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C’est une bonne situation ça, influenceur?

Cet article me trotte dans la tête depuis un moment maintenant, et c’est une discussion avec mon père, me demandant si j’étais influenceur que j’ai eu envie d’écrire. 

Sa question c’était “mais tu es un influenceur toi?”, à cela j’ai répondu un timide “oui en quelque sorte” car je n’aime pas forcément l’expression, ni être rattaché à des personnes très discutables comme certaines personnes de la télé-réalité par exemple (et je suis bien bien loin de leur audience hein). Après, j’aurais beau me voiler la face, je fais partie de ces influenceurs bières (on me l’a souvent dit), mais mon but n’a jamais été d’en être un véritablement, je voulais partager selon mes convictions, pas influencer des gens ou jouer sur le narcissisme, et encore moins demander des choses gratuites.

 

Petite mise en contexte

Quand je dis que j’ai du mal avec cette définition, me concernant, c’est parce que j’ai ce syndrome de l’imposteur, d’une part, et d’autre part, parce que je ne me sens pas comme une personne ayant une quelconque influence dans le milieu, malgré qu’on me le dise souvent. 

J’ai démarré ce site parce que je n’aimais pas Untappd, je voulais parler avec mes mots de mes dégustations, puis, à force de passion, j’ai pu parler d’autres sujets et vulgariser la bière pour aujourd’hui, dériver parfois sur des billets d’humeurs et des actualités importantes comme Mikkeller ou les libérations de la parole des femmes par exemple

Du coup, au début je faisais cela tranquillement, sachant que la bière reste un marché de niche, nous n’étions pas beaucoup à l’époque, quelques blogs par-ci, par là, et encore beaucoup ont duré peu de temps. Puis, à force de visites sur le site et d’articles, j’ai pu me faire connaître. Localement au départ, car je suis arrivé en même temps que les brasseries Sulauze et la Plaine, et aussi Vanessa, de Fietje. Et ensuite, nationalement quand quelques brasseries qui me suivaient m’ont transmis des mails, ou des bouteilles après que j’ai pu tester leurs bières sur le site. 

Depuis, je ne croule pas sous les bières, fort heureusement pour mon foie, mais je reçois des trucs c’est vrai, et c’est agréable car j’aime ensuite en parler, comme un donnant / donnant informel car souvent on me propose des bières sans me demander un truc en échange. Mais les gens se doutent bien que j’en parlerais à minima sur un réseau social, et au max sur un article ou deux, et une émission de Podcast quand cela est possible si la bière colle à notre concept. 

Pourtant, niveau influence, je suis quand même assez petit joueur, j’écris, et j’ai un podcast depuis peu, je n’ai pas la même notoriété, ni le même nombre d’abonnés que certains copains arrivés bien après moi dans le blogging par exemple (des styles plus accrocheurs, une communauté plus riche comme celle de Paris par exemple, il y a de multiples raisons). Mais je m’en fiche, je ne fais pas la course à cela, ça dénaturerait mes actions, et pire, ça nuirait à l’essence même de ce que je fais : la passion! La course aux likes devient un enjeu qui fait perdre la passion je trouve, si on fait les choses pour les autres et plus pour soi d’abord, on risque de ne plus prendre de plaisir.  

Alors dans la bière (et en général), on trouve des tas d’influenceurs désormais, et vous allez voir, il y en a un sacré paquet, et il y a du bon comme du mauvais là dedans. 

 

 

Le format vidéo

On a plusieurs types d’influenceurs dans la bière, quel que soit le média privilégié par ceux-ci. Certes, on a bien moins de Youtubeurs que dans les jeux vidéos par exemple, mais on en a un peu, mais en France c’est encore timide. 

Quitte à parler de Youtube, on a le plus connu de tous : Jivay d’ Une bière et Jivay. Il a su jouer de plusieurs codes assez intelligemment et ainsi créer une identité visuelle propre faisant de lui sa propre mascotte en quelque sorte. Le décor est toujours le même, le format de vidéo est court en général (sauf les émissions plus spéciales), les habits sont les mêmes, la coupe de cheveux aussi, bref, on est sur un personnage qui reste figé et qu’on parvient à intégrer dans ses visionnages sans accrocs. 

Bien sur, il n’est pas le seul, au Québec on a quelques Youtubeurs francophones, quelques autres dans les autres pays, mais en France cela reste l’un des rares avec Gandalf the beer geek ou les Twitcheurs aussi présents sur la plateforme, .

 

Louis de la caisse à outils qui fait des Twitch visionnables en replay sur Youtube

 

Le succès de Jivay est tel, que Jivay a pu nous sortir un bouquin, des bières et des bières box, mais aussi, et surtout, il a pu se professionnaliser et faire des contenus rémunérés par des brasseries afin de promouvoir leurs marques. 

Si Jivay est une sorte de précurseur, fort est à parier qu’on verra d’autres cas de futurs influenceurs, mais il ne faut pas oublier la qualité première qui fait le succès de ce genre de personnages : un travail bien fait, du bon matériel, et un certain charisme. Vous allez dire que je fais l’éloge de Jivay mais je ne fais que constater une vérité : son succès n’est pas démérité et il est totalement compréhensible. On peut ne pas aimer toutes ses vidéos, sa régularité aussi bien dans la diffusion que la production du contenu est bien dosée et permet de tenir sa communauté en haleine régulièrement et la faire grandir. 

Un autre format vidéo qui commence à bien prendre, c’est le format Live Twitch, on retrouve notamment des gens comme Louis de la Caisse à outils, ou encore Crazy Panda Brew, qui à chaque émission proposent des contenus assez amusants avec de nombreux invités. (Et dont j’ai eu été un des invités et j’ai passé un super moment avec eux). 

 

 

Si vous voulez influencer au mieux sur des contenus audio et vidéo il vous faut une régularité afin que votre audience ne vous oublie pas. Si vous publiez de façon régulière, les gens vont rester à scruter vos actions, si vous publiez irrégulièrement, ils lâcheront l’affaire et vous reverrons bien plus tard voire jamais. 

On peut parler de cela aussi pour un format plus prisé dans le milieu brassicole : le Podcast! 

 

Le format audio, ou comment réussir avec moins de moyens

La vidéo c’est sympa mais ça prend du temps. Monter l’image, le son, les effets, et je ne parle pas du coût matériel des caméras et leurs accessoires ainsi que la bécane qui fera tourner votre montage sans ramer. Le Podcast, c’est plus pratique, pas besoin d’un PC surpuissant, un petit logiciel suffit et niveau matériel, un micro pas trop cher peut largement suffire pour commencer. 

Le tout est de faire un contenu qui plait, car dans la bière, on a vite fait le tour des choses. Je suis assez bon public des podcasts bières, j’en anime un moi même avec mes amis, vous le savez. On a plusieurs sortes de format, ceux qui ont un travail très pro comme Olivier du Podcapsuleur (qui m’a formé au Podcast), des contenus tout aussi qualitatifs et similaires comme Bières et Moustache. Mais aussi des gens comme Alex de Sirotons le houblon qui font une émission avec un invité à chaque fois, ou encore des podcasteurs plus tranquilles comme les barboteurs où on parle bière durant plusieurs heures. 

Il y en a pour tous les goûts, le tout est d’avoir un concept et d’accrocher du monde. Pour notre podcast, on a associé nos deux passions, que sont la bière et les arts narratifs, et le concept fonctionne car il touche deux communautés. Certes, on a pas les scores d’un Podcapsuleur ou autres, car plus récents et sur un format hybride, mais on a pu capter une audience et comme je le disais avec le format vidéo, capter notre public grâce à une régularité de diffusion. 

Après, il faut aussi accepter la critique quand elle est constructive. Par exemple, les premiers épisodes étaient trop longs, on a donc scinder l’émission en deux parties distinctes permettant une lecture plus facile. Un format court de 10 à 40 min est un bon exemple, nous avons du mal à en faire de notre côté, compte tenu des infos que l’on fournit, mais le format court du Podcapsuleur est parfait pour écouter lors d’un déplacement en allant au travail par exemple.

Les formats longs, sont plus difficiles, au-delà de 2h on finit vite par décrocher, et reprendre un épisode sur plusieurs jours d’affilée devient vite compliqué, tout dépend encore du sujet. D’où l’idée de chapitrage qui permet de faciliter son écoute si on est sur un format long, et de plus en plus le font, et c’est une très bonne chose. 

Les podcasteurs sont donc eux aussi influenceurs, ils côtoient des acteurs brassicoles, et de fait finissent par entrer sur les listes pour recevoir des goodies, des bières, ou des invitations à des événements.

 

Le cas Instagram

Je pourrais parler de Twitter ou Facebook, mais ce sont souvent des compléments aux podcasts, chaines Youtube ou blogs, tandis que Instagram, tout en étant une extension d’un format, est aussi un format à part entière d’influenceurs divers et variés, et c’est aussi un des plus intéressants à analyser. 

Si les Podcasts, les blogs et les vidéos sont les formats les plus instructifs en général, et intéressants, le format Instagram est assez particulier car il joue sur l’image et moins sur le contenu, beaucoup moins. 

On a des influenceurs de tous bords, mais il y en a deux assez particuliers que je trouve intéressants dans le web francophone. Le premier c’est Emilie Leclerc, alias “La petite bière”, qui met en scène à chaque fois sa bière, avec elle-même, dans une tenue, un décor, un montage spécifique. Certes, je ne suis pas fan de ce genre de format en soi en règle générale (je préfère les photos de bières solo et mises en scène), mais la concernant, son travail est fourni, déjà parce que son compagnon est photographe (si je ne me trompe pas), et qu’elle même est actrice. De fait, le rendu final est travaillé, qu’on aime ou pas, on ne peut pas nier que la majeure partie des photos sont bien faites. Sous chaque photo, on retrouve un texte en anglais et en français, assez fourni décrivant la photo et la bière dessus. 

 

 

Voir cette publication sur Instagram

 

Une publication partagée par Émilie Leclerc (@la_petite_biere)

 

Alors bien entendu, on peut trouver initialement que ce genre de chose n’a de base aucun intérêt réel pour la bière, que peu de gens liront le texte, et, il est vrai, afficher une personne sur une photo, selon la mise en scène, fait qu’on regardera plus le modèle que l’objet mis en avant. Toutefois, dans le cas de La Petite Bière, elle a su à travers ses photos et son activité, devenir une figure incontournable des influenceurs bières Québécois et même francophones. 

Enfin, une autre jeune femme qui mets assez bien en avant la bière, c’est “Kikipluscraftbeer” qui à chaque photo, fait un maquillage pour aller avec la bière, et je ne parle pas de “make-up” Sephora, mais des gros trucs de maquillages qui prennent tout le visage de celle-ci.

 

 

Instagram et les « Beer Girls » (ou Beer Babes)

C’est un débat récurrent, les fameuses “Beer Girls”, est-ce que c’est quelque chose d’utile ou c’est juste un prétexte pour avoir des abonnés? C’est une question aussi délicate que compliquée à répondre, et moi même, je n’aurais pas la possibilité de fournir THE réponse, uniquement mon opinion n’engageant que moi. 

Pour moi, ces comptes ne sont pas à assimiler avec ceux cités dans le paragraphe précédent. Je parlais d’Emilie Leclerc dont je trouvais que le travail était souvent qualitatif car on a le concept de son format qui saute aux yeux très vite. Elle se met souvent en avant avec la bière, et à travers une mise en scène qu’elle a choisie. Parfois on a une tenue, parfois un décor, parfois les deux, on est purement et simplement sur du marketing visuel bien travaillé, dont le résultat est à l’appréciation de chacun mais que je trouve très propre personnellement. C’est vrai qu’on trouve plus de femmes que d’hommes qui se montrent en selfie avec une bière, mais une personne qui sourit et pose avec une bière ça n’a rien de bien méchant, c’est même sympa de voir une personne qui sourit avec une bonne bière après tout. Mais il y a selfie classique et d’autres types de selfies avec des bières. 

Les comptes dont je veux parler ici, très présents et assez fournis en nombre d’abonnés, ce sont des femmes qui posent avec une bière, mais en mettant en avant leurs atouts et laissant la bière au second plan, et ici on est sur un terme que j’ai maintes fois retrouvé (et qui est arboré par les intéressées), les “Beer Babes”. Alors, autant éteindre l’incendie rapidement, je n’ai rien contre le fait qu’une femme s’exhibe ou pas, chacun est libre de faire ce qu’il veut de son corps, ce n’est pas le débat ici. Le constat est que l’on retrouve énormément de comptes Instagram de femmes qui utilisent la bière comme prétexte pour obtenir des abonnés avec des photos aguicheuses. Et ce qui est dommage, c’est que ça n’est pas pour mettre en valeur la bière, qui est ici une excuse. On a le même type de comptes avec du vin, du vélo, des plats cuisinés etc, c’est comme cela, c’est Instagram, soit vous postez des photos de lieux, plats, ou autre, soit vous vous orientez sur un produit spécifique et vous vous montrez sur ce thème, et il faut l’avouer, c’est plus simple de gagner en vues en s’exhibant avec une bière, qu’une salade compte tenu le public présent. 

Il n’y a rien de mal en soi à faire cela, je serais bien hypocrite de juger cela alors que moi même il m’est arrivé de regarder ces comptes quand je les ai découverts à mon arrivée sur Instagram. Toutefois, on se rend vite compte qu’au-delà de l’attractivité visuelle de la photo (pour un homme hétérosexuel et binaire, qui constitue la principale cible, voyons la vérité en face), elle n’apporte absolument rien à la bière, on a même tendance à ne pas y faire attention. 

Vous n’êtes que 30% de femmes environ à visiter mon site contre 70% d’hommes environ (les stats ne comptent pas encore les autres genres pour le moment) et je rêve du jour où ces stats changeront. Ces stats reflètent bien la raison pour laquelle on se retrouve vite, en tant que femme ayant ce type de contenu, avec des milliers d’abonnés sur son compte. Mais attention, je prends le cas de ces comptes non pas parce que ce sont des femmes et que ce n’est pas bien ou autre, je prends cet exemple car on ne trouve quasiment pas l’inverse avec des hommes. Tapez “beermen” sur Instagram et vous n’aurez pas le même résultat qu’avec “Beer Girls” ou “Beer Babes”, par contre, si c’était l’inverse, ou du 50/50, ça ne changerait rien à mon avis sur la question : ca ne constitue pas un contenu intéressant, que ce soit des femmes ou des hommes, cela reste une pseudo influence usant des mauvais codes pour promouvoir soi-disant un produit qui a trop longtemps été mis à mal par l’industrie depuis des décennies. 

Ce qui m’agace ici c’est surtout que ça n’apporte aucun réel intérêt. Soyons très honnêtes messieurs qui lisez cet article, combien regardent la bière et le texte plutôt que le décolleté vertigineux de la personne sur la photo? Je pense qu’il y en a très peu au final. C’est donc cela qui fait que ce genre de comptes n’a pas un réel intérêt autre qu’attirer le regard binaire d’un mec, la bière ne servant ici que de prétexte à un hashtag pour attirer les abonnés, car, il faut le dire, nous, les hommes, sommes des êtres assez débiles. Et ce genre de comptes, soyons francs, cela reste assez beauf au final, et ça dessert le produit en lui-même. Alors oui, je passe pour un vieux con ou un rabat-joie pour certains, mais une fois le recul fait, ce genre de comptes ne sert à rien, et il mets en arrière plan d’autres comptes beaucoup plus intéressants, d’autres personnes, qui créent un travail recherché qu’elles se mettent en scène ou pas avec la bière. 

Par contre, si je ne trouve pas ce format intéressant pour la bière, ça n’est pas pour autant que je vais vouloir émettre un quelconque jugement sur celles qui font cela, je critique le concept vis à vis du produit, nullement la personne qui se mets en avant, elle en a le droit, et elle a raison si c’est son loisir. De plus, mon avis serait exactement le même si on avait le phénomène inverse avec des mecs montrant leurs abdos et leurs torses avec de la bière (les calendriers de Clara Morgane ou de Rugbymen n’a aucun intérêt à mes yeux par exemple). Ensuite, ces gens-là ne font de mal à personne, et au fond, ils ont raison de jouer avec ce genre de choses pour attirer les vues, parce que ça fonctionne! Pourquoi cesser quelque chose qui fonctionne et vous donne une certaine notoriété? Beaucoup de gens sur Instagram sont finalement à la recherche du petit moment de gloire, d’une reconnaissance ou autre, on a tous ce besoin primaire depuis l’arrivée des réseaux sociaux, d’alimenter à petite ou forte dose son égo. 

On aura beau critiquer ce que l’on veut, les personnes officiant sur ces comptes restent des personnes libres qui font ce qu’elles veulent et on a pas à les juger sur cela et leur manquer de respect. Toutefois, on est en droit de dire que vis à vis du produit qu’on défend, ce n’est pas une référence en la matière. Et puis je vous le demande, pensez-vous que les abonnés à ces comptes sont uniquement des amateurs de bières crafts?… Je ne pense pas, très franchement. 

 

Source : Pixabay

 

Quid des autres influenceurs Instagram?

Fort heureusement, le réseau ne dispose pas que de jeunes femmes dénudées pour parler bières. On a aussi des comptes qui mettent en scène le produit avec brio et sans être humain dessus. Souvent, les brasseries elles-mêmes réalisent des montages photos dignes des meilleures agences de pub pour promouvoir leurs bières. Une bière au café entourée de grains de café sur un fond couleur terre, une canette noyée dans les fruits avec lesquels elle est brassée, on retrouve de plus en plus de magnifiques photos qui font pâlir mes pauvres posts dépassant rarement les 30 likes. Il faut dire que là aussi, la mise en scène est travaillée, on sent, tout comme avec La petite bière (et les comptes similaires au sien), qu’il y a avant tout un travail de fond sur la photo. L’avantage aux comptes comme celui de La petite bière, que je dissocie des comptes évoqués plus haut je le re-précise, c’est que seule la bière est présente, et de fait, on ne voit QUE le produit en question. 

Il existe des comptes, en dehors des brasseries ne faisant uniquement que cela, et avec brio, je dois le reconnaître. Dans un autre registre, mais assez similaire, on a le compte de Mikemaforcer, titrant à presque 12k d’abonnés dont la majorité des photos sont une acrobatie faite avec une seule main, et plusieurs verres (souvent des Teku), dans lesquelles on trouve la bière, et sa canette ou bouteille. Quand je vois les photos, je vous avoue parfois me demander si ce n’est pas du montage, tant il met en scène de nombreux verres et un sacré équilibre, qui force le respect (Mais tout est vrai je vous rassure). Du coup, je comprends aisément pourquoi beaucoup le suivent également, et là aussi, on est face à un influenceur dans le pure style Instagram. 

Cette plateforme est peuplée d’influenceurs bière, on en a qui se démarquent, d’autres qui tentent maladroitement d’attirer les foules (non, n’écrivez pas à toutes les brasseries pour demander des bières gratuites, ça ne se fait pas). Cela reste un média non négligeable, et quand le travail est bien fait, les abonnés grimpent! 

 

 

Vers la fin du format blog?

Alors du coup, avec autant de lignes sur Instagram et le reste, est-ce que nous, les blogueurs on serait pas un peu des gros ringards? 

J’aurais envie de vous dire non parce qu’on est dans une autre sphère au final. Déjà, le format blog c’est très différent, on est pas dans l’immédiat et le visuel. Quand Jivay vous parle de Hoegaarden, vous allez regarder sa vidéo par milliers en une semaine, quand j’ai publié mon article, bien avant, j’ai dû avoir une cinquantaine de lecture en une semaine. 

Le fait est, on écrit pas pour amuser la galerie, ou pour vous faire passer un moment pendant que vous mangez, ou cuisinez en écoutant un podcast, on est plutôt sur un format où ceux qui nous suivent, prennent le temps de lire, de communiquer avec nous, et parfois, je l’espère, s’instruire quand l’article est orienté dans ce sens. Le format blog c’est aussi quelque chose qui perdure, on est pas dans l’instantané mais le durable. Il sera impossible de retrouver la photo d’un influenceur Instagram datant d’il y a 3 ans car il a parlé d’une bière spécifique. Google n’indexe pas vraiment Instagram comme il indexe un blog ou Youtube, de fait, il vous faudra scroller longtemps pour retrouver votre photo. 

Un article qui paraît sur un blog n’est pas fait pour que des centaines de personnes se jettent dessus, sauf dans le cas d’une actualité très intense, mais en général un blog constitue une source d’information qui peut perdurer aussi longtemps que le blog sera en vie et alimenté. 

Du coup, est-ce que le format blog est en voie d’extinction? Non, on aura toujours des blogueurs, mais par contre, nous évoluons tous professionnellement dans le milieu . 

En France, l’ami Thomas de Happy Beer Time se posait la question sur Twitter, si les blogueurs français n’étaient pas en voie d’extinction vu le nombre d’auteurs qui s’arrêtent. En fait, l’arrêt de ces blogs n’est que le résultat d’une évolution empêchant la poursuite du format, soit pour des questions de temps et de rythme, soit pour des questions professionnelles. 

Le copain Yann du Sous bock est parti travailler pour un distributeur et écrit pour celui-ci, il a donc voulu arrêter son blog pour des questions professionnelles. Thomas publie moins sur Happy Beer Time car il a ouvert son bar “Drapeau rouge”, Adrien de Bière & le loup a commencé à ouvrir son site de vente “Breuvages”, Carol-Ann a laissé un temps on site pour son poste chez Nicolas, avant de repasser indépendante et reprendre un peu l’écriture en sus de ses nombreuses autres activités. 

Vous l’aurez donc compris, le blog reste un format apprécié, seulement, dans notre milieu, il nous a aussi ouvert des portes, et moi même, je me retrouve associé et co-gérant un bar, et je monte une brasserie, forcément, le temps pour publier est moindre, mais je tiens bon la barre avec aussi le podcast qui prends du temps. J’espère d’ailleurs voir d’autres blogueurs reprendre le flambeau des autres, écrire des articles intéressants, nous apprendre des choses et nous amuser, car voir des vidéos et écouter des podcasts c’est bien, mais lire un peu c’est pas mal aussi! Même si moi, j’écris peut-être un peu trop! 🙂 

 

Source : Pixabay

 

 

Y a le bon influenceur et le mauvais influenceur

Alors pour finir, ya-t-il un bon influenceur et un mauvais influenceur? Là encore, difficile à dire, mais je vous dirais que, dans le milieu brassicole en tout cas, on devient influenceur par son travail et sans le rechercher, mais ça peut prendre du temps.

Tous les gens que j’ai cité, Jivay, Gandalf the beer geek, La petite bière, Carol-Ann, Yann, Podcapsuleur, Biere et moustaches etc… tous ont d’abord créé un format, un concept, un site et ont écrit et ils ont été ensuite démarchés par des brasseries qui leur ont proposé des choses. 

Un bon influenceur, dans ce milieu, à mon sens, ne réclame pas, il récolte les fruits de son travail. Je m’agace toujours quand je vois des gens balancer des mails pour demander des bières gratuites, les brasseries ne le feront pas. Par contre, elles vont vous envoyer des bières spontanément comme c’est souvent le cas pour moi désormais, mais en échange, vous devez leur donner un retour, une photo, un article ou autre, on est sur du win/win ici. 

Si vous faites quelques photos, et que vous réclamez des trucs gratuits, vous n’aurez rien. Dans les autres domaines, les entreprises en ont assez de répondre aux mails d’influenceurs ou pseudo-influenceurs, réclamant des trucs gratuits, ou pire, des gens qui demandent des prestations en échange de visibilité pour des dessins ou autre…. La visibilité ne paye pas les factures, ne l’oubliez pas! 

Le monde est saturé de personnes se réclamant influenceurs, si vous faites un boulot correct, on viendra taper à votre porte, si personne ne vient, alors tant pis. Il faut d’ailleurs comprendre que je parle d’influenceur depuis le début, mais je n’aime pas ce mot car bon nombre de mes confrères n’ont pas démarré leur activité dans le but de vivre de cela. Ils ont fait cela pour donner un sens à une passion et contribuer à leur manière au monde brassicole. Recevoir des bières n’est qu’un petit plus agréable, mais je suis plus joyeux quand je suis abordé par un brasseur me félicitant pour un article, qu’un brasseur qui m’envoie juste des bières pour parler de lui, même si ça fait très plaisir aussi. 

On ne va pas se mentir, créer un jeu concours, être invité sur un live Twitch, recevoir des bières, c’est assez fun, mais cela reste un loisir et surtout, on se doit de garder la tête froide. Le terme influenceur ne doit pas constituer un groupe de personnes qui profitent de leurs abonnés pour faire des choses gratuites, sous prétexte que tant de personnes les suivent. Quand on entre dans cette sorte de sphère, surtout dans notre secteur, on se doit de garder une bonne dose d’humilité, d’essayer d’apporter quelque chose de réel et concret, et surtout continuer sa passion sans penser à ses statistiques d’audience comme je l’évoquais au début de l’article. 

 

Source : Pixabay

 

Mais alors, le terme influenceur est-il approprié?

Comme je le disais, je n’aime pas du tout ce terme en soi, il généralise trop à mon goût. Certes, je vous ai fait un petit topo du paysage d’influenceurs brassicoles qu’on peut retrouver en général sur différents médias et plateformes, mais à ce moment-là, on peut très vite amalgamer. 

Pour moi, l’influence vient surtout du travail fourni derrière, et c’est cela qui d’une part justifiera votre audience et votre communauté, et d’autre part le fait que vous serez sollicité. A vous ensuite de tarifer ou pas selon vos choix. La bière ce n’est pas un univers saturé comme le sont les jeux-vidéos, le maquillage, la cuisine ou autre. Cela reste malgré tout un petit monde, surtout dans le web francophone, et boire de la bière et mettre une note avec une photo, tout le monde peut le faire sur des sites créés dans ce but. En revanche, écrire un livre, monter une vidéo, créer des photos recherchées où l’on se met en scène avec une bière, créer des photos stylées avec une bière, écrire des articles, animer un Podcast, tout ceci constitue un réel travail de fond. 

Si vous faites un travail qui vous plaît, vous aurez forcément des retours. Pour ma part, j’ai mis presque dix ans pour que l’on commence à m’envoyer des choses, m’inviter à des festivals ou autre, car quand j’ai commencé, nous étions peu nombreux, peu connus et mon travail était moins qualitatif, je pense, que maintenant. La communauté a grandi, notre travail s’est bien fait indexé par les moteurs de recherches, et le secteur lui aussi a changé et est venu toquer à notre porte pour que l’on puisse faire des collaborations. 

 

Source : Pixabay

 

Conclusion

A travers cet article, très long, mais c’est en cela que je constitue mes billets d’humeur, je voulais surtout mettre un peu les choses à plat. Le secteur brassicole grandit, les communautés Beer geeks, beer snobs, brassam, ou les collectifs de brasseries sont de plus en plus nombreux. On retrouve donc de plus en plus de monde qui tente de se lancer, ce qui n’est pas du tout une mauvaise chose, plus cela se fait, plus cela veut dire que les parts de marchés du secteur augmentent face aux gros industriels. 

Néanmoins, il ne faut pas oublier que la bière artisanale ça n’est pas un produit très standard au final. Déjà c’est de l’alcool, et il faut être conscient des conséquences que cela provoque si on oublie la modération. Ensuite, c’est un secteur qui a encore besoin de redonner ses lettres de noblesse, de rattraper le temps perdu vis à vis des industriels, de se montrer plus inclusif aussi, bref, c’est un secteur qui est en perpétuelle évolution.

En vérité, si vous êtes passionné, lancez-vous, qui que vous soyez, n’ayez pas peur de vous lancer dans un podcast, une vidéo, un compte Instagram ou un blog. Simplement faire en sorte que ce que vous allez créer, puisse servir, d’une manière ou d’une autre le produit et celleux qui le brasse et ne soit pas un prétexte pour boire gratuitement ou nourrir un certain narcissisme. 

En ce qui me concerne, quand une brasserie me sponsorise pour le blog ou le podcast c’est parce que celle-ci est venue me trouver. En général, quand c’est une petite brasserie qui souhaite qu’on parle d’elle, je propose qu’elle m’envoie une ou deux bières et des infos afin de créer un ou plusieurs articles sur elle. Ceci permettant de ne pas les faire payer si elles ont un tout petit budget, moi je déguste un bon produit, elles sont référencées en dehors de leurs propres médias. Pour le Podcast, des fois je démarche les brasseries quand je vois l’un de leurs produits, mais je ne leur demande pas de me les envoyer, je propose de leur acheter, et parfois, on me demande de participer au moins aux frais d’envoi, ce que fait avec plaisir. Le reste du temps, cela reste spontané, on m’écrit et selon le produit, je réponds par l’affirmative ou pas. 

Il est inutile d’aller envoyer moultes courriers pour réclamer des bouteilles, le brasseur ne vous connaît pas, et selon ce que vous faites, il ne se risquera certainement pas à perdre du temps pour vous envoyer quoi que ce soit s’il n’a rien à y gagner derrière, c’est logique. 

Bref, si être influenceur c’est une bonne situation, je vous répondrais que moi je ne crois pas qu’il y ait de bonne ou de mauvaise situation. Moi, si je devais résumer ma vie aujourd’hui avec vous, je dirais que c’est d’abord des rencontres. Des gens qui m’ont tendu la main, peut-être à un moment où je ne pouvais pas, où j’étais seul chez moi. Et c’est assez curieux de se dire que les hasards, les rencontres forgent une destinée… Parce que quand on a le goût de la chose, quand on a le goût de la chose bien faite, le beau geste, parfois on ne trouve pas l’interlocuteur en face je dirais, le miroir qui vous aide à avancer. Alors ça n’est pas mon cas, comme je disais là, puisque moi au contraire, j’ai pu : et je dis merci à la vie, je lui dis merci, je chante la vie, je danse la vie… je ne suis qu’amour ! Et finalement, quand beaucoup de gens aujourd’hui me disent « Mais comment fais-tu pour avoir cette humanité ? », et bien je leur réponds très simplement, je leur dis que c’est ce goût de l’amour ce goût donc qui m’a poussé aujourd’hui à entreprendre une construction mécanique, mais demain qui sait ? Peut-être simplement à me mettre au service de la communauté, à faire le don, le don de soi…

Greg
Marseillais amateur de bières, je vais vous faire découvrir cette boisson à travers son histoire, des dossiers, de l'actu et enfin des tests de bières diverses et variées!

2 Replies to “C’est une bonne situation ça, influenceur?

  1. Hello

    Je viens de découvrir ton site via cet article.

    Je me permets de rebondir sur le support blog. Qui n’a rien de ringard du tout

    Cela fait 10 ans que je suis dans le milieu du bloging et je ne changerais pour rien au monde.

    De plus, le blog appartient au blogueur, à la différence d’un compte instagram ou Facebook.

    A bientôt !

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