soutien à ces mouvements, sinon j’aurais évité d’en parler, mais ici, le but n’est pas d’exprimer mon point de vue à proprement parler mais relayer ce qu’il se passe car non seulement c’est très grave, mais surtout c’est inédit dans ce secteur, bien que personnellement, il ne faisait aucun doute que de tels actes existent ici aussi malheureusement. 

 

 

Tout part d’Instagram 

J’ai découvert ce mouvement par le biais d’un véritable hasard en vérité, je suis de nombreux comptes sur Instagram, de tous les pays, et en zappant à travers les stories, je tombe sur celle de Brienne Allan, directrice de production chez Notch Brewing à Salem dans le Massachusetts et présidente des Pink Boots de Boston, sous le pseudo de RagMagnet. Et là, c’est la stupéfaction, tout part d’une simple question posée en story: Avez-vous connu, en tant que femme, vous aussi des actes de sexisme dans le milieu? 

L’étincelle a mis le feu aux poudres, et Allan s’est retrouvée littéralement submergée de messages lui racontant de nombreux actes de sexisme au sein de très nombreuses brasseries et bars des USA mais pas que. La plupart de ces messages, bien souvent anonymes, mettent en cause des sociétés entières, ou bien un à plusieurs membres d’une brasserie ou d’un bar. Allan relaie tous ces messages via ses stories, classifiées ensuite dans des archives, et le constat est édifiant : pas moins de 800 messages à ce jour, traitant d’actes répréhensibles envers les femmes, mais aussi des actes racistes (qui seront traités dans un article ultérieur). 

Tout y est : blagues misogynes, discrimination à l’embauche ou à la promotion, harcèlement sexuel ou moral, tentatives de viol ou viol tout court, actes de perversion narcissique, chantage, bref, tout ce qu’il y a de plus détestable est mis sur le tapis et bien que souvent anonymes, certains noms et brasseries sortent du lot. Rappelons aussi que dans beaucoup de ces histoires, les femmes victimes ont pris la parole auprès de leur direction, qui bien souvent a fait mine de ne rien savoir, ou a prétexté de fausses excuses comme “vous comprenez c’est un bon élément” ou “il a une famille, ne mettez pas celle-ci en péril” : pathétique. 

 

Brienne Allan / © Jesse Burke – Culture Trip

 

Citons par exemple Tires Hand Brewing ou encore Dry & Bitter, pour chacune de ces brasseries, le nom d’un des membres de l’équipe revient à de nombreuses reprises. Je ne citerais pas les noms de ces deux personnes, il ne sera pas compliqué en suivant les liens en fin d’article pour trouver de qui il s’agit. 

D’autres noms sortent un peu également d’en dehors des USA, certains messages venant d’Australie, du Royaume Uni (Brewdog n’est pas épargné), d’Italie ou de pays Scandinaves. Les messages affluent quotidiennement, faisant presque perdre pied à Allan qui tente tant bien que mal de relayer un maximum d’informations auprès du public. 

 

Quelques exemples des Stories de Brienne Allan sur son compte Instagram

Quelles conséquences?

Bien entendu, un relais de messages d’accusations de ce type n’est pas sans conséquences. S’il y a bien la présomption d’innocence, force est de constater que de nombreuses personnes, défendant les accusés, ne se sont pas gênés pour crier à la diffamation, et menacent Allan de poursuites. 

En effet, bien souvent dans ce genre de choses, les messages étant anonymes, quand seul un nom est cité, une seule fois, c’est la parole de la victime contre son potentiel agresseur. De fait, sans preuves, surtout que certaines histoires datent d’il y a de nombreuses années (les langues se délient lentement malheureusement), il est quasi impossible de prouver une quelconque agression et donc pour l’agresseur, il est facile de gagner un procès en diffamation. 

En revanche, si des preuves sont apportées, la finalité est toute autre, parfois ce sont des collègues qui peuvent témoigner contre l’agresseur présumé et corroborer ainsi les dires de la victime. 

Pour Allan, le constat est simple : si un nom ou une brasserie revient plusieurs fois, alors c’est qu’il y a une vérité qui sera facile à prouver, sinon, ce sera plus compliqué mais pas impossible non plus. 

De nombreuses brasseries et personnes ont renvoyé la balle à Allan, la menaçant, comme je le disais, de poursuites à son encontre. Cependant, c’était sans compter le soutien des centaines de personnes (et très majoritairement) de femmes qui en soutien à celle-ci, et en prévision d’éventuels procès, ont mis en place des cagnottes pour payer ses éventuels frais d’avocats. 

Aux USA la notion de diffamation est assez nuancée, si Allan risque théoriquement de la prison ferme, cela ne signifie pas qu’elle est indéfendable si elle a relayé des propos diffamatoires. En vérité, c’est plus nuancé que cela. Compte tenu du mouvement, de son ampleur, et de futures preuves à venir, sur les centaines de messages différents, il sera compliqué de dire d’Allan qu’elle a sciemment partagé de fausses accusations, sachant qu’elles sont toutes anonymes. 

Le droit américain dit par ailleurs, et pour vous résumer la chose, que si une personne relaie des messages qui ne sont pas de son fait, alors la personne attaquable en diffamation est l’auteur même du messages partagé par le tiers. Autrement dit, cela pourrait vouloir dire qu’Allan reste intouchable, sous la vertu de cette nuance mais aussi de sa bonne foi, et donc c’est l’auteur du message qui sera pénalisé si une diffamation est bel et bien prouvée. 

Bien entendu, parler de diffamation ici ne signifie pas que tout est diffamatoire, mais sur 800 messages (et + à venir encore chaque jour), il est tout à fait possible que certains le soient pour des prétextes divers tels qu’une rancoeur professionnelle ou personnelle par exemple, tous les moyens sont bons pour discréditer une personne par vengeance. Néanmoins, ne soyons pas dupes, sur les centaines de messages, seule une infime poignée d’entre eux pourraient être montés de toutes pièces. 

Autre nuance qui peut jouer en la faveur d’Allan, c’est la notion de personnalité publique. En effet, à quel moment peut-on considérer une personne comme étant “publique”? Le terme est assez opaque mais il a son importance. Si l’on dit d’une personnalité publique qu’elle est malveillante, c’est moins répréhensible que dire cela de son voisin, inconnu de tous. On part du principe qu’une personnalité publique s’expose, et donc peut faire l’objet de véhémences de tous bords à son encontre, et, sauf cas extrême, elle ne peut attaquer une personne proférant une insulte à son égard (sauf si bien sur elle relève de caractère raciste pour ne citer que cet exemple). Ici, la plupart des noms cités sont des brasseurs publics, qui se mettent en scène sur Youtube, sur leur site, dans des journaux, donc ils sont de fait, devenus des personnalités publiques, et s’exposent à des propos de la sorte, dont ils peuvent plus difficilement se défendre aux yeux de la jurisprudence américaine. Pour faire simple : accuser un inconnu est risqué, accuser une personnalité publique l’est beaucoup moins car en choisissant une certaine “notoriété” elle s’est sciemment exposée à ce type de choses et l’on considère cela comme un “risque” du métier en quelque sorte. 

Enfin, dernier point non négligeable qui peut jouer en la faveur d’Allan, c’est la notion d’utilité publique. Les autorités sont désormais frileuses à ce sujet. Si, il fut un temps, proférer certains propos, pouvait être vite étouffé dans l’oeuf, avec l’avènement des réseaux sociaux, et la libération de la parole, il est devenu très difficile d’étouffer une affaire dès lors qu’elle est relayée des milliers de fois. Ainsi, avec les mouvements #metoo et ses équivalents de par le monde, on voit que les enjeux ne sont plus de l’ordre privé mais public, dans le but de faire changer des choses. 

Même si Allan est consciente des risques, et qu’elle a reçu, pour le moment, plus de menaces que d’actions véritables à son encontre, elle bénéficie d’un soutien sans faille de nombreuses brasseries, femmes, hommes et même avocats et avocates prêts à la défendre gratuitement en cas de procès. 

Enfin, et c’est important d’en parler, suite à cette histoire, qui est loin d’être finie, de nombreuses brasseries ont apporté un soutien public, quand d’autres, à la vue des messages, ont carrément mis à la porte les personnes incriminées en s’excusant publiquement de n’avoir pas pu ou pas su voir ce qu’il se passait. Enfin, certains agresseurs, ont carrément fait leur mea culpa auprès de leurs victimes, n’enlevant rien à la peine et au traumatisme de celle-ci, mais prouvant tout de même qu’une prise de conscience a été assurée. 

Soulignons enfin que de nombreux acteurs brassicoles et victimes présumées attendent une réaction de la part des associations de brasseurs telles que la MBAA (Master Brewers Association of America), qui n’a toujours pas réagi, et dont certains membres menacent de poser leur démission si aucun communiqué officiel n’est établi, c’est un peu comme si le SNBI ou Brasseurs de France faisaient l’autruche chez nous.

 

 

Que faut-il en penser?

Cela va sans dire, le mouvement anti sexisme dans la bière n’était qu’une cocotte minute prête à exploser, si une simple question, d’une employée de brasserie, sur Instagram, a déclenché un tsunami de messages, ce n’est pas anodin. 

Le milieu de la craft, n’est pas épargné par le sexisme ambiant. Les USA sont ici mis en lumière car le pays dispose de structures indépendantes très avancées par rapport aux nôtres, et que le milieu craft américain représente un très grand bassin d’emploi et une belle part de marché (bien que les industriels soient de loin, très majoritaires). 

Si Allan a reçu des centaines de messages, c’est parce que de nombreuses femmes attendaient que quelqu’un ose pour lancer “l’assaut”. C’est malheureusement souvent le cas, les victimes n’osent pas parler, ou très peu. La faute à des millénaires de répression envers les femmes via un patriarcat assumé dont tous les hommes, moi y compris bien sûr, en font partie bon gré mal gré. Il ne s’agit pas ici de jouer les “not all men”, ou les “not all brewers” mais de faire un constat alarmant : un très grand nombre d’hommes n’ont aucune notion de bon sens, et donc, de la valeur d’un non, ou d’un consentement. Il ne sert à rien, en tant qu’homme, de s’insurger contre cela, en disant “oui mais moi je suis pas comme cela”, on ne nous demande pas de s’insurger sur des accusations, même si l’on ne se sent pas forcément concerné si tel est le cas. On est, qu’on le veuille ou non, une partie du système patriarcal qui oppresse la femme depuis presque toujours, et on ne nous demande pas de nous excuser non plus pour cela, mais d’agir. 

En tant qu’homme, hétérosexuel (et blanc), je ne cherche pas à m’excuser en tant que tel, pour être un homme, qui a sans doute mal agit par le passé, qui a eu des modes de pensées, ou des avis erronés car le système patriarcal m’a orienté sur une voie toute tracée. J’ai sans doute, comme tout le monde, fait des erreurs, sans le savoir, sans avoir conscience que ce n’était pas quelque chose de normal ou autre. En tant qu’homme, et comme tous mes congénères, il s’agit surtout d’agir, soutenir, éduquer. Si notre génération a du mal à prendre conscience des choses, la prochaine peut déjà être beaucoup moins liée au système patriarcal par exemple. Il est nécessaire en tant qu’hommes d’arrêter de croire qu’une femme qui dit non, dit oui. Qu’une blague salace envers une femme la fera systématiquement rire. Qu’un échange de regard ou une tape sur l’épaule est un appel à l’embrasser ou engager un coït etc…. Le point d’orgue ici c’est la prise de conscience d’une part, l’écoute, le soutien et aussi et surtout, l’éducation de soi et des autres vis à vis de la femme. 

Je n’ai jamais compris à titre personnel pourquoi une femme, qui donne pourtant la vie, qui souffre plus qu’un homme en tout logique, qui écope d’une énorme charge mentale face à un compagnon souvent aux fraises, est celle qui a la vie la moins facile, qui est payée le moins alors qu’elle a le plus de frais (maquillage pour ne pas être mal vue par les standards de beauté, contraceptifs non exempts d’effets secondaires, protections hygiéniques remplies de saletés pour ne pas choquer les hommes avec du sang etc…). Je vois ça et là, dans mon entourage des inégalités de ce style, j’en ai vu, j’en ai vécu même dans ma vie familiale, et j’ai appris qu’en vérité, c’est bien plus que de l’égalité que les femmes veulent, c’est aussi de la tranquillité, et de l’équité des dires de beaucoup de mes amies proches. Et cela va de soi, il est temps que tous les salaires soient les mêmes, qu’une femme ne soit pas rabrouée parce qu’elle risque de tomber enceinte, qu’elle soit prise pour son décolleté plutôt que son cerveau etc… 

Pour revenir à la bière, les clichés ont la vie dure, on a parlé maintes fois du sexisme dans la bière, mais ce n’est pas un sujet en l’air qu’il faut balancer comme un sujet à clics, c’est un matraquage qu’il faut pour bien faire comprendre qu’il y en a assez de voir de telles choses encore augurer dans ce milieu qui a déjà, par le passé, mis la femme plus bas que terre à travers une chasse aux sorcières aux moyens les plus durs et cruels, alors qu’elle est à la base, celle qui est à l’origine de la bière et de sa création, et ce, jusqu’à pas si longtemps que cela. 

Ce qu’Allan a fait, c’est ouvrir une boite de Pandore qui va faire date, les femmes en ont assez de voir des hommes ne pas les prendre au sérieux quand elles sont zythologues ou sommelières, de se prendre des réflexions ou des attouchements dans un bar ou dans un lieu de travail, de louper des promotions parce qu’elle refusent des avances ou qu’elles ne sont pas assez jolies, ou pire parce qu’elle peuvent à tout moment tomber enceinte, d’être harcelées quand elles critiquent le caractère stupide et rabaissant d’une bière au nom vulgaire (on n’oublie pas bande d’abrutis). Ce n’est plus des réclamations qu’elles demandent, ce sont des actions. Un communiqué de presse, des excuses, un tweet, c’est bien joli, mais sans actions concrètes, actées et officielles, les choses n’avancent pas, et même si les choses avancent grâce à de grandes associations et de grandes femmes à travers l’histoire, elles n’avancent encore que trop peu et lentement, les chiffres des féminicides et des plaintes nous le prouve hélas chaque semaine.

Enfin, j’entends souvent cette excuse du : “oui mais tu as des femmes qui aiment ca, qui en joue, etc..” ou encore “oui mais les féministes aiment pas les hommes etc…”, bien sur, cela existe autant qu’il existe des hommes 100% en accord avec des féministes, ou 100% contre. Chaque camp dispose de son lot de brebis galeuses dirons-nous, de personnes qui ne comprennent pas ou peu un mouvement par ignorance, tradition, croyance, ou qui vont agir peut être avec trop d’extrémisme, créant peut être des clivages dans le dit mouvement ou ne lui rendant pas forcément service, mais cela reste rare il ne faut pas non plus l’oublier. Si de tels mouvements existent à ce jour, c’est bel et bien parce qu’une énorme majeure partie de ces personnes, que ce soit des femmes victimes, ou même des hommes alliés à la cause, ont pris conscience que quelque chose ne va pas, quelque soit le domaine d’activité, et qu’il faut non seulement mettre en lumière les actes délictueux et dangereux, mais aussi et surtout agir très rapidement pour que les choses changent vite et bien. 

 

 

Et en France?

Si le mouvement en lui-même n’a pas encore touché le secteur brassicole français avec l’ampleur que l’on observe outre-Atlantique, il serait présomptueux de dire que cela n’arrivera jamais. Mon petit doigt me dit que les choses bougent aussi, et nul doute que l’ampleur du phénomène déclenché par la simple story d’Allan va délier des langues aussi dans la bière française et francophone, et ailleurs dans le monde. 

En France, le sexisme a la vie dure, et le milieu brassicole n’est pas en reste. On voit encore trop de femmes qui ne sont pas prises au sérieux en tant que brasseuses. J’ai vu des brasseuses qui se présentent auprès de distributeurs ou clients, et ceux-ci demandent à voir le patron ou le mari, alors que la propriétaire et brasseuse est la femme devant eux. Beaucoup d’hommes ont du mal à prendre au sérieux une femme qui va les conseiller sur le choix d’une bière, je l’ai vu dans des caves à bières comme Fietje, ou chez nous au Biere Academy, des hommes sont limite surpris de voir une femme connaitre la bière sur le bout des doigts. 

Pourtant, le mouvement Pink Boots France est en train de prendre de l’ampleur, de nombreux auteurs sont des femmes (donc autrices), des zythologues réputées sont aussi des femmes reconnues, et je ne vous parle pas des brasseuses, des techniciennes de productions, des houblonnières, maltières ou organisatrices d’événements, les femmes sont partout et elles sont plus que compétentes. 

J’entends encore ma compagne me racontant le jour où un homme lui a dit qu’elle ne devrait pas boire de bière car ce n’est pas un truc de femme, ce à quoi elle lui a répondu qu’elle ignorait que les hommes buvaient la bière avec leur pénis. Je vous épargne la même réflexion quand elle a passé son permis CACES pour ses fouilles archéologiques. Cet exemple, personnel, et certes amusant dans sa répartie, n’en reste pas moins triste de voir à quel point les clichés ont encore la vie dure chez nous, quel que soit le secteur d’activité (pour ma compagne c’est l’archéologie par exemple). 

Imaginez bien que les USA ont des années d’avance sur nous par rapport à la bière économiquement parlant, et pourtant ils ont toujours autant d’inégalités et d’actes odieux envers les femmes, alors avec la France qui débute à peine sa révolution brassicole, on est en passe de voir encore de nombreuses choses arriver dans un futur pas si éloigné que cela. Il suffit d’aller sur des forums de Beer Geek pour constater que peu de femmes y sont présentes ou participent, que peu font des concours de home brewing, que dès qu’elles prennent la parole on leur “”mecsplique” des choses qu’elles savent déjà etc… Le constat est édifiant. 

La France va sans nul doute elle aussi avoir sa révolution anti sexiste brassicole, des noms seront peut-être cités, des malaises auront lieu, un ménage sera sans doute fait, mais ce sera pour une cause juste, qui devrait permettre de remettre les choses à leur place. J’ai déjà eu vent d’actes peu recommandables de certaines personnes ou brasseries, toutefois, n’étant ni victime, ni une femme, ce n’est pas mon rôle de balancer cela, car d’une part, je ne suis pas légitime, et d’autre part, si un homme parle, ca n’encouragera pas la prise de parole, alors que, comme nous l’avons vu avec Brienne Allan, Rose McGowan et d’autres, quand une femme ose parler au nom de toutes, de suite les langues se délient et l’union créé automatiquement la force. 

Il est donc à prévoir des conséquences de ce tsunami chez nous aussi.

 

 

Conclusion

C’est un sujet aussi vaste que délicat en tant qu’homme à rédiger. Soutenant la cause féminine, et s’alliant en toute conscience à elle, n’en déplaise à certains de mes congénères, il aurait été dommage de ne pas vous relayer ce qu’il se passe en ce moment aux USA, car peu de sites en ont parlé de par chez nous qui plus est. 

En ce qui me concerne, je fréquente des personnes impliquées dans des mouvements féministes ET brassicoles, qui se reconnaitrons et que j’apprécie énormément (et certaines sont des amies proches). Ces personnes agissent depuis des lustres pour tenter de faire bouger les choses, et je sens enfin que les choses commencent enfin à bouger, le travail commence enfin à payer, mais à quel prix?

Mon but ici n’est bien évidemment pas de créer une tribune féministe, mais surtout de vous montrer à la fois ce qu’il se passe, pourquoi ca se passe et pourquoi c’est important, à travers tous les exemples et réflexions que je vous ai cité en espérant avoir eu le plus de prise de recul possible et le plus de bon sens dans mes propos à défaut de neutralité. Si ce n’est pas le cas alors je m’ excuse par avance, car ma démarche est bienfaisante justement, mais c’est un sujet, en tant qu’homme, qui revient à marcher sur des œufs, j’en suis conscient et je l’assume pleinement. 

Je me suis également permis cet article car je suis en train d’étudier attentivement, à travers de nombreux articles et ouvrages, l’inclusion dans le milieu brassicole US et international, à savoir les minorités, qu’elles soient de sexe ou de race, et étant en plein dedans, forcément que je ne pouvais pas ne pas vous toucher un mot sur cela. Ce futur article sera assez long, sourcé, fourni et permettra là aussi de faire un bilan neutre mais non exempt d’exemples sur la présente des minorités dans le milieu brassicole, et le traitement qu’ils subissent. On parlera de sociologie, d’histoire et bien d’autres thèmes à travers un sujet aussi passionnant qu’il est important à mettre en lumière.

En attendant que cet article paraisse, je vous invite sans plus tarder à soutenir plus que jamais les femmes, qu’elles soient dans la bière ou ailleurs, quand celles-ci se disent victimes de quoi que ce soit à leur égard. Je vous invite à suivre les associations comme Pink Boots, à consulter ces femmes quand vous avez des questions, à les écouter, à leur donner une égalité de traitement de salaires et de comportement, à leur donner votre respect et aussi et surtout à agir convenablement avec elles tout en créant un espace de travail sain et sûr où leur parole sera prise avec le sérieux qu’elle mérite. 

Apprenons en tant qu’hommes à nous éduquer, voire nous rééduquer et à comprendre, avant de prendre la mouche bêtement quand une femme parle de manière péjorative de nous. Nous avons tous, tous à y gagner en agissant ensemble, il en va surtout du bon sens, et il est sans doute grand temps d’arrêter de rabaisser les femmes quand on voit combien elles peuvent être supérieures aux hommes en bien des points. Ce n’est d’ailleurs pas une course à qui est le meilleur, ce n’est pas le sujet, c’est surtout parvenir à faire comprendre que l’homme et la femme sont complémentaires et égaux.

S’il y a quelques années, à Salem, une chasse aux sorcières a eu lieu, ce sont finalement les sorcières de Salem qui font leur chasse dorénavant, et ce ne sera pas sans conséquences, mais ca aura au moins le mérite, sans doute, de nettoyer un peu la crasse accumulée depuis des années dans un milieu profondément misogyne et sexiste.

Affaires à suivre de très très près donc…

 

NB : vous me pardonnerez si ici l’article est orienté binairement sur les hommes et les femmes, ce sont principalement les deux genres qui sont le thème de cette actualité. Tout ce qui est attrait aux autres genres, orientations sexuelles et races fera l’objet du prochain article évoqué plus haut, relatif aux minorités sous représentées dans le milieu brassicole. C’est un sujet aussi passionnant que délicat qui mérite une grande prise de recul, de nombreuses recherches et surtout beaucoup de réflexions afin d’être le plus droit et juste possible, l’exercice est risqué mais il me passionne autant qu’il me paraît important d’être traité. 

 

 

Sources :

https://www.instagram.com/ratmagnet/?hl=fr (le compte Instagram de Brienne à suivre)

https://www.goodbeerhunting.com/sightlines/2021/5/18/beer-industry-allegations-legal-vulnerability 

https://www.westword.com/restaurants/wiley-roots-brewing-sexism-craft-beer-brienne-allan-ratmagnet-11972056  

https://www.insidehook.com/daily_brief/booze/craft-beer-too-reckoning

https://www.pastemagazine.com/drink/craft-beer/craft-beer-sexism-racism-stories-instagram-boys-club/

https://www.phillyvoice.com/tired-hands-jean-broillet-allegations-instagram-beer-ardmore-brienne-allen/

Greg
Marseillais amateur de bières, je vais vous faire découvrir cette boisson à travers son histoire, des dossiers, de l'actu et enfin des tests de bières diverses et variées!

9 Replies to “La parole des femmes se fait entendre comme jamais dans le milieu brassicole

  1. Super article, merci pour le traitement de ce sujet, je rejoins en tout point ton analyse ! Il était plus que temps que ça arrive !

  2. Salut Greg, super article (en tant que femmes, certains points paraissent évidents depuis des lustres, mais c’est toujours bien de rappeler le B.A.B.A à certains qui vivraient dans une grotte en buvant avec leur pénis, haha) ! Petite nuance sur la fin : je pense que sans balancer, mais si tu as des preuves de certains abus de brasseurs, distributeurs, cavistes, gérants de bars ou autres ici en France, tu as la responsabilité de ne pas garder ça juste pour toi, ce qui les protégerait. On sait aussi que quand une femme parle, la justice ne lui rend pas souvent justice, alors on a besoin de soutien et de témoins (je ne parle pas pour moi ici, je précise…). Merci encore pour cet article, bravo d’avoir pris le temps de l’écrire pour aborder un sujet aussi crucial.

    1. Bonjour Pauline ! Merci pour ton commentaire.

      Me concernant je n’ai pas de preuves concrètes ou autres à apporter, je pense que des amies et camarades du milieu auront peut être des éléments à apporter de leur côté sans aucun doute.

      Après bien évidemment, si un comportement répréhensible était constaté je n’hésiterai pas à agir, il n’est pas nécessaire d’être une femme pour dénoncer en tant qu’homme le comportement d’un autre homme.

      C’est l’affaire de tous, créer un environnement sain pour tous les genres et toutes les communautés.

      Je ne sais pas si tu es du milieu brassicole mais si c’est le cas n’hésites pas à m’écrire si tu cherches des contacts vers qui te tourner au cas où pour témoigner, des copines sont à l’écoute de tous les témoignages.

      Merci encore

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