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Coca Pola contre Coca Cola

Je pense que tout le monde connaît l’emblématique marque Coca Cola n’est-ce pas? Et bien figurez-vous que la marque de softs (trop) sucrés vient de se lancer dans une bataille juridique contre une bière, et l’affaire a fait grand bruit, jusque dans nos contrées. 

Une grande marque face à des petits producteurs c’est monnaie courante, surtout depuis que les industriels perdent des parts de marché dans tous les sens, bien qu’ils soient toujours largement majoritaires, nos amis industriels adorent défendre le moindre bout de gras, et cela, même si l’éthique est mise de côté. 

 

Quand les industriels font du zèle

Des industriels qui font des excès de zèle avec leurs armées d’avocats c’est du réchauffé. Souvenez-vous de Brewdog qui a déposé le mot punk et a intenté un procès contre un bar londonien qui a “osé” s’appeler Draft Punk. On aurait plutôt vu Daft Punk attaquer le bar que Brewdog compte tenu de leur soi-disant bienveillance justement. On peut aussi parler de Heineken et la Girelle, Budweiser contre Budvar (depuis des dizaines et des dizaines d’années) et j’en passe… 

Je ne citerais pas la récente affaire Leffe car ici on est un peu sur du borderline, à la limite du plagiat pour faire du buzz selon moi, donc là, l’action est justifiée à mon sens. Mais on voit que la lutte des noms de marques et des protections fait rage, surtout quand on entrevoit une lucarne d’attaque, même si des fois les plus gros cherchent la petite bête et se font vite débouter par la justice, qui estime que le prétexte est parfois un peu gros. 

Ici on est sur une affaire similaire mais qui a son lot de réflexion, Coca Cola contre Coca Pola, et ça se passe en Colombie. 

 

Quand Coca s’attaque à la bière

On le sait, quand une marque a un logo ou un nom qui se rapproche trop d’une autre, on doit s’attendre à une réaction de celui qui estime être copié et pour cause, personne n’aimerait voir sa notoriété utilisée pour générer du profit avec un plagiat. Je citais le cas de Leffe contre Leff où ici on est clairement, selon moi, sur une action calculée de la part de la petite brasserie compte tenu de la com’ générée. On voit bien au final que là, l’intention de jouer sur le nom est claire, et l’explication donnée trop légère pour que la justice aille dans le sens du petit producteur. Si Leffe fait cela, alors qu’il pourrait abandonner vu le volume du concurrent, c’est aussi pour dissuader tous ceux qui voudraient aller dans la même direction. 

Dans le sujet de notre article, on a la petite flamme de l’éthique qui prend le dessus car Coca Cola n’attaque pas un concurrent mais un producteur de bière.

Il faut remonter en 2017, année où un accord de paix a été mis en place avec les Farc, permettant aux populations de circuler plus librement et retrouver un semblant de vie. Bien entendu, la paix tient sur le fil et peu considèrent là bas qu’ils vivent dans un climat apaisé, mais ils ont un peu plus de liberté. 

Une entreprise indigène communautaire colombienne a décidé de profiter du calme retrouvé pour se lancer dans la production de bière, l’entreprise s’appelle Coca Nasa et elle est spécialisée dans tout ce qui est produit à base de feuilles de coca. Là vous me direz, ils ont Nasa dans leur nom, on pourrait les attaquer sur ca aussi mais visiblement ils ont d’autres chats à fouetter chez les scruteurs d’étoiles. Leur bière qui s’appelle Coca Pola a une réelle signification car le terme Pola signifie Bière, et c’est une bière qui est brassée avec des feuilles de coca. La petite entreprise emploie tout de même 20 personnes et produit près de 7000 bouteilles par mois depuis plus de 4 ans. 

Avec un tel nom, la firme américaine n’a pas perdu de temps pour les attaquer et leur demander d’utiliser immédiatement un autre nom. Mais c’est mal connaître la communauté locale qui n’a certainement pas peur de quelques avocats, ces gens là vivent depuis toujours avec des Farcs et la guérilla autour d’eux, autant dire que ce genre de courrier est le cadet de leurs soucis. 

 

 

Un soutien international

Quand l’affaire est passée dans la presse, très vite la communauté brassicole a voulu défendre ses confrères et les soutiens ne se sont pas fait attendre. Il faut dire que s’attaquer à une petite communauté qui essaie depuis peu de vivre de nouveau de la coca après des années de guerre, c’est un peu fort de café pour le grand public. On est pas près, après tout, de voir débarquer du Coca Pola dans tous les supermarchés ou cavistes du monde, on est sur un petit produit local qui, traduit, signifie simplement “bière à la coca”, et on ne risque pas de voir un gars du fin fond de Laval se faire avoir et acheter une Coca Pola au lieu d’un Coca Cola…

Là encore l’agacement de la communauté s’est fait sentir, les industriels qui essaient d’intimider pour un oui ou pour un non ça devient usant. Souvent la raison est capillotractée et attire les foudres du grand public, qui, avec ces dernières années, cherche justement de plus en plus à aller vers de plus petites structures quitte à payer un peu plus cher. 

Les industriels perdent du terrain, dans tous les secteurs, les gens veulent de la qualité, tout portefeuille confondu, et ce genre d’action n’arrange pas les choses, le public est de moins en moins dupe et s’indigne de plus en plus vite. 

Après, oui, le nom est vraiment similaire, mais est-ce que c’est vraiment voulu au final? S’ils avaient sciemment repris Coca Cola en justifiant que la coca est un mot de chez eux et que le cola est pour désigner le soft, l’action en justice aurait été justifiée, mais là le produit est différent et de loin, donc attaquer est quelque part futile, contrairement à Leff contre Leffe ou la typographie était calquée sur l’autre, et le produit identique.

Il sera, je pense, difficile de faire plier l’entreprise colombienne, mais on peut juger aussi ici, le côté éthique de Coca Cola qui envoie ses sbires avant même d’entamer la moindre discussion, c’est sans doute ce que les gens perçoivent très mal, la froideur de l’action justement. Un grand groupe c’est une structure froide et tentaculaire, un petit producteur c’est un humain, souvent seul aux commandes, les gens vont forcément s’identifier au petit qu’au gros ce qui est logique, on apprécie un film en s’identifiant aux personnages par exemple. 

Ici la firme rouge a carrément envoyé un ultimatum, il n’en fallait pas plus pour que les amérindiens outrés décident de boycotter la marque. Le terme Coca est bien antérieur à la création de la marque américaine, c’est une plante ancestrale utilisée dans de nombreux rituels par exemple, et il y a déjà eu des antécédents judiciaires sur le nom Coca où les attaquants avaient perdu face aux autochtones, de quoi encourager d’autant plus la communauté Nasa qui n’a pas dit son dernier mot et ne se laissera pas intimider.

Affaire à suivre…

 

Sources :

https://www.liberation.fr/international/amerique/coca-pola-la-petite-biere-colombienne-qui-promet-de-resister-au-geant-coca-cola-20211210_IYVC2VKK3RFLXKQBNGP75DOM2I/ 

https://www.rtbf.be/article/la-biere-coca-pola-a-mis-le-feu-aux-poudres-en-colombie-les-amerindiens-veulent-boycotter-coca-cola-10937940 

https://www.challenges.fr/entreprise/grande-conso/pour-un-p-de-travers-coca-cola-crie-a-la-concurrence-deloyale_792878 

 

Greg
Marseillais amateur de bières, je vais vous faire découvrir cette boisson à travers son histoire, des dossiers, de l'actu et enfin des tests de bières diverses et variées!

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