On continue notre épopée Quebecoise pour aller en direction de la microbrasserie de Charlevoix pour une Porter Chicorée appelée la vache folle. J’ai découvert cette bière dans ce qu’on appelle un “dépanneur”, l’équivalent français du caviste.
La vache folle, pour les plus jeunes qui me lisent, c’est relatif à une crise sanitaire et socio-économique qui a débutée en Grande Bretagne. Pour vous la faire simple, une maladie mortelle et neuro-dégénérative touchant les bovins qui a commencé à se transmettre à l’homme. Les bovins attrapaient cette maladie en se nourrissant de farines animales créées à partir de parties non consommées des carcasses bovines et d’autres animaux. En 1996, les scientifiques se sont aperçu que cette maladie bovine pouvait se transmettre à l’être humain par le biais de consommation de viande.
Cette crise a fait un peu plus de 200 morts répertoriés en UK et en France. Cette situation aura surtout permis une prise de conscience des cruautés animales et des conditions d’élevages, bien que les choses n’aient guère changé encore maintenant. Les conséquences de cette situation ont été un fort ralentissement de la consommation de viande bovine, une mise en place de traçage précis des origines des viandes, et la cessation de l’alimentation du bétail avec des farines animales.
On retrouve encore de temps en temps des cas de vache folle chez des bovins, mais cela reste rare (tout du moins on en connait peu qui sont déclarés). Si un animal est déclaré positif à la maladie, c’est le troupeau entier qui est abattu.
La crise aura été vivement critiquée pour sa gestion et son manque cruel d’organisation entre pays de l’UE qui manquaient de cohésion et de bonne volonté. Des situations conflictuelles sont apparues, les britanniques qui avaient des viandes saines faisaient l’objet d’un embargo dans certains pays membres, ce qui est formellement interdit par l’UE qui prône la libre circulation des marchandises.
Cette situation ne vous rappelle rien?…. On a quand même quelques éléments qui font penser à la crise actuelle, bien que différente, les lourdeurs administratives et les manques de cohésion n’ont finalement pas tant changé que ça en 25 ans…
Et notre brasserie dans tout ça? Parce que faire une parenthèse historique c’est bien beau, mais on est ici pour parler boisson fermentée qui mousse et fait plaisir!
La microbrasserie de Charlevoix est née 2 ans après la crise de la vache folle, en 1998, à l’initiative de Frederick Tremblay. En 2009 la brasserie a déménagé pour des locaux plus grands et pour compléter tout cela, je vous invite à regarder cette vidéo qui présente très bien la brasserie :
Holy Cow !
Maintenant que les présentations sont faites, servons notre amie dans son verre. Une mousse épaisse et crémeuse se forme doucement dans sa belle couleur ivoire pour recouvrir une robe noire aux teintes rubis comme notre bière de ce cher Abel Turcault.
Sur le plan olfactif on retrouve le chocolat essentiellement mais la chicoré nous fait quelques appels de phares de temps en temps.
Pas folle la vache!
Une fois en bouche, cette jolie brune nous propose un début tout en rondeur et tout en chocolat. La chicoré se fait présente mais le chocolat reste le premier de cordée comme dirait l’autre. La finale est assez puissante avec quelques notes grillées en finale qui sont vite modérées par une amertume légère mais efficace.
En conclusion
Un agréable moment de dégustation, la rondeur et le chocolat rendent l’ensemble assez aromatique et la chicorée permet au final de garder une belle cohérence en bouche, empêchant le chocolat de trop faire des siennes. La finale est bonne, avec une petite amertume qui permet de rester positionné sur le principe de la bière et son amertume tant appréciée.