Dossiers Histoire

L’inondation de Bière de Londres en 1814

Et si nous parlions un peu d’histoire aujourd’hui les amis? 

Je vous emmène à Londres, au 19ème siècle et nous allons parler d’une catastrophe tristement célèbre, l’inondation de bière de Londres, rien que ça! 

 

Remise en contexte

L’industrie entame sa révolution à Londres, bien que pas encore à son apogée, la ville s’étend de plus en plus et apparaissent les cheminées et le “fog” s’intensifie dans les rues de la capitale. 

La bière n’est pas en reste, comme nous l’avions évoqué dans des articles précédents, l’industrialisation a supprimer le brassage artisanale opéré par les femmes pour laisser la place à de grosses brasseries modernes et dirigées par des hommes qui ont vu un profit non négligeable à faire, la tâche jugée ingrate faite par les femmes est devenu un travail plus noble car il pouvait enrichir.

Il y a donc tout un tas de brasseries qui ont vu le jour à cette période, dont la brasserie Horseshoe, née en 1764 et fermée en 1821. Cette brasserie c’est notre protagoniste principal, elle a ses origines d’une taverne fondée en 1623, dont la salle ressemblait à un fer à cheval (Horseshoe en Anglais). 

En 1809, la brasserie est rachetée et devient donc lieux de production de Meux’s Brewery Co Ltd, celle-ci deviendra l’une des plus grande de Londres à l’époque avec Whitbread. La brasserie c’est quelque chose de très familial pour Henry dont le père, Richard était co-propriétaire de la brasserie Griffin, dans laquelle il avait construit la plus grande cuve de Londres, capable de contenir environ 20 000 barils impériaux, soit environ 3 200 000 litres de bières.

Henry a donc voulu imiter son ancêtre en construisant une structure capable de contenir 18 000 barils impériaux, soit environ 2 900 000 litres de bières. Cette structure se compose entre autre de 80 tonnes de cerceaux de fer pour maintenir la cuve et assurer sa résistance. 

La brasserie produit plus de 100 000 barils de bières par an, uniquement de la Porter à cette époque, qui est le style le plus prisé à l’époque. Les bières sont vieillies plusieurs mois dans les cuves pour assurer une meilleure qualité du breuvage. 

A l’arrière de la brasserie, il y a un cul-de-sac qui aboutit à un bidonville appelé The Rookery, la plupart des gens travaillant dans les usines s’entassent dans des bidonvilles. 

Un tsunami de bière

Le drame aura lieu le 17 Octobre 1814, Georges Crick, l’un des commis de la brasserie Meux s’aperçoit dans l’après midi que l’un des cerceaux de fer de la cuve a glissé, à ce moment là, la cuve contient environ 580 000 litres de Porter. 

Crick en fait part à son supérieur, mais comme ce type d’incident arrivait 2 à 3 fois par an sans gravité (et que les cerceaux étaient remis en place peu de temps après), il n’y a pas eu de réel affolement au sein de la brasserie. 

Environ une heure après, Crick entends un bruit sourd, la cuve a cédé entraînant par effet domino, une autre cuve juste à côté, ainsi que plusieurs tonneaux ont eux aussi éclatés, laissant déverser 1 470 000 litres de bières.

Petit extrait de l’histoire de la bière en BD (voir sources)

La pression d’un tel volume fait littéralement volé le mur de la brasserie haut de presque 8m et entraîne une vague estimé à 4.5m de hauteur dans la rue de New Street, entraînant et détruisant tout sur son passage, dont deux maisons, tuant leurs occupants ainsi qu’une serveuse de 14 ans qui lavait des casseroles pour le pub juste derrière le mur de la brasserie qui a cédé. 

La rue n’est pas faite pour un tel débit de liquide, et beaucoup d’habitations sont vétustes, de fait, un grand nombre de personnes vivent dans les caves, où la bière se déverse. Les habitants voient leurs habitations inondées et n’ont d’autre choix que de se réfugier sur les meubles pour éviter la noyade. 

Le bilan est très lourd, 8 victimes au total (toutes des femmes), dont 2 enfants et une adolescente. La majorité des victimes se trouvaient dans les deux maisons détruites en premier par la vague. La brasserie ne dénombra aucun décès, bien que plusieurs ouvriers furent sauvés des décombres. 

Londres a subi un tsunami de Porter chaude de plus de 4 mètres de haut, du jamais vu! 

Les conséquences

Les jours qui suivirent, des rumeurs font état beaucoup de personnes qui se sont précipitées avec des récipients pour récupérer de la bière, on raconte que des centaines de personnes ont afflué, entraînant une ivresse de masse et une personne qui mourra d’une intoxication à l’alcool. Toutefois, de nombreux historiens peinent à croire cela car la plupart des habitants de St Giles Rookery, le quartier inondé, étaient des irlandais, et les journaux n’aimant pas les immigrés Irlandais, se seraient fait un plaisir de relater ce type d’incident à l’époque. De fait, la vraie version serait surtout que les habitants avaient très bien réagi, restant silencieux pour entendre les rescapés et les secourir. La plupart des rumeurs venant sans aucun doute, d’anti-Irlandais à l’époque. 

Autre conséquence relativement morbide, les gardiens faisaient payer les gens pour qu’ils puissent voir les décombres, cependant, les visiteurs, très nombreux firent des dons pour que les familles puissent faire des funérailles dignes à leurs proches tués par cette tragédie. 

Le médecin légiste qui fut en charge de l’enquête interrogea de nombreuses personnes témoins de l’accident ce jour là, dont Crick qui assura que le coup des cerceaux qui glissent était récurrent et n’avait jamais était un souci pour la brasserie. Signalons enfin que l’odeur de bière, qui n’a rien d’agréable à ce stade, a persisté durant des mois, et les cuves en bois furent remplacées par des structures en béton jugées plus fiables. 

Les jurés furent emmenés sur les lieux de l’incident en présence du médecin légiste, qui a déclaré dans son rapport que les victimes furent tuées “par hasard, accidentellement et par malheur”, en gros un cas de force majeure imprévisible. Les jurés rendirent donc leur verdict, statuant que l’incident était simplement un acte de Dieu, et donc, la brasserie n’était en rien responsable de ce drame.

La brasserie n’eut donc aucun dédommagement à fournir aux victimes, mais elle a subi 23 000£ de dégâts, et réussira à obtenir une aide de 7250£ qui la sauva de justesse de la faillite. 

La brasserie continua donc sa production, ne se limitant d’ailleurs plus aux Porter mais à d’autre styles de bières par la suite. En 1921, la structure ferme ses portes et l’activité est transférée directement au sein de la brasserie Nine Elms. L’année suivante, la brasserie Horseshoe est démolie et remplacée par ce qui est aujourd’hui le Dominion Theatre.

En 1961, Meux’s Brewery est placé en liquidation malgré une fusion en 1956 avec Friary, Holroyd & Healy’s Breweries Ltd devant Friary Meux Ltd. 

C’est ainsi que se termine l’aventure de la brasserie de la famille Meux, qui a connu une notoriété dont ils se seraient sans aucun doute passé allègrement je pense. Mais figurez-vous que cet événement n’est pas le plus meurtrier du genre, non, à Boston en 1919, la distillerie Purity Distilling Company voit une de ses cuves de mélasse contenant pas moins de 8 700 000 litres de liquide s’écrouler, créant une vague similaire à celle de Londres et tuant au passage 21 personnes et en blessant environ 150. La vague parvint tout de même à démolir une partie de la gare et dérailler un train stationné non loin de celle-ci. On n’a jamais vraiment pu conclure les causes exactes de l’incident (négligences de sécurité, défaut de construction etc…) mais la distillerie, contrairement à Meux, dû mettre la main à la poche pour payer les dommages.

Dorénavant, quand vous serez devant des cuves, méfiez-vous! 

Sources :

 

Une histoire de la bière en bande dessinée – Jonathan Hennessey (Auteur), Mike Smith (Auteur), Aaron Mcconnel (Dessins), Basile Beguerie (Traduction)

 

Amber, Gold and Black: The History of Britain’s Great Beers – Martyn Cornell

 

https://en.wikipedia.org/wiki/London_Beer_Flood 

 

http://breweryhistory.com/wiki/index.php?title=Meux%27s_Brewery_Co._Ltd

 

https://www.cbc.ca/radio/asithappens/friday-zak-ebrahim-stolen-cabin-sphinx-unearthed-and-more-1.2902846/a-real-beer-tsunami-remembering-the-big-british-beer-flood-of-october-1814-with-brewing-historian-martyn-cornell-1.2902838

 

https://www.smithsonianmag.com/smart-news/1814-beer-flood-killed-eight-people-180964256/

 

https://www.thehistorypress.co.uk/articles/the-london-beer-flood/

 

http://breweryhistory.com/wiki/index.php?title=Friary,_Holroyd_%26_Healy%27s_Breweries_Ltd

 

https://www.historic-uk.com/HistoryUK/HistoryofBritain/The-London-Beer-Flood-of-1814/

 

https://www.atlasobscura.com/places/site-london-beer-flood

 

https://www.independent.co.uk/life-style/food-and-drink/features/what-really-happened-in-the-london-beer-flood-200-years-ago-9796096.html

 

Greg
Marseillais amateur de bières, je vais vous faire découvrir cette boisson à travers son histoire, des dossiers, de l'actu et enfin des tests de bières diverses et variées!

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