Si je vous parle d’Allemagne sur le plan brassicole vous allez forcément me parler d’Oktoberfest, de loi de pureté, de Paulaner ou encore de Bavière et autres joyeusetés de nos voisins allemands dont le rapport à la bière est largement plus culturel que chez nous en France.
Pourtant, je suis certain que bon nombre d’entre vous sont passés à côté de quelque chose de très courant et propre au design des étiquettes de bières allemandes. On reconnaît assez facilement les bières allemandes : une inspiration souvent médiévale, de jolis ornements, des polices d’écritures particulières, une forme en médaillon qui dénote des classiques étiquettes rectangulaires et souvent… un animal!
Eh bien c’est de cela que l’on va parler aujourd’hui : les traditions héraldiques animalières allemandes! Alors vous me direz, mais Greg, tu nous parles de burnout, de Netflix et là tu nous parles de bestioles sur des quilles teutonnes? Et bien oui! Déjà parce que c’est intéressant (et inédit) et ensuite parce que j’ai récemment repensé à une bière que j’aimais beaucoup à mes débuts de zythophile (oui parce que je ne suis pas zythologue), la Celebrator et son bouc en plastique attaché autour du goulot de sa bouteille.
Il faut dire que les Allemands, contrairement à la mouvance actuelle, ne respectent pas les codes marketing de la nouvelle génération brassicole. La raison est surtout que l’Allemagne a des brasseries traditionnelles, anciennes et institutionnelles et leurs emblèmes sont donc des héritages complexes qui racontent une véritable épopée historique. Nous verrons donc au cours de cet article la signification de ces animaux, leurs origines, les anecdotes les entourant ou encore leur signification géographique. Un article qui va parler histoire, bière et symbolique animale, de quoi s’amuser un peu non?

Aux origines du bestiaire brassicole
Avant d’énumérer ce fameux bestiaire brassicole, il faut remonter aux origines de celui-ci. Avant la christianisation, les tribus germaniques vivaient dans un monde imprégné de totémisme. En gros, tout comme les Amérindiens, les animaux étaient vus comme des incarnations de forces naturelles et des ancêtres spirituels des clans.
On pouvait trouver par exemple des cultes liés à la force et la protection incarnés notamment par le loup qui symbolisait la communauté soudée et la ruse, ou encore l’ours qui, lui, incarnait la force brute des guerriers “berserkers”. Citons aussi l’aigle, perçu comme un messager d’Odin ou un gardien des cieux qui deviendrait par la suite un symbole impérial.
Avec l’avènement du christianisme et la structuration de la société féodale, tous ces symboles ont subi une métamorphose sémantique drastique. Le loup a été diabolisé par l’Église, devenant un ennemi du troupeau, tandis que l’aigle s’est vu sanctifié, tout comme le lion. Toutefois, les codes païens ont subsisté dans les guildes de métiers ou encore la chevalerie. C’est pour cela que l’héraldique brassicole est un mélange entre marketing moderne et héraldique médiévale fondée sur des mythologies anciennes.

Les Guildes et les animaux
Évoqué plusieurs fois ici, l’invisibilisation des femmes dans la bière s’est faite assez rapidement et notamment avec la création de fameuses guildes, ces organisations de métiers en corporation durant le Moyen Âge qui ont ensuite perduré jusqu’à masculiniser et industrialiser le milieu brassicole jusque-là perçu comme une corvée domestique plutôt qu’un moyen de générer du profit. Si ce sujet sera approfondi avec les ouvrages du Dr Wade que je vous présenterai prochainement, ici nous allons nous focaliser sur la présence des symboliques animales au sein de ces guildes.
Il y a une exception toutefois : l’étoile des Brasseurs (Brauerstern) est le symbole central de la guilde des brasseurs, un hexagramme symbolisant l’équilibre alchimique entre le feu, l’air, l’eau et la terre, éléments nécessaires au brassage (ou pour sauver l’univers si vous avez vu le Cinquième Élément).
Évidemment, les animaux sont les plus présents, avec ce qu’on appelle “Les Tenants de l’Écu” (Schildhalter) qui sont les figures qui se tiennent de chaque côté du blason central et qui donnent l’impression de le soutenir physiquement, comme s’ils le protégeaient ou le portaient. Si l’écu central portait en général les outils du brasseur (fourquet, etc.), celui-ci était souvent soutenu par des lions ou des ours qui avaient valeur de protecteurs. Une configuration que l’on retrouve encore aujourd’hui par ailleurs. Peu à peu, ces signes de guildes sont devenus des logos de marque permettant d’asseoir le côté institutionnel des brasseries qui ont rapidement adopté ces codes visuels issus notamment de la noblesse.

Le roi de la jungle mais aussi de la bière : le Lion
Il est sans nul doute l’animal le plus présent dans l’héraldique brassicole allemande, il représente la souveraineté, l’identité bavaroise ou encore la notion de dynastie. Nombreuses sont d’ailleurs les brasseries bavaroises qui affichent fièrement le félin légendaire sur leurs labels. Pour comprendre d’où vient cet engouement pour le lion, il faut remonter à l’histoire de la maison de Wittelsbach. Le lion doré sur fond noir était originellement le symbole du Palatinat du Rhin (Pfalz), et, lorsque la dynastie des Wittelsbach, ducs de Bavière, a hérité du Palatinat en 1214, les lions ont été intégrés aux armoiries.
Au fil du temps, le lion est devenu indissociable de l’État bavarois, au point même où en 1950 le lion doré a officiellement été codifié dans les armoiries de l’État libre de Bavière. Ainsi, lorsqu’une brasserie munichoise appose un lion sur sa bouteille, elle ne veut pas symboliser uniquement la force de son produit, elle revendique une appartenance légitime et historique à une famille régnante qui a justement promulgué le fameux Reinheitsgebot!
Impossible de ne pas citer la brasserie Löwenbräu que l’on retrouve un peu partout aujourd’hui (jusqu’aux Perfectdraft!). À l’origine, le nom de la brasserie, que l’on traduit par “Brasserie du Lion”, viendrait d’une fresque du XVIIe siècle représentant le prophète Daniel dans la fosse aux lions qui se trouvait dans la brasserie elle-même (et non chez le voisin, comme le veut parfois la légende). Au fil du temps, le logo aux origines bibliques est devenu un lion héraldique stylisé tenant une chope ou s’appuyant sur elle. L’imagerie de ce fameux lion est aujourd’hui un symbole marketing indissociable et incontournable de l’Oktoberfest où la brasserie affiche fièrement chaque année son énorme lion mécanique qui rugit le nom de la brasserie. Ici, le symbole héraldique a, en quelque sorte, pris vie pour devenir une mascotte marketing sonore qui brise une sorte de pseudo 4ème mur.
Le lion, dans l’héraldique allemande, n’est pas juste un lion posé sur un dessin, il a une signification, notamment politique, qui change selon sa couleur, sa position ou encore ses accessoires. Le lion bavarois représente le Palatinat et la Bavière tandis que le Lion de Hesse (Bunter Löwe) va représenter l’Allemagne centrale, alors que le Lion de Souabe (Staufer Löwen : 3 lions noirs passants l’un sur l’autre sur fond or) représente les Ducs de Souabe par exemple.
Ainsi, selon le Lion sur votre étiquette, vous pouvez, si vous êtes fin connaisseur, reconnaître la région d’origine de votre bière!

Le Bouc (Der Bock) : accident linguistique devenu icône
A contrario du Lion ou de l’Aigle, le bouc est un phénomène assez fascinant du marketing brassicole car il est né d’un malentendu phonétique. L’origine du style Bock se situe à Einbeck, une ville de Basse-Saxe célèbre depuis le XIIIe siècle pour ses bières fortes et riches en malt capables de supporter les longs trajets. Au XVIIe siècle, les ducs de Bavière importaient en masse cette bière, mais la prononciation de la ville, couplée au fort accent bavarois, a phonétiquement transformé Einbeck en Ein Bock, ce qui se traduit par “un bouc”!
Ce qui originellement était donc une origine géographique est devenu un nom d’animal et les brasseries ont commencé à illustrer leurs labels avec des boucs, non pas cette fois-ci pour des raisons totémiques, mais pour des raisons liées à un jeu de mots purement visuel. Mais bien que partant d’un malentendu, l’animal a peu à peu intégré le folklore héraldique des brasseries allemandes. Il s’est donc vu affublé de significations symboliques secondaires pour renforcer sa pertinence brassicole. Ainsi, notre cher animal à cornes est devenu un symbole de virilité et de puissance reproductive dans les mythes germaniques (rappelant les boucs tirant le char de Thor, nommés Tanngrisnir et Tanngnjóstr que vous avez vus dans le dernier film Marvel d’ailleurs). En général, le bouc convient aux bières riches en alcool et en calories, sorte d’ancêtre du pain liquide brassé jadis par les moines.

Difficile de ne pas citer encore la brasserie Ayinger, découverte chez mon ami Patrick de la Belle Mousse à mes débuts brassicoles, et sa célèbre Ayinger Celebrator Doppelbock avec son médaillon en forme de bouc posé autour du goulot. Car ici, le bouc n’est pas qu’un label sur une étiquette, il est un objet inhérent à la bière : chaque bouteille est ornée d’un médaillon en plastique blanc représentant un bouc suspendu à un fil rouge. Ce bibelot aux apparences anodines est en fait un vrai coup de génie marketing car l’objet peut par exemple être accroché dans les sapins de Noël bavarois (ou les nôtres), mais en plus, il sert de marquage visuel et tactile auprès du public qui va rapidement se souvenir de cette bière par son objet unique qui n’est pas sans rappeler, dans un autre registre, le petit bonnet sur les bouteilles petit format de jus Innocent.
Car ici, le bouc n’est pas qu’un label sur une étiquette, il est un objet inhérent à la bière : chaque bouteille est ornée d’un médaillon en plastique blanc représentant un bouc suspendu à un fil rouge.

L’Aigle : symbole impérial et urbain
Considéré comme le maître des cieux, l’Aigle est aussi devenu un symbole de l’Empire (Reich), et son utilisation revendique donc une sorte d’autorité supérieure et indépendante. Lorsque l’on retrouve l’aigle noir sur fond or, on est sur le blason historique du Saint-Empire romain germanique, puis la confédération germanique jusqu’à l’Allemagne moderne. Beaucoup de villes ont incorporé l’aigle dans leurs logos pour signifier leur indépendance des princes locaux, ne répondant qu’à l’Empereur. On peut citer Francfort, Nuremberg ou encore Dortmund ; les brasseries de ces villes ont repris aussi l’aigle sur leurs labels.
La marque Binding-Brauerei à Francfort a par ailleurs réintroduit l’aigle héraldique de la ville dans son identité visuelle, non pas pour une illustration décorative, mais bien pour affirmer son origine francfortoise face aux nombreux concurrents de la bière.
Citons aussi Adler-Bräu, une brasserie franconienne qui utilise quant à elle l’aigle pour, je cite, “sa pureté, sa force et sa majesté”. On n’est plus dans une origine politique ou géographique mais sur une valeur orientée de manière assumée sur le marketing même du produit.

L’Ours, identité Berlinoise assumée
L’Ours est sur une niche bien spécifique, dominée par la capitale du pays qu’est Berlin et son influence suisse, mais son symbolisme, en revanche — la force brute et naturelle — résonne dans tout le pays.
Berlin porte l’ours sur ses armoiries, il en est le gardien de la capitale et la brasserie Berliner Kindl l’a bien compris en incluant l’animal dans son identité visuelle : boire une bière avec cet ours c’est la certitude de boire une bière berlinoise.
D’autres brasseries, pas forcément berlinoises, utilisent cet animal pour marquer le fait que la bière en question est relativement forte ou rustique. Par exemple, Adler-Bräu produit la Stettfelder Bärentrunk qui utilise l’ours pour affirmer le côté robuste et nutritif de cette bière.

Suite du bestiaire
Nous avons vu les principaux animaux mais il en existe d’autres. Parlons tout d’abord du Cerf, souvent lié à la forêt ou la notion de famille fondatrice. La brasserie familiale Hirsch-Brauerei Honer l’utilise comme emblème central. En héraldique, le cerf symbolise l’harmonie et la paix mais aussi la chasse, il va évoquer la nature sauvage et la pureté des eaux de sources forestières utilisées pour le brassage.

Autre animal du bestiaire, le Cygne, symbole fort en Franconie, qui est la région concentrant le plus de brasseries au monde. Ici, l’animal symbolise la clarté et la pureté, qualités essentielles pour l’eau du brassage vous l’aurez deviné. Le cygne est généralement présenté en nageant ou en s’essorant. Il donne une image élégante et sereine a contrario de l’imagerie quelque peu guerrière de l’ours ou des lions.
Le Bœuf, ou le taureau, est l’archétype d’une brasserie auberge rurale. L’animal est choisi pour sa représentation agricole, la richesse de la terre et des céréales par exemple. Ici la bière se veut être une bière dite de nutrition, robuste, là pour revigorer après le labeur en gros.

Le bestiaire mythique
Outre ces animaux que l’on retrouve dans la nature, il reste encore quelques bestioles qui ne font pas partie de la zoologie réelle, des créatures fantastiques, souvent issues de légendes médiévales ou d’interprétations chrétiennes.
On peut retrouver le Griffon, chimère possédant un corps de lion et la tête d’un aigle ainsi que ses ailes, qui combine ainsi royauté terrestre et céleste. Les brasseries utilisant cet animal vont avoir tendance à souligner dans la symbolique le fait que le griffon garde de manière symbolique la recette séculaire et la qualité artisanale de la bière.
Le Dragon, souvent associé à Saint Georges, est lui aussi présent dans certaines illustrations brassicoles, souvent en régions rhénanes où les brasseries utilisent l’animal comme une affirmation géographique.
Enfin, la Licorne, animal mythique symbolisant la pureté a ici une pertinence liée à la pureté de l’eau. Cependant, beaucoup de brasseries utilisent désormais surtout l’animal pour des références pop-culture liées à des bières fruitées.
Dans la syntaxe visuelle des brasseries allemandes, les animaux ne sont pas de simples ornements, mais des gardiens actifs appelés « tenants » (Schildhalter). Qu’ils soient lions, ours ou griffons, ces figures encadrent et soutiennent physiquement l’écu central, conférant à la marque une posture de solennité et de protection. L’alliance la plus emblématique reste celle du lion bavarois « tenant » l’étoile des brasseurs : une composition qui fusionne le pouvoir politique du souverain et l’alchimie technique de l’artisan, signalant au consommateur que le savoir-faire ancestral est ici sous haute protection.

On peut donc voir ici que l’héraldique brassicole allemande est bien plus qu’une simple décoration d’étiquette mais un système de communication où chaque animal remplit une fonction précise et symbolise quelque chose. Ces héraldiques participent à l’image institutionnelle et traditionnelle des brasseries allemandes de ce type. Que ce soit de vraies brasseries ou des brasseries fictionnelles comme celles que l’on peut s’amuser à retrouver dans des villages de Noël type Lemax ou Luville (qui sont des marques allemandes), les héraldiques sont bel et bien représentées selon les codes en vigueur.
Pour conclure, voici un petit récapitulatif de ces symboles héraldiques (parmi les principaux) que je vous ai mis sous forme de tableau pour les plus curieux.ses d’entre vous :
| Animal | Signification Principale | Aire Géographique | Exemple Notable | Origine du Symbole |
| Lion (Löwe) | Royauté, Bavière | Bavière, Hesse | Löwenbräu | Maison de Wittelsbach |
| Bouc (Bock) | Jeu de mots, Force | Nationale (Bock) | Ayinger Celebrator | Déformation phonétique d’Einbeck |
| Aigle (Adler) | Empire, Liberté urbaine | Francfort, Villes Libres | Binding | Saint-Empire Romain |
| Ours (Bär) | Force, Berlin | Berlin, Suisse | Berliner Kindl | Armes parlantes (Bär/Berlin) |
| Cerf (Hirsch) | Nature, Noblesse | Forêt-Noire | Hirsch-Brauerei | Armes parlantes, Chasse |
| Cygne (Schwan) | Pureté, Grâce | Franconie | Schwanenbräu | Symbolisme de l’eau claire |
| Bœuf (Ochse) | Force agricole, Ruralité | Souabe, Bavière | Brauerei zum Ochsen | Labour, richesse agricole |

Sources :
- The six Munich breweries at Oktoberfest, https://www.oktoberfest.de/en/magazine/eat-and-drink/the-six-munich-breweries-at-oktoberfest
- Everything You Need to Know About Zöller & Born Beer Steins, https://www.erzgebirge.fr/blogpost-Everything-You-Need-to-Know-About-Z%C3%B6ller-%26-Born-Beer-Steins.asp?id=61
- A Crash Course in German Heraldry – Crests & Arms, https://crestsandarms.com/blogs/family-crest/a-crash-course-in-german-heraldry
- Heraldry Meanings – Hall of Names, https://www.hallofnames.org.uk/heraldry-symbols-and-what-they-mean/
- Drache (Wappentier) – Wikipedia, https://de.wikipedia.org/wiki/Drache_(Wappentier
- Historische Brauersymbole (Bierstern) – Ausschankzeichen, https://www.schlenkerla.de/biergeschichte/brauerstern/html/ausschankzeichen.html
- Brauer wappen – Etsy.de, https://www.etsy.com/de/market/brauer_wappen
- Brauerei Blauer Löwe, Höchstadt a. d. Aisch | fränkisches Bier online kaufen, https://www.landbierparadies24.de/Brauereien/Brauerei-Blauer-Loewe-Hoechstadt-a-d-Aisch/
- Bock Beer & the Mysterious Cult of the Goat – Jerry James Stone, https://jerryjamesstone.com/2015/04/bock-beer-little-known-lager/
- Bedeutung und wappengeschichtliche Herkunft – hessen.de, https://hessen.de/Wissen/Der-Hessen-Loewe/Bedeutung-und-wappengeschichtliche-Herkunft
- due to their Bavarian accent, citizens of Munich pronounced « Einbeck » as « ein Bock » (« a billy goat »), and thus the beer became known as « bock ». To this day, as a visual pun, a goat often appears on bock labels. : r/etymology – Reddit, https://www.reddit.com/r/etymology/comments/59e5lx/bock_beer_due_to_their_bavarian_accent_citizens/
- The Bavarian Lion – german beer steins, https://www.germansteins.com/the-bavarian-lion/
- https://jerryjamesstone.com/2015/04/bock-beer-little-known-lager/#:~:text=By%20the%2017th%20century%2C%20Munich,label%2C%20as%20a%20visual%20pun.
- Adler Bräu – Die Bierothek, https://bierothek.de/brauereien/adler-braeu
- Alfred Tappolet – Stadt Schaffhausen, https://www.stadt-schaffhausen.ch/_doc/4004957
- Animal emblem – Etsy Schweiz, https://www.etsy.com/ch/market/animal_emblem?page=2
- Drachenländer® – Sagenhafter Biergenuss vom Mittelrhein, https://drachenlaender.de/
- KINDL Geschichte – KINDL – Zentrum für zeitgenössische Kunst, https://www.kindl-berlin.de/kindl-geschichte
- Einhorn & Bier – Brauerei Zwönitz @ Die Bierothek – Beerizer, https://beerizer.com/shop/bierothek/einhorn-bier–84587
- Löwe (Wappentier) – Wikipedia, https://de.wikipedia.org/wiki/L%C3%B6we_(Wappentier
- Unsere Markenvielfalt – Radeberger Gruppe, https://www.radeberger-gruppe.de/was-wir-bieten/marken/
- Brauerei Blauer Löwe, https://www.brauerei-blauer-loewe.de/
- Die Bedeutung Tierischer Symbole in Germanischen Legenden: Eine Vertiefung, https://joachim-du-bellay.anjou.e-lyco.fr/non-categorise/die-bedeutung-tierischer-symbole-in-germanischen-legenden-eine-vertiefung/
- Beer School: Bock to the Basics with the Maibock – Athentic Brewing Company, https://athenticbrewing.com/2024/04/beer-school-bock-to-the-basics-with-the-maibock/
- Löwenbräu München – Die Bierothek, https://bierothek.de/brauereien/loewenbraeu-muenchen
- Übersicht unserer Zunftzeichen in alfabetischer Reihenfolge, https://www.zunftzeichen.com/generic.html
- Historie | Binding Bier, https://www.binding.de/brauerei/historie/
- Ahörnla Brau GmbH | Deine Brauerei im Bamberger Sand, https://ahoernlabraeu.de/






