Il y a quelque temps, je suis partie en famille dans un pays jusqu’alors inconnu pour moi : Chypre ! Conduite à gauche, division avec la Turquie, influences grecques, romaines et british… Inutile de vous dire que ce séjour fut assez incroyable en termes d’archéologie et de loisirs, d’autant que le pays ne coûte pas encore très cher et que la location de villa est abordable à plusieurs.
Durant ces deux grosses semaines, j’ai découvert quelques bars crafts du coin et, sur une affiche, un festival qui avait lieu durant notre séjour dans une ville située à l’autre bout de l’île : le FOAM Festival. Situé dans un parc de Nicosie, le festival regroupe une douzaine de brasseries locales (la quasi-totalité de l’île, d’ailleurs) et c’est là que j’ai pu me procurer cette bière dont on va parler aujourd’hui !
Some Gypsies in Nicosie
J’ai eu l’occasion d’échanger avec l’équipe de la brasserie lors du FOAM et c’est là qu’ils ont pu me donner des infos sur leur production. Radical Way est ce qu’on appelle une brasserie nomade (ou gypsy brewery), un terme que vous connaissez bien et dont on a longuement parlé dans un article dédié.
Si l’âme, les recettes et la superbe direction artistique (inspirée du heavy metal et de la fantasy) sont 100% chypriotes, la production, elle, voyage. Pour contourner les défis logistiques d’une île (eau, exportations coûteuses) et garantir une qualité technique irréprochable, ils m’ont confié brasser leurs précieux nectars au cœur de l’Europe, notamment dans des installations de pointe en Allemagne réputées dans le monde du craft (après avoir débuté leur expansion via la Grèce, comme aujourd’hui avec une bière brassée chez Metamorphosis en Attique).
Et aujourd’hui, on reprend les dégustations avec la Cavernous Ruins, une Black IPA (7.4%) de leur série “Primordial Malediction” qui promet de nous plonger dans les ténèbres.
Une ruine caverneuse ?
L’étiquette, une véritable planche de bande dessinée sombre, met en scène une créature surgissant des ruines. Derrière, on peut lire ce texte en anglais :
“Pendant des années, j’ai cherché cet endroit. C’est ici que mon peuple a prospéré durant des siècles, vivant en harmonie isolée et forgeant une civilisation divine. Jusqu’à ce qu’une malédiction divine les frappe. Ils furent bannis de ce lieu et errèrent sans but à travers les terres, affaiblis et déformés. Je suis le dernier de ma lignée, le dernier espoir de restaurer ce qui fut autrefois. Alors que je descends dans les profondeurs de la caverne, l’aura de la malédiction plane toujours. Mais le silence est soudainement brisé. Des entrailles profondes de la Terre, j’entends des anneaux se tordre et des sifflements résonner dans l’obscurité alors que les pierres commencent à s’effriter. J’ai tiré de son sommeil éternel le gardien chargé de maintenir la malédiction en vie. Le vide qui s’abat sur moi dissimule des terreurs indicibles. Il est vivant.”
Bref, ça annonce du lourd, mais qu’en est-il vraiment du liquide ?
Un visuel aussi bien maîtrisé que le design de l’étiquette
Dès le service, la maîtrise technique se fait sentir. La robe est d’un noir absolu, véritable encre de Chine. Elle est couronnée par une jolie mousse marron, dense et crémeuse, qui accroche parfaitement aux parois du verre en formant une dentelle persistante. Une belle carbonatation vient animer ce tableau sombre. C’est visuellement impeccable.
Au nez ? Une Black IPA parfaite !
Le profil olfactif ne trompe pas sur la marchandise. On retrouve immédiatement le duo gagnant du style :
- Le côté malté avec des notes de café et de pain grillé.
- Le côté végétal apporté par un houblon vif qui vient « lifter » les arômes torréfiés.
C’est un nez expressif qui annonce clairement la couleur avant même la première gorgée !
Puissance et rondeur épique
En bouche, la Cavernous Ruins déploie une complexité bien orchestrée :
- L’Attaque : Elle se fait franche, dominée par le torréfié des malts noirs.
- Le Milieu : Le corps surprend par sa texture assez ronde, presque gourmande, qui tapisse le palais.
- La Finale : La bière bascule ensuite vers une finale portée sur l’amertume résineuse des houblons, soutenue par une légère chaleur d’alcool (les 7.4% sont là, mais bien intégrés).
La dégustation se termine sur une belle longueur en bouche qui donne tout son caractère à cette bière superbe.
En conclusion
Avec la Cavernous Ruins, Radical Way Brewing prouve que le modèle nomade a du bon. En s’appuyant sur un savoir-faire technique solide (probablement allemand désormais, selon mes infos !) pour brasser leurs recettes chypriotes, ils offrent une Black IPA sans défaut. Elle réussit l’équilibre périlleux entre la torréfaction du Stout et l’amertume de l’IPA.
Une bière racée, sombre et technique, qui montre que Chypre est définitivement une destination à surveiller sur la carte mondiale de la bière artisanale, même si l’île est minuscule !
Fiche Technique : Cavernous Ruins
- Brasserie : Radical Way Brewing (Nicosie, Chypre 🇨🇾)
- Style : Black IPA
- Série : Primordial Malediction
- Alcool (ABV) : 7.4%
- Amertume (IBU) : 59
- Contenance : 50cl
- Houblons (Hops) : Centennial, Simcoe, Amarillo. Un trio américain classique pour des notes résineuses, florales et d’agrumes.
- Malts & Céréales : Mélange de malts pour la couleur « jet-black », avec ajout d’Avoine (Oats) et d’Orge (Barley) en flocons pour la texture soyeuse.
Site officiel : https://www.radicalwaybrewing.com/beers/







