Voilà un article qui rôde dans ma tête depuis des lustres, je dois l’avouer : celui qui parle de santé mentale et physique dans notre univers brassicole chéri. Un tel article est difficile à écrire, d’une part car le sujet reste sensible, mais aussi car il implique une transparence de ma part quant à ma propre expérience, douloureuse, de ces dernières années.
Comme nous l’avons dit dans l’article sur le fameux « plafond de verre » du secteur brassicole, l’industrie de la bière s’est vu grandir de manière asynchrone et désordonnée durant de nombreuses années. Nombreuses sont les brasseries qui sont nées sur des coups de tête, des envies de changement, etc. Si l’on prend le storytelling d’un échantillon de brasseries, on s’amusera à découvrir que la majorité des créateurs ou créatrices sont des autodidactes, parfois inexpérimentés ou tout juste formés.
Logique, me direz-vous : les formations de brasseurs étaient encore peu nombreuses en France, le métier de zythologue inexistant officiellement, et pour tout dire, l’écosystème brassicole ne se résumait qu’à quelques entités liées aux gros industriels. Forcément, quand tout le monde a décidé de se lancer dans l’aventure, il y a eu des dégâts.
Ces dégâts sont surtout liés à de l’inexpérience : tout le monde ne peut pas s’improviser patron ou manager. Souvent, le passionné est plutôt candide et va faire des erreurs. Et quand on a son « bébé » entre les mains, on peine parfois à déléguer, non pas par égocentrisme, mais par simple peur de perdre le contrôle de quelque chose qui est un enjeu crucial sur bien des plans.
Avec une telle désorganisation, beaucoup se sont cassé les dents : de gérant.e.s dépassés à des employés parfois malmenés (consciemment ou inconsciemment d’ailleurs, par leurs managers inexpérimentés), on a pu voir de très nombreux témoignages attestant de ces diverses expériences.
C’est récemment un article, paru dans Mediapart et rédigé par ni plus ni moins qu’Anaïs Lecoq (dont je vous invite à découvrir le travail dans ses autres articles mais aussi dans son livre Maltriarcat), que l’envie d’aborder le sujet pour de bon m’est venue. Dans cet article, nous allons aborder de très nombreux aspects liés au bien-être dans le secteur. Cet article ne citera pas ou très peu de noms et ne sera pas non plus à charge contre qui que ce soit.
Le but ici est de faire un point factuel de tout cela, sans pour autant créer un rendu pessimiste, mais au contraire un bilan factuel qui tendra en conclusion sur l’amélioration du secteur et les choses positives que l’on peut désormais constater après plus d’une décennie (voire plus dans d’autres pays) d’extension de la bulle brassicole.
Brasserie et risques physiques : un environnement exigeant
Brasser reste un métier physique. Certes, la technologie automatise beaucoup les choses, mais la grande majorité des brasseries ne disposent pas des moyens pour s’équiper afin de soulager la pénibilité des tâches. Seules les brasseries les plus aisées, industrielles ou pas, peuvent se permettre de soulever du fût avec une machine, d’avoir un transpalette électrique, etc.
Bien souvent, le brassage implique de soulever des sacs de malts de 25 kg, de manipuler des produits chimiques, d’être exposé à la chaleur, de soulever des fûts pleins de plus de 30 kg, sans compter les diverses contorsions selon la configuration de la salle de brassage pour procéder à certaines tâches. L’ergonomie n’est pas toujours bien respectée, et pour cause : beaucoup de brasseries utilisent du matériel d’occasion, implantent leur équipement en fonction du local trouvé, et bien souvent cela accentue les fameux troubles musculosquelettiques (TMS).

Le danger des TMS
Ces fameux TMS sont courants, et moi-même j’en ai encore, la faute à une ergonomie parfois inexistante, mais aussi à des notions que peu vont respecter : s’échauffer avant de commencer son travail, bien se positionner pour soulever des poids, etc. Celleux qui me suivent savent que je travaille aussi dans les containers, et certains sont par exemple aménagés comme unités d’échauffement pour les ouvriers afin de prévenir les TMS avant le début de leurs shifts.
Bien entendu, souffrir de TMS et manquer d’ergonomie n’est pas un choix, on fait avec ce qu’on a. Tout le monde aimerait commencer avec un équipement automatisé, mais il suffit de visiter certaines brasseries ou même de voir les anciens locaux de certaines pour comprendre que les employés et les gérants eux-mêmes se sont souvent cassé le dos à évoluer dans un environnement inadapté. Il est donc recommandé de penser ergonomie et sécurité avant toute chose, mais ce n’est pas toujours chose aisée dans la réalité que de s’équiper convenablement (je ne parle pas ici des vêtements ou chaussures de sécurité).
Autres risques, outre les TMS : ce sont les chutes. On le sait, une brasserie c’est souvent un sol mouillé. Entre l’eau, la bière et les produits chimiques, les sols deviennent vite des patinoires et beaucoup se sont déjà étendus de tout leur long après une glissade. Si parfois cela est sans gravité, cela peut parfois être dramatique selon la chute. Il faut dire qu’une salle de brassage, outre l’humidité du sol, c’est aussi des tuyaux qui traînent, des outils, etc. Nombre d’obstacles qui, si l’on ne fait pas attention, peuvent entraîner un accident. Beaucoup de brasseries n’ont pas de mains courantes sur leurs escaliers, pas de tapis antidérapants, ont des éclairages insuffisants, des échelles mobiles ou ne sont pas équipées de chaussures adaptées… autant de facteurs qui vont multiplier le risque de chutes.
Évidemment, cela ne veut pas dire que toutes les brasseries artisanales sont bourrées d’obstacles aussi nombreux qu’un level de Super Mario, mais au cours de mes nombreuses visites, j’ai pu constater ce genre de choses. Majoritairement, c’étaient des brasseries où les seuls employés étaient les associés eux-mêmes. Autrement dit : pas de salarié, donc pas d’exigences particulières car pas les moyens de se payer soi-même. On fait au mieux, on fait attention et on espère pouvoir améliorer les choses au fur et à mesure.
Car il existe bel et bien des normes, surtout quand on a des employés, et cela implique un coût et du temps pour bien tout mettre en place. Une brasserie doit avoir un revêtement au sol adapté, les gens qui travaillent doivent avoir des chaussures antidérapantes, les eaux doivent s’évacuer correctement, les zones dangereuses doivent être signalées, etc. Autant de choses qui peuvent paraître pénibles mais qui sont au final extrêmement utiles quand on fait un métier aussi physique.

Gare aux brûlures et aux espaces confinés !
Parlons enfin des risques de brûlures thermiques et chimiques, récurrentes dans le milieu. On le sait, le brassage implique des chauffes d’eau conséquentes, créant de la vapeur et chauffant les cuves et les tuyaux. Il n’est pas rare de voir des débordements ou des fuites pouvant occasionner des brûlures graves. J’ai souvenir d’un collègue qui s’était grièvement brûlé en brassant une simple stout dans sa brasserie ; et quand on brasse tout seul chez soi, c’est d’autant plus dangereux car en cas d’incident comme celui-ci, on est livré à soi-même.
Les brûlures chimiques, quant à elles, sont aussi monnaie courante. Au contact de la peau ou des yeux, ces produits peuvent entraîner de graves lésions, c’est pour cela que le port d’EPI adaptés est essentiel, sans compter les instructions et la formation des personnes qui vont manipuler ces produits. Les vapeurs, comme je le disais plus haut, sont aussi un facteur de risque, car cela n’est pas forcément de la simple vapeur d’eau, ce sont aussi des vapeurs chimiques pouvant entraîner des problèmes respiratoires ou des irritations. Pire encore, certains produits sont hautement inflammables et les risques d’incendie et d’explosion existent bel et bien.
Enfin, soulignons le risque de travailler dans des espaces confinés, notamment quand il s’agit de rentrer dans des cuves pour du nettoyage. Cela peut, si l’on n’est pas correctement équipé, entraîner des risques d’asphyxie avec les produits chimiques utilisés par exemple.
En ce qui concerne la partie restauration, le constat est similaire : les TMS vont se manifester sur les mains, les poignets avec les plateaux, le dos avec la manipulation du mobilier (pas toujours adapté, et j’en sais quelque chose), ou encore les risques avec la manipulation des fûts, leur branchement ou encore l’usage de produits nettoyants. Si les employés de taproom ou brewpubs n’ont pas d’EPI comme en production, ils doivent néanmoins bénéficier de règles et d’équipements pour éviter des coupures en cas de manipulation d’outils de cuisine ou autres chutes malvenues.
Je me souviens par exemple d’employés de bar venant bosser en tongs ou chaussures ouvertes tout en manipulant (mal) des fûts et risquant à tout moment de se blesser au pied car aucun règlement ne leur imposait des chaussures adaptées ou juste fermées. Nous le verrons à la fin de cet article, mais si le ou les gérants ont leur responsabilité, les employés aussi doivent avoir la leur pour se protéger eux-mêmes et respecter les règles quand elles sont établies.

Santé mentale : quand la pression se subit plus qu’elle ne se boit
Au-delà des dangers physiques, comme tous les milieux, le milieu brassicole expose ses travailleurs à des facteurs de stress évidents. Stress, épuisement, anxiété ou dépression sont des réalités préoccupantes dans ce secteur et bien d’autres encore.
Il faut dire que l’environnement d’une brasserie est doté d’un rythme intense. Cela implique des efforts physiques comme nous l’avons vu précédemment, mais aussi des heures de travail à rallonge, des horaires irréguliers voire coupés, des périodes de rushs intenses, du sous-effectif, voire du mauvais management purement et simplement.
Cela s’applique aussi bien à la brasserie qu’au bar/restaurant : gérer une entreprise et de l’humain, c’est quelque chose de très difficile. L’humain est complexe, non pas que ce sont les gens eux-mêmes qui le sont, mais chacun est différent et il faut faire preuve de patience, d’empathie et d’écoute, choses qui ne sont pas tout le temps parmi les qualités premières de certains managers.
On l’a vu après le COVID, le milieu CHR peine à trouver des salariés et pour cause : les gens ne veulent plus être mal payés, subir des horaires aux antipodes de toute vie sociale et en plus se voir maltraités par des patrons ou des managers parfois totalement incompétents en termes de relations humaines. Les turnovers sont nombreux, les gens qui raccrochent complètement aussi (et avec des séquelles physiques et morales souvent). Devoir travailler avec le public est un travail qui peut être aussi enrichissant qu’il peut être ingrat.
On l’a vu après le COVID, le milieu CHR peine à trouver des salariés et pour cause : les gens ne veulent plus être mal payés, subir des horaires aux antipodes de toute vie sociale et en plus se voir maltraités par des patrons ou des managers parfois totalement incompétents en termes de relations humaines.

Le Burnout, bien plus qu’un coup de mou
Le Burnout est un risque à ne pas prendre à la rigolade. En ayant subi deux gros burnouts dans ma carrière, je peux en parler en connaissance de cause. Le burnout ce n’est pas un simple coup de fatigue, une petite déprime, non, c’est un réel syndrome pas toujours évident à voir chez l’autre, ou chez soi-même.
Le burnout c’est un épuisement émotionnel et physique, une dépersonnalisation et une estime de soi au ras des pâquerettes. Une personne en burnout ne va pas forcément le voir d’elle-même, mais on peut le détecter en creusant un peu. Si la personne a une fatigue constante, des troubles du sommeil, un manque total de motivation, devient irritable facilement ou est souvent absente ou en retard, cela peut être le signe que votre collaborateur ou collaboratrice est en train de sombrer, si ce n’est pas vous-même.
Une étude menée par l’organisation Infinite Ingredient en 2022 aux USA a révélé des niveaux de burnout sévères dans l’industrie brassicole américaine, et cela dans toutes les fonctions et à des taux parfois alarmants.

Dépression, anxiété : des troubles étroitement liés au burnout
Le stress chronique et le burnout vont souvent de pair malheureusement. L’anxiété et la dépression font partie des facteurs aggravants. L’anxiété peut se manifester par exemple par une appréhension constante, des inquiétudes disproportionnées, voire des symptômes physiques. J’ai souvenir de collègues prenant d’un coup les choses trop à cœur, ou se grattant jusqu’au sang à cause du stress, sans parler de celleux développant des plaques sur la peau à la simple idée de venir travailler.
La dépression, quant à elle, se caractérise par un sentiment de tristesse permanent, une perte d’intérêt, de la fatigue constante, des troubles du sommeil ou encore des troubles de l’appétit. Les métiers de la restauration, notamment les bars pour rester sur la bière, sont des métiers qui sont très durs pour les personnes sujettes à souffrir facilement d’anxiété ou de dépression.
Une étude révèle que près de 89% des barmans/barmaids souffrent d’anxiété au travail et 68% présentent des symptômes de dépression. Une stat effarante mais hélas peu étonnante quand on sait à quel point ce corps de métier est difficile. Manque d’équilibre entre le pro et le perso, horaires décousus, risques d’addictions, négligence de sa santé physique… il est facile de flancher. Le métier de bar est souvent fantasmé mais une fois qu’on est dedans, on voit à quel point il reste difficile et peu parviennent à avoir un mental assez dur pour faire une longue carrière.

L’extrême limite : le risque suicidaire
Bien qu’il soit difficile de fournir des données spécifiques sur le secteur, le risque suicidaire est trop souvent un sujet tabou. Bien entendu, beaucoup de gens se suicident pour des raisons pas toujours inhérentes à leur travail, ou pas exclusivement inhérentes à leur travail. Mais cela ne veut pas dire que l’on doit prendre avec légèreté ce risque. Une personne dépressive peut l’être aussi bien par son travail que par sa vie personnelle, mais les deux combinés peuvent accentuer les choses et la pousser dans ses derniers retranchements.
Le lien entre la dépression, le burnout, le stress et le suicide est avéré par de très nombreuses études. Les métiers soumis à de fortes pressions ont des taux alarmants, et je ne parle pas que des bars et des brasseries mais d’autres corps de métiers comme le personnel médical, les enseignants, etc. J’ai même appris récemment qu’un des métiers les plus exposés au suicide concernait les vétérinaires, avec un taux 3 à 4 fois plus élevé que la population générale (dixit un article des Échos datant de 2022).
Au Québec, ce genre de choses est pris très au sérieux avec des actions de prévention musclées. Si l’on se refocus sur l’univers brassicole, entre les exigences physiques de la brasserie, la conjoncture difficile, les rémunérations souvent faibles, les conflits internes ou encore des horaires compliqués, il est facile de vaciller. Idem quand on travaille derrière le comptoir évidemment.
Beaucoup de structures sont toutes petites. Comme je le disais en intro, la désorganisation et le côté candide de certains se sont fait durement rattraper par la réalité, surtout avec la pandémie de COVID qui a accéléré en masse les soucis de rentabilité. Beaucoup de gérants de brasseries sont seuls face à eux-mêmes, ils travaillent seuls, ou se sentent seuls car partageant peu de choses avec leur entourage ou même leurs équipes. Cette solitude va accentuer les symptômes et peut conduire au pire. C’est pour cela aussi qu’une veille est nécessaire, et que le secteur doit parler de cela ouvertement et sans tabou.

Le cas des environnements toxiques : harcèlements, discrimination, etc.
Souvenez-vous : en 2021 aux USA, Brienne Allan, alors responsable de production chez Notch Brewing à Salem, déclenche un véritable élan solidaire de témoignages à la suite d’un appel lancé sur son compte Instagram (@ratmagnet). Celle-ci invitait les femmes de l’industrie brassicole à partager leurs expériences de sexisme. En retour, ce sont des milliers de réponses qui ont été publiées, exposant une culture généralisée de la discrimination, d’agressions, de racisme et bien entendu de harcèlement moral et sexuel. Des témoignages souvent anonymes mais aussi très détaillés qui impliquaient des brasseries de toutes tailles aux USA. Des témoignages qui se sont parfois recoupés entre eux et ont mis à mal certains managers ou brasseurs directement, sans compter la propagation du mouvement à l’étranger, jusqu’à chez nous où des brasseries ont été prises à partie. Je vous invite à lire l’article détaillé sur le mouvement que j’avais rédigé à l’époque car tout est encore malheureusement d’actualité.
Cet évènement a été un coup de massue dans une industrie qui (comme beaucoup) invisibilise les femmes, et une prise de parole conséquente couplée à un véritable élan féministe a eu raison de cela en imposant de vrais changements dans l’industrie.
La discrimination fondée sur le genre a bel et bien été un mouvement mis en lumière par les témoignages reçus. Que ce soit des employé.e.s ou même des gérantes de brasseries vis-à-vis des banques par exemple. Ce sentiment d’insécurité constant contribue à un déficit de santé mentale. Aller au travail la boule au ventre, se manger des réflexions quotidiennement, être moins payée, dévalorisée et j’en passe… c’est logique que les femmes qui subissent ces troubles mentaux quittent le milieu (même si les femmes subissent dans tous les secteurs malheureusement). L’existence d’organisations comme les Pink Boots témoigne de la persistance de ces problèmes dans l’industrie. Si depuis 2021 des progrès sont constatés, le chemin reste encore très long.

Racisme, discrimination et « bullying »
Si le mouvement #metoo dans la bière fait majoritairement référence au sexisme et autres joyeusetés telles que le harcèlement sexuel, le racisme est également soulevé. Les données révèlent que l’industrie brassicole américaine est majoritairement blanche, suggérant de possibles barrières systémiques à l’entrée pour certaines minorités ethniques. Dans un article, datant maintenant de pas mal d’années, j’avais parlé de l’affaire avec la brasserie Founders qui avait révélé déjà à l’époque les soucis discriminatoires liés à la race dans l’industrie brassicole américaine. Par les temps (dégueulasses) qui courent, il est facile de voir des personnes LGBT, racisées, se prendre des volées de remarques sur les réseaux sociaux à la moindre vision d’eux en train de manipuler un fourquet ou un verre. Pathétique.
En France, cela existe aussi, évidemment, même si nous avons aussi quelques légères différences avec les USA cela ne veut pas dire que nous n’avons pas de soucis de discriminations face aux personnes racisées désireuses de travailler dans le milieu brassicole. On peut être de n’importe quelle origine et vouloir travailler dans la bière après tout, il y a de la place pour tout le monde sans exception. D’ailleurs ici le terme que j’emploie « personne racisée » se définit par une personne susceptible d’être assignée à un groupe minoritaire et d’être victime de discriminations. Je n’apprécie pas le terme de race, nous considérant idéologiquement comme tous et toutes égaux, mais ce terme a une signification surtout sociale et absolument pas biologique dans le contexte de cet article.
Pour rester dans le thème, on a aussi les environnements toxiques liés à ce qu’on appelle le « bullying ». Un « bully », en anglais, c’est souvent cette personne qui joue les caïds et qui va s’en prendre aux plus faibles. Personnage récurrent dans la pop culture (Flash Thompson dans Spiderman, Cubiak dans Parker Lewis, etc.), ce type d’individu existe bel et bien, et si le cinéma ou la TV l’ont parfois tourné en ridicule avec un happy ending pour le héros (Ugly Betty, Spiderman, etc.), dans la réalité, le bully va parvenir à pousser à bout la ou les personnes et les faire partir en dépression voire pire.
Ce bully, ça peut être un collègue ou un manager, aucune règle n’existe sur la nature de cet individu toxique. Son attitude ne va pas forcément être physique, mais elle va se jouer parfois de manière plus « subtile », à travers une blague, un pseudo second degré, une remarque, une mise à l’écart, etc. Je l’ai subi à titre personnel lors de mon premier burnout il y a une douzaine d’années : intégré dans une équipe qui ne m’a jamais accepté malgré le fait que la direction appréciait mon travail, j’ai dû démissionner et changer de boîte. Pas de happy ending pour moi ici par exemple, les bullies avaient gagné.
Souvent, on retrouve ce phénomène de bullying dans des structures où la direction elle-même reste silencieuse, ou pire, cautionne cela. Comme je le disais plus haut, beaucoup se retrouvent managers sans aucune expérience en la matière. Manager des gens requiert des compétences professionnelles mais aussi morales, et tout le monde n’est pas disposé à être bon dans cela. J’ai connu par exemple une brasserie où le gérant était si exigeant et stressé qu’il impactait tout cela sur ses équipes au point de se montrer horrible avec eux, créant un turnover qui le stressait d’autant plus. J’ai connu une autre brasserie où le gérant harcelait sexuellement et moralement les femmes qui venaient travailler chez lui, au point où il a été dégagé par les propriétaires non sans un très long temps de réaction qui en a poussé plus d’une à bout.
Les récents déboires de Brewdog ou encore Brique House reflètent aussi des environnements toxiques qui ont dû se remettre totalement en question. Dans ces deux cas, l’un venait de l’égocentrisme exacerbé du co-fondateur, et l’autre sans aucun doute d’une culture de startup où le management était donné à des personnes incompétentes en la matière (encore une fois, gérer l’humain est une vraie compétence qui s’apprend et requiert des qualités significatives à mon sens).
Les cultures de la peur vont fortement impacter la santé mentale des équipes, aboutir à des turnovers réguliers et à force, impacter l’entreprise elle-même. Si l’on se montre odieux avec son staff, ils vont avoir peur de représailles, et vont être moins enclins à signaler des dysfonctionnements, proposer des idées, etc. Cela privera l’entreprise d’une certaine synergie et cela aura à terme des conséquences directes sur le fonctionnement de la société en question. Dans des structures très grosses, le phénomène des petits chefs peut ne pas être reconnu à temps par la direction, entraînant une réactivité trop tardive et des dégâts difficiles à réparer au sein des unités concernées par exemple.
Dans tous les cas, se comporter comme un con reste inacceptable, soyons d’accord.
Enfin, il y a la culture d’entreprise qui peut tout autant être toxique, surtout dans le secteur de l’alcool !

Double tranchant : culture de l’alcool et dépendance
J’en ai déjà parlé dans mon article intitulé « Travailler dans l’alcool », mais je remets une couche ici car l’alcool et la dépendance ont un impact majeur sur la santé physique et mentale des gens. Les récents témoignages d’employés de Ricard qui se sont retrouvés à devoir ingurgiter des litres de pastis quotidiennement pour amadouer les gérants de bars avaient choqué l’opinion, et pourtant pour nous, c’est quelque chose de courant.
J’ai souvenir de commerciaux de certains distributeurs me dire joyeusement « je suis payé à picoler », alors que ce n’est absolument pas quelque chose de bien, et sans doute pas vraiment quelque chose de vrai car je connais des commerciaux qui boivent peu et restent très pros. Je peux citer une entreprise dans laquelle j’ai bossé quelques mois comme commercial à la sortie de mes études où la culture était de rester tous les soirs jusqu’à 21h à boire du whisky… je suis parti après quelques jours seulement, le manager, toxique à souhait, a fini dans un fossé avec la hanche brisée et 2,5g d’alcool dans le sang 6 mois plus tard..
Ici, dans notre industrie, l’alcool est omniprésent : festivals, bars, évènements, dégustations, apéros, etc. Tout est sous la main pour consommer, tout est possiblement prétexte à boire et si l’on ne s’impose pas ou si l’on n’impose pas aux autres une certaine rigueur, on peut rapidement basculer dans un phénomène de dépendance. La loi Evin existe aussi pour cela. L’industrie brassicole, comme l’industrie vinicole ou des autres alcools, est vue comme un secteur festif. Les gens esquissent un sourire quand on leur dit qu’on travaille dans la bière, c’est forcément plus festif et sexy que bosser dans les assurances, et pourtant ce n’est pas aussi rose que cela. Il n’est pas rare de voir des équipes de bars ou de brasseries s’entretenir sur leur dépendance, avec tout ce que cela peut entraîner. J’ai connu des cavistes incapables de gérer leur commerce, des brasseurs bannis de festivals car ils faisaient n’importe quoi alcoolisés, des équipes de bars servant totalement défoncées leurs clients (et je ne parle pas d’autres substances…). Bref on peut tous citer des exemples je pense, et encore une fois, je ne blâme pas ces personnes car le lien qui fait qu’ils sombrent dans la dépendance est beaucoup plus profond que la simple envie de « picoler ».
Je parle d’alcool et de dépendance ici car l’alcool peut permettre à certains de tenir le coup face au stress, au burnout ou à la fatigue. L’alcool (ou les drogues) va désinhiber, il peut donner un coup de fouet, permettre temporairement de décompresser et aider virtuellement son consommateur à poursuivre sa tâche. Ici l’alcool devient un « médicament » à haut risque, et comme toute drogue (appelons un chat un chat), il va devenir de plus en plus nocif et aggraver la santé de la personne qui en est dépendante. L’alcool peut aussi masquer certains troubles mentaux, et retarder la prise en charge de ceux-ci. L’alcool devient donc une échappatoire qui, en vérité, va accentuer les problèmes de santé. On le sait tous, même si l’alcool et sa consommation sont strictement encadrés dans le code du travail, dans la réalité tous secteurs confondus, il n’est pas rare de trouver un placard contenant du coca et une bouteille de Jim Beam entamée.

Construire un environnement sain
Gérer les risques physiques
Pour aller au plus simple, il convient de se mettre aux normes les plus basiques dans un premier temps. Certes, je reconnais en toute honnêteté que quand on est seul ou entre associés, on ne va pas se mettre aux normes de suite faute de moyens par exemple, mais quand on décide d’embaucher, alors il est primordial de se mettre aux normes.
J’ai toujours un spasme nerveux quand j’entends des gens me sortir : « Ah mais s’il faut se mettre aux normes dès qu’on emploie du monde on s’en sort plus ! ». Alors je comprends la pénibilité des exigences administratives (urbanisme, ERP, PMR etc.) car cela implique beaucoup de choses et requiert un investissement, mais quand on prend sous sa responsabilité des gens, il est pour moi obligatoire de préparer les choses pour les préserver de tout au maximum.
La loi n’impose pas d’avoir un robot qui soulève les fûts, mais signaler les dangers, fournir des EPI, ça par contre c’est imposé et c’est du bon sens. Une entreprise qui ne fournit pas le basique de la sécurité n’est pas à plaindre quand un employé l’attaque.
Quand on n’a pas d’employés, cela ne veut pas dire qu’on ne doit pas faire attention. Pour ma part, ma brasserie n’a pas d’employés, mais dans les travaux que nous faisons actuellement, nous mettons en place le maximum de choses pour nous protéger et pour faciliter notre ergonomie, d’autant que cela permet aussi de mâcher le travail pour d’éventuels autres aménagements obligatoires le jour où nous aurons besoin de monde. Dans tous les cas, le Code du Travail (Art. L-4121-1) oblige tout employeur à la sécurité de son personnel. Autrement dit, si l’on embauche du monde et qu’on ne respecte pas cela, c’est déjà que la structure est défaillante. Dans l’article d’Anaïs Lecoq auquel je fais référence en début de ce très long dossier, plusieurs témoignages décrivent entre autres des personnes qui ont été victimes de brûlures chimiques après avoir réclamé, sans retour, des équipements de sécurité obligatoires.
Outre les EPI, la prévention des risques passe par un grand nombre de choses à faire :
- Ergonomie : Fournir des aides à la manutention (chariots, diables, palans, convoyeurs, robots), encourager le levage à deux, former aux gestes et postures (ex: formation PRAP en France), aménager les postes (hauteur réglable), permettre la rotation des tâches.
- Chutes : Choisir des revêtements de sol antidérapants, assurer un bon drainage, nettoyer immédiatement les déversements, maintenir les allées dégagées, sécuriser les escaliers (rampes, nez de marche), fournir des échelles et plateformes conformes et former à leur utilisation, installer des garde-corps pour le travail en hauteur.
- Brûlures : Isoler les tuyaux et surfaces chaudes, installer des protections sur les équipements, établir des procédures claires pour la manipulation des liquides chauds, fournir des EPI résistants à la chaleur.
- Produits Chimiques : Assurer une ventilation adéquate (extraction localisée), stocker et étiqueter correctement les produits, fournir un accès facile aux FDS, former à la manipulation sécuritaire, installer des détecteurs de gaz (CO2), fournir les EPI appropriés (gants, lunettes, masques respiratoires si nécessaire).
- Risques Mécaniques/Électriques : Installer des protecteurs sur les machines, mettre en place des procédures LOTO strictes pour la maintenance, assurer une maintenance préventive régulière, former et certifier les opérateurs de chariots élévateurs.
- Espaces Confinés : Mettre en œuvre une procédure de permis d’entrée, tester l’atmosphère avant et pendant l’entrée, assurer une ventilation, prévoir un surveillant et un plan de sauvetage, former spécifiquement le personnel.
Bien sûr, certaines choses ne peuvent pas toujours être possibles en l’état. Cela dépend des finances, des lieux, notamment pour les aides à la manutention, mais cela n’exclut pas une formation pour adopter les bons gestes, une obligation de s’échauffer, signaler les dangers, etc. Beaucoup d’aménagements doivent par exemple être pris en compte dès le début de la brasserie dans son business plan. On ne peut pas garder l’ergonomie d’une brasserie de garage si l’on veut évoluer et à terme embaucher du personnel, c’est encore une fois du bon sens.

Comment s’aider et/ou aider ses collègues ?
Aborder le mal-être que ce soit pour soi ou les autres est difficile. L’angle d’attaque n’est pas évident. Pour soi, parvenir à se convaincre de se soigner relève d’un très grand défi pour certains, et quand il s’agit d’un autre, parvenir à le convaincre est tout aussi difficile.
Si l’on se met ici en tant qu’employeur, il faut avant tout ne pas aller à l’affrontement mais avec une réelle empathie. Si votre collègue souffre d’une addiction à l’alcool, c’est qu’il y a forcément une raison, liée à son travail, à sa vie personnelle, ou les deux, mais quoi qu’il en soit, il est en danger. De mon avis personnel, un bon manager ou patron/patronne doit savoir regarder où il faut, savoir analyser des comportements, prendre des informations. Toujours y aller dans l’empathie permet soit de prévenir les risques, soit d’identifier les premiers symptômes d’un collaborateur souffrant. Je parle aussi bien en physique que mental évidemment, mais je reconnais que ce n’est pas toujours une évidence.
Il faut savoir disposer d’une certaine organisation, d’employés/collègues de confiance qui ne sont pas des bullies mais bel et bien des observateurs de terrains capables de détecter la moindre anomalie. C’est pour cela qu’il est nécessaire de constituer une équipe saine, de soi-même l’être, parce que l’on peut être l’employeur le plus gentil du monde, on peut toujours faire des erreurs. On peut toujours avoir un collègue mal en point pour des raisons personnelles mais dont on peut déceler des symptômes dans son travail. C’est pour cela que l’on doit apprendre à se former à cela, et il existe des gens qui le font d’ailleurs très bien. Blâmer n’est pas une solution, on peut déclencher un avertissement selon le cas mais le faire dans un but interventionniste pour ensuite aider la personne. Parfois on a besoin d’une prise de conscience pour se rendre compte que l’on va mal.
En bref, il faut créer une culture d’entreprise saine où l’on peut parler sans jugement, et les managers ont un rôle clé dans cela, mais pas tous, je le répète, sont formés, et ce dans tous les secteurs d’activités et tous les grades.
La spécificité de l’industrie brassicole réside aussi dans son opacité entre le travail et la socialisation. On est un secteur où les costumes cravates sont rares, le tutoiement se fait rapidement, la consommation d’alcool aussi. Les codes sont plutôt détendus et cela peut parfois être propice à de la consommation, car on travaille entre passionnés et l’on va facilement se voir comme un épicurien plutôt qu’un alcoolique.
Il faut dans tous les cas, en tant qu’employeur, adopter dès le départ une politique de responsabilisation et d’anti-harcèlement et s’y tenir. Les actes valent plus que les mots, toute forme de discrimination ou harcèlement doit être sanctionnée. Il faut créer un environnement sain si l’on veut que ses équipes soient d’une synergie parfaite. Les managers doivent être eux aussi formés et faire preuve de retenue, ils doivent être vus comme abordables et ne pas être craints. Toutes les mesures correctives ou disciplinaires doivent se faire rapidement et dans le respect strict de la loi. Et surtout, selon si l’on a affaire par exemple à des comportements de subordination pouvant être symptomatiques d’un souci possible de santé mentale d’un collègue, il faut le prendre au sérieux et ne pas aller dans le blâme bête et méchant mais chercher à comprendre le pourquoi du comment, cela peut clairement aider la personne en face.
Qu’on le veuille ou non, le secteur se doit d’être inclusif et sain, ce n’est pas du « wokisme » (le gros mot utilisé par beaucoup de réfractaires) mais du bon sens. Une entreprise dont le turnover est permanent, c’est mauvais signe, et devoir régulièrement former des gens devient vite redondant, surtout si c’est à cause d’une politique interne défaillante.
Aujourd’hui, il existe de nombreuses ressources pour prévenir les risques, qu’ils soient d’ordre physiques ou moraux, je vous fournirai en bas de site des liens utiles à ce propos par ailleurs. Cet article a pour but de parler sans tabou de ces risques et montrer que souvent, ils peuvent être interconnectés entre santé physique et mentale. Cela n’est pas un article à charge qui veut montrer que telle ou telle structure est mauvaise, les rares que j’ai citées ont depuis pris les devants pour corriger le tir par ailleurs. Il est important aussi de dire que même s’il reste des progrès à faire, une prise de conscience réelle a débuté et beaucoup de brasseries ou bars ont une politique interne beaucoup plus saine qu’avant. Cela implique un investissement personnel, une certaine déconstruction aussi, mais c’est du win-win absolu selon moi.
Plus l’environnement de travail est sain, plus votre structure pourra affronter les remous conjoncturels et autres épreuves que la vie d’entreprise peut nous réserver. Une équipe soudée et « corporate » (comme on dit sur Linkedin) saura faire briller votre projet au final, tout du moins elle contribuera à ce que tout soit fait pour qu’il fonctionne et cela passe par le fait d’assumer un rôle de leadership et mettre les mains dans le cambouis avec tout le monde plutôt que de jouer les « petits chefs » de pacotille.
L’article s’adresse à tout le monde évidemment, même si je mets l’accent sur les managers / patrons / futurs entrepreneurs (hommes ET femmes), il a pour but de mettre à plat certaines choses. On sait que certaines structures ne respectent pas les règles, font preuve de laxisme ou de mauvaise foi, mais heureusement, la majorité d’entre elles jouent le jeu à fond et le milieu brassicole, sans être un univers de Bisounours, dispose quand même d’un environnement relativement bienveillant en règle générale, mais il y a encore du progrès à faire (notamment en termes de sexisme).
Enfin, pour conclure, je vais apporter mon propre témoignage pour celles et ceux qui sont intéressés.

Pour conclure : témoignage de mon propre burnout
Celles et ceux qui me suivent depuis des années m’ont vu passer de simple blogueur à acteur proactif du milieu brassicole. La création de Bière Academy fut le début d’une aventure qui se poursuit aujourd’hui avec la brasserie et d’autres projets. Pourtant, à l’époque du bar tout n’a pas toujours été rose.
J’ai été associé de ce bar dès le début, mais je n’y allais pas et je ne m’y intéressais guère au début car je travaillais hors de la ville et rentrais souvent tard. Ce n’est qu’après un an, et voyant les chiffres stagner, que l’on m’a proposé, à moi et mon ami Antoine (aujourd’hui associé et que je considère presque comme un frangin), de reprendre le bar. La première année fut hyper active, on a tout repris à zéro, mais une fois qu’on a tout repris, et avec des plages horaires oscillant entre 80 et 90h semaine chacun, les résultats escomptés sont apparus.
Là est arrivé le truc le plus difficile : gérer l’humain. Pourquoi ? Parce que l’équipe initiale est celle qui fut embauchée avant notre arrivée. Des embauches faites à la va-vite, sans parler des oublis majeurs d’un point de vue administratif qu’il a fallu rectifier, mais le vrai souci ne venait pas de là. J’ai eu affaire à une année remplie de turnovers liés à des personnes souffrant d’addictions. Des personnes qui arrivaient bourrées de la veille, d’autres qui faisaient des afters sans notre autorisation dans le bar, des personnes qui avaient des comportements violents, ce fut un vrai challenge et moralement ce fut intense aussi pour nous.
Chaque fois qu’un souci se posait, c’était lié à cette addiction, et il fallait intervenir, remplacer, blâmer tout en essayant d’aider quand on le pouvait. Bref nous nous sommes rajoutés des heures et des heures en plus à devoir gérer des personnes aux comportements souvent abusifs. Finalement, certaines personnes, à force d’écoute, ont pu se ressaisir et faire partie intégrante de l’aventure. Ces personnes se reconnaîtront mais beaucoup d’entre elles ont su reprendre leur vie en main, certaines sont devenues brasseuses, ou commerciales brassicoles par exemple, et nous entretenons de très bonnes relations. D’autres encore avaient un potentiel fou et nous avons cru en elles et les avons encouragées à se soigner, et nous avons obtenu de réels résultats positifs.
Au final, en début de 3ème année, et ce jusqu’à la fin, nous avons eu un noyau dur hyper efficace, et nous étions dans une ambiance clairement géniale. Les personnes qui constituaient mon équipe sont devenues des ami.e.s et nous avons actuellement des projets ensemble. Mais une fois que le souci « humain » fut rectifié, j’ai subi un revers cuisant et c’est cette fois-ci ma santé mentale et physique qui en a pris un coup.
Après 2 ans, Antoine déménage dans une autre région (limitrophe mais à 1h de Marseille quand même) et nous entamons ensemble le projet de brasserie. Antoine s’y consacre à plein temps et moi je m’occupe du bar solo, tandis que l’équipe que j’avais, gérait d’une main de fer tout l’opérationnel sur place. Le bar tournait, les chiffres étaient bons, mais je n’avais pas toutes les clés car nous étions plusieurs associés et je n’avais pas la main sur tout.
Après un moment à réclamer, j’ai enfin eu toutes les clés pour avoir une vue à 360° de l’ensemble. Malheureusement, c’est là que je me suis aperçu, pour la faire courte, que mes méthodes de gestion étaient totalement différentes de mes autres associés. Ceux-ci ont par ailleurs déserté totalement la gestion et je me suis retrouvé aux commandes d’un outil défaillant qu’il fallait faire tourner coûte que coûte.
C’est là que j’ai sombré… Je me faisais un rythme de 8h du matin jusqu’à 2h, parfois 3h, à gérer les stocks, les commandes, les évènements, la comptabilité, la RH, etc. et cela 7/7 car le bar était ouvert tous les jours. Je peinais à déléguer car je ne voulais pas surcharger mon équipe qui en faisait déjà beaucoup (mais qui était toujours payée et avait des primes chaque mois, je voulais absolument qu’ils soient correctement payés, ils l’étaient d’ailleurs mieux que moi et ca ne me posait aucun souci).
Mes collègues ont vu que je flanchais, mais pas moi. Je refusais de déléguer car j’avais peur de les impacter. Seulement voilà, quand au bout d’un moment, vous voyez que vous êtes épuisé, que vous dormez au volant, que vous devenez irritable, vous ne riez plus, vous ne voyez plus vos proches… et surtout votre compagne elle aussi vous dit que quelque chose ne va pas, au bout d’un moment vous essayez d’arranger les choses.
Le souci est que la pression ne retombait jamais. À cela se sont ajoutés des soucis personnels (que je n’étalerai pas ici vous en conviendrez) mais qui ont profondément impacté ma santé, au point qu’un point de bascule se soit fait à la fin de l’été 2024.
Cet été-là, après un mini break de quelques jours, j’apprends que mes associés (hors Antoine) décident de cesser l’activité du bar pour en faire totalement autre chose. Je vois mon bar que j’aimais tant partir en fumée, avec ma santé, mon équipe, et aussi mon gagne-pain. Bref, on m’annonce littéralement que tout s’arrête bientôt alors que j’ai tout fait pour rattraper les erreurs passées et que j’allais proposer un plan sérieux pour 2025. S’en suit une période incroyablement sordide où je me suis noyé encore plus dans le travail en attendant la fin du bar, programmé pour le 1er Février 2025, tout en essayant de préparer une suite pour moi qui ne soit pas trop bancale. Je n’irai pas dans les détails, mais beaucoup de proches savent combien j’ai été aussi malmené par certaines personnes de mon entourage professionnel durant ces dernières années. J’ai subi aussi du « bullying » et ça a massivement contribué à ce qui va suivre dans ce témoignage.
Malheureusement, et je n’ai plus honte de le dire, un soir de septembre j’ai tenté le pire. Il m’a fallu une semaine pour passer à l’acte, chaque jour j’y pensais, j’ai préparé des courriers d’adieu, j’ai cherché le courage d’aller au bout, etc. Bref, mon cerveau ne répondait plus, c’était fini, et comme ma compagne était à l’étranger pour le boulot, j’étais seul avec mes démons. J’avais le dos en miettes, des douleurs aux épaules, je pleurais tout le temps sans raison, j’avais pris 35 kilos, je n’avais plus aucune vie sociale, et tout paraissait noir et dénué de tout intérêt. Je me suis élancé vers ma propre fin mais sans que je puisse l’expliquer vraiment, j’ai renoncé au dernier moment et j’ai décidé d’essayer de changer cela. Je ne saurais comment expliquer cela, ce n’est pas une forme de « courage » que d’aller à s’ôter la vie, car c’est contre nature en soi, mais j’étais dans une sorte de brouillard, comme un robot, dénué de toute émotion, j’allais agir sans aucune crainte ou sentiment, jusqu’au moment du déclic, dont j’ignore la raison, mais que je salue car sinon je ne serais certainement pas là à vous écrire, et mon ami aurait eu une mauvaise surprise en arrivant à la brasserie..
Le lendemain je cherche une psychologue avec qui échanger, car la rechute peut vite arriver, et ce n’est que quelques mois après la fermeture du bar, que j’avoue à mes proches que j’ai tenté de mettre fin à mes jours. Ce fut une vraie claque, beaucoup ne l’avaient pas vu venir, d’autres s’en étaient inquiétés. Mais l’avouer et même après le soulagement d’après la fermeture du bar (car même si j’étais triste, cela m’a valu un repos forcé non négligeable), je n’étais pas du tout guéri et je le savais pertinemment.
J’ai donc poursuivi un suivi avec ma psychologue, et je suis entré en contact avec un psychiatre qui m’a mis de suite sous antidépresseurs. Depuis, cela me permet de mieux gérer l’anxiété et le stress, car l’année 2025 fut une année chargée en émotions et sans cette aide, je n’aurais pas pu tenir aussi bien, je suis conscient de cela.
Aujourd’hui je peux vous dire que je vais mieux, je ne vais pas crier victoire car je suis encore suivi et traité, mais ma santé mentale est sur le chemin du mieux. Mes proches sont là, mon ancienne équipe que j’aime du fond du cœur est toujours présente, et j’ai reçu de très nombreux soutiens. Les choses sont désormais tournées sur la brasserie avec un de mes meilleurs amis et même si on enchaîne les « cagades » on tient bon et on arrive à rire de cela.
Dorénavant, je dois m’occuper de ma santé physique, perdre le poids que j’ai gagné, rectifier mes soucis respiratoires, soigner mon dos qui est probablement plus amoché que je ne le crois. Bref, j’ai négligé ma santé mentale, mais aussi ma santé physique en faisant des bêtises (mal me positionner, faire tout trop vite, ne pas me reposer, etc.) et je paye le prix fort, mais je reste encore là et je compte continuer tous mes projets.
Bref, pour conclure, mon témoignage est celui de tant d’autres, mais cet article me tenait à cœur car si j’ai eu un premier burnout dans ma carrière, ce fut très court. Mais là, j’ai eu un burnout suivi d’une sévère dépression et de gros problèmes de santé physiques aussi. Je vois beaucoup d’autres personnes dans mon cas, d’autres qui n’ont pas renoncé à leurs actes aussi malheureusement, et que l’on soit en position de manager ou d’employé, il faut se préserver. J’ai tout fait pour aider mes collègues, je leur ai fourni un environnement de travail sain malgré les difficultés que nous avions et cela a fonctionné, seul hic, j’avais oublié de m’occuper de moi.
Donc si vous êtes allé jusqu’au bout de cette lecture, prenez soin de vous, ne faites pas comme moi en vous voilant la face, et si vous sentez être en train de sombrer, prenez les devants et soignez-vous avant que ça parte trop loin. On n’a qu’une vie, il faut s’y tenir, notre milieu n’est pas facile, il est encore très perfectible, mais tout ceci reste du travail et uniquement du travail.
Prenez soin de vous, et comme disait Jésus dans Jésus 2 le retour : « Vous allez vous aimer les uns les autres, bordel de merde ? »

Carnet d’adresses et Ressources Utiles
Je me suis aidé de l’IA Gemini 3 Deep Think pour m’aider à organiser cette partie-là
- EN CAS D’URGENCE IMMÉDIATE
- 15 (SAMU) : Urgences médicales vitales.
- 112 : Numéro d’urgence européen (valable partout).
- 114 : Urgence par SMS (si impossibilité de parler).
- DÉTRESSE PSYCHOLOGIQUE ET RISQUE SUICIDAIRE
- 3114 (Numéro National de Prévention du Suicide) : Écoute professionnelle, confidentielle et gratuite, 24h/24 et 7j/7.
- SOS Amitié : 09 72 39 40 50. Pour parler de solitude et de mal-être.
- Ligne d’écoute des Psychologues : Vérifiez si votre mutuelle ou branche professionnelle propose un numéro vert dédié.
- HARCÈLEMENT ET DROIT DU TRAVAIL
- Défenseur des droits : 39 28 (ou defenseurdesdroits.fr). Pour signaler harcèlement moral, sexuel ou discrimination.
- France Victimes : 116 006. Accompagnement juridique et psychologique pour toute victime d’infraction (y compris au travail).
- AVFT : avft.org. Spécialisé dans les violences sexistes et sexuelles au travail.
- Souffrance et Travail : souffrance-et-travail.com. Annuaire de médecins et avocats spécialisés.
- SPÉCIFIQUE DIRIGEANTS ET ARTISANS (TPE/PME) Souvent isolés, les brasseurs indépendants ont aussi leurs structures d’aide.
- APESA : apesa-france.com. Soutien psychologique d’urgence pour les chefs d’entreprise en souffrance aiguë (difficultés financières, dépôt de bilan).
- Amarok : Spécialisé dans la santé mentale des dirigeants de TPE/PME (prévention du burn-out patronal).
- PRÉVENTION ET SANTÉ PHYSIQUE (FILIÈRE ALCOOL & MANUTENTION)
- Médecine du Travail : Votre interlocuteur privilégié pour l’adaptation du poste (charges lourdes, produits chimiques) et la santé mentale. Soumis au secret médical.
- Alcool Info Service : 0 980 980 930 (ou alcool-info-service.fr). Écoute bienveillante et sans jugement concernant la consommation d’alcool, risque inhérent au métier.
Sources
️ Sécurité Physique, Gestion des Risques et Normes
- Compétences en gestion des risques de la brasserie artisanale : https://www.micetcraft.com/fr/gestion-des-risques-competences-de-brasserie-artisanale/
- Occupational Safety Microbreweries : https://solutionsinsafety.com/wp-content/uploads/2021/07/SSS-Occupational-Safety-Microbreweries.pdf
- Brewery Safety 101: The Top 5 Hazards | EMC Insurance Companies : https://www.emcinsurance.com/losscontrol/insights-d/2020/03/brewery-safety/
- Restauration traditionnelle – Votre métier – INRS : https://www.inrs.fr/restauration
- La restauration traditionnelle : Prévention des risques professionnels – INRS : https://www.inrs.fr/dam/inrs/CataloguePapier/ED/TI-ED-880.pdf
- Les normes de santé et de sécurité dans les restaurants, bars et cafés – Mapal OS : https://mapal-os.com/fr/securite-alimentaire/normes-sante-securite-restaurants-bars-cafes
- How Can I Keep my Craft Brewery Employees Safe? – Beer Law HQ : https://www.beerlawhq.com/blog/how-can-i-keep-my-craft-brewery-employees-safe
- La prévention des risques professionnels dans les restaurants – Officiel Prevention : https://www.officiel-prevention.com/dossier/formation/fiches-metier/la-prevention-des-risques-professionnels-dans-les-restaurants
- Health and Safety for Craft Breweries and Distilleries: A Powerful Guide to Protecting Workers – OHSE : https://ohse.ca/health-and-safety-for-craft-breweries-and-distilleries-a-powerful-guide-to-protecting-workers/
- Brewery Safety Requirements OSHA – CO2 Meter : https://www.co2meter.com/blogs/news/osha-brewing-safety-requirements
- Brewing a Safety Culture in the Beer Business | EMPLOYERS : https://www.employers.com/blog/2019/brewing-a-safety-culture-in-the-beer-business/
- Considering risk associated with leisure time physical activity (LTPA) at craft breweries : https://www.tandfonline.com/doi/pdf/10.1080/22243534.2024.2412765
- Brewery and Taproom Risk Management – Brewing Industry Guide : https://brewingindustryguide.com/brewery-and-taproom-risk-management/
- DUERP secteur Restauration Traditionnelle – ASSTV 86 : https://www.asstv86.fr/wp-content/uploads/2024/08/DUERP-secteur-Restauration-Traditionnelle.pdf
- Health and Safety for Craft Breweries and Distilleries – WorkSafeBC : https://www.worksafebc.com/resources/health-safety/books-guides/health-safety-craft-breweries-distilleries-bk164?lang=en&direct
- Le service à table dans la restauration : Contraintes d’emploi et réflexions sur l’avenir d’une profession – INRS : https://www.inrs.fr/dam/inrs/CataloguePapier/DMT/TI-TF-118.pdf
- Serving safely: Risk management for brewery taprooms – Craft Brewing Business : https://www.craftbrewingbusiness.com/featured/serving-safely-risk-management-for-brewery-taprooms/
- B.C. Sample Food Safety Plan: Beer – Gov.bc.ca : https://www2.gov.bc.ca/assets/gov/health/keeping-bc-healthy-safe/food-safety-security/beer.pdf
- Pulling the Tap: Examining Ergonomic Intervention on Bartenders Experiencing Occupational Deficits : https://digitalcommons.law.wne.edu/context/otd/article/1091/viewcontent/WNE_20OTD_20Capstone_DESCAULT_Makayla_2024.pdf
Santé Mentale, Burn-out et Bien-être
- Dans les brasseries artisanales, les salariés trinquent – Mediapart : https://www.mediapart.fr/journal/economie-et-social/030825/dans-les-brasseries-artisanales-les-salaries-trinquent
- 10 Tips for Managing Restaurant Employee Burnout : https://www.therestauranthq.com/operations/restaurant-employee-burnout/
- Santé mentale au travail : pas de santé mentale, pas de santé ! – Lamie mutuelle : https://www.lamie-mutuelle.com/blog/sante-mentale-au-travail-pas-de-sante-mentale-pas-de-sante
- Mental Health in the Brewing Industry (Brewers Association) : https://cdn.brewersassociation.org/wp-content/uploads/2022/10/26133941/BA22-HR_Mental-Health-in-the-Brewing-Industry.pdf
- On peut parler burn-out deux secondes ? : r/TheBrewery – Reddit : https://www.reddit.com/r/TheBrewery/comments/12tlm03/can_we_talk_about_burnout_for_a_second/?tl=fr
- Stress, épuisement professionnel, comportements alimentaires et comportements à risque parmi les professionnels de la restauration – Archipel UQAM : https://archipel.uqam.ca/13228/1/D3686.pdf
- Mental Health Resources – Brewers Association : https://www.brewersassociation.org/playlist/mental-health-resources/
- Infinite Ingredient Releases Preliminary 2022 Craft Beer Burnout Survey Results : https://allaboutbeer.com/infinite-ingredient-releases-preliminary-2022-craft-beer-burnout-survey-results/
- Non-profit Infinite Ingredient is conducting a Craft Beer Burnout Survey : https://www.craftbrewingbusiness.com/featured/non-profit-infinite-ingredient-is-conducting-a-craft-beer-burnout-survey-which-is-option-to-april-21st/
- Plan d’action bien-être : indispensable pour les entreprises en France – ifeel : https://ifeelonline.com/fr/plan-daction-bien-etre-en-entreprise/
- How Hospitality Industry Leaders Are Normalizing and Prioritizing Mental Health : https://www.wineenthusiast.com/culture/hospitality-industry-mental-health/
- Treating Adult Women With Depression Through Videoconferencing : https://scholarworks.waldenu.edu/cgi/viewcontent.cgi?article=4447&context=dissertations
- Brent Brewer with the Farm Stress Management Team Talks About Mental Health Awareness for Ag Producers : http://oklahomafarmreport.com/wire/news/2022/09/04017_BrentBrewerFarmStress09262022_083620.php
- Severely Stressed? Here Are Some Resources | Brewing Industry Guide : https://brewingindustryguide.com/severely-stressed-here-are-some-resources/
- Hazelden Betty Ford and Infinite Ingredient Collaborate : https://www.hazeldenbettyford.org/press-release/infinite-ingredient-collaboration
- Quaran-time: A Chat with Joel from Hope For The Day : https://coneyislandbeer.com/quaran-time-a-chat-with-joel-from-hope-for-the-day/
- Things We Don’t Say: Craft Beer for Mental Health – Hope For The Day : https://www.hftd.org/blog/twdscraftbeer
- Access the Infinite Ingredient Wellbeing Portal – Brewers Association : https://www.brewersassociation.org/brewing-industry-updates/access-the-infinite-ingredient-wellbeing-portal/
- Infinite Ingredient Overview : https://quillfish-chartreuse-dyxf.squarespace.com/s/Infinite-Ingredient-Overview.pdf
- Lutter contre l’épuisement professionnel chez les brasseurs : r/TheBrewery – Reddit : https://www.reddit.com/r/TheBrewery/comments/kwhxyo/addressing_burnout_among_brewers/?tl=fr
- La santé mentale : un enjeu clé pour le bien-être au quotidien et au travail : https://www.cigversailles.fr/actualites/la-sante-mentale-un-enjeu-cle-pour-le-bien-etre-au-quotidien-et-au-travail
- Notre stratégie de santé et de bien-être (J&J) : https://www.jnj.com/CH/fr/sante-et-bien-etre
- Mindful Brewing: Mental Health, ALS, and the Beers and Breweries Fighting Neurological Diseases : https://beerisforeveryone.com/mindful-brewing-mental-health-als-and-the-beers-and-breweries-fighting-neurological-diseases/
- Group Aims to End Stigma Around Mental Health with Things We Don’t Say IPA : https://www.brewbound.com/news/group-aims-to-end-stigma-around-mental-health-with-things-we-dont-say-ipa/
- Things We Don’t Say: New Open-Source Collab to Support Mental Health : https://brewingindustryguide.com/things-we-dont-say-new-open-source-collab-to-support-mental-health/
- Higher Ground Services | Counseling Services, Brewer, Maine : https://www.hgscounseling.com/
Harcèlement et Discrimination
- The impact of workplace bullying on flourishing: The moderating role of emotional intelligence : https://sajip.co.za/index.php/sajip/article/view/1603/2387
- The presumption of mutual influence in occurrences of workplace bullying: Time for change : https://www.researchgate.net/publication/258112257_The_presumption_of_mutual_influence_in_occurrences_of_workplace_bullying_Time_for_change
- KATIE MUGGLI : Beer and Sexism – The Untold Story : https://thefixpodcast.org/episodes/katie-muggli-beer-and-sexism-the-untold-story/
- Craft Beer, Racism, and Sexism Statements, May 2021 – Archive-It : https://archive-it.org/collections/16699
- Craft beer forced to face its culture of misogyny and sexual violence : https://www.craftbrewingbusiness.com/featured/craft-beer-forced-to-face-its-culture-of-misogyny-and-sexual-violence-here-are-the-stories-to-read/
- Craft Brewers’ #MeToo moment – Brauwelt : https://brauwelt.com/en/international-report/the-americas/643086-craft-brewers%E2%80%99-metoo-moment
- RECUEIL DE TÉMOIGNAGES SUR L’EXPÉRIENCE DU HARCÈLEMENT : https://srfreedex.org/wp-content/uploads/2021/11/JT_French.pdf
- « Fabriquer, boire et faire boire de la bière » – Mes Bières : https://www.mesbieres.fr/fabriquer-boire-et-faire-boire-de-la-biere/
- La brasserie du Comtat condamnée pour sexisme – Beer.be : https://beer.be/actualites/la-brasserie-du-comtat-condamnee-pour-sexisme/
Alcool et Addictions
- Pots d’entreprise et alcool : quelles sont les règles applicables ? – INRS : https://www.inrs.fr/publications/juridique/focus-juridiques/focus-pots-entreprise-alcool.html
- Alcool en entreprise : que dit la loi ? – Generali : https://www.generali.fr/entreprise/actu/alcool-en-entreprise-que-dit-la-loi/
- Alcool et drogues au travail : comment réagir ? – Gesec : https://www.gesec.fr/alcool-et-drogues-au-travail-comment-reagir/
- Addictions en entreprise : comprendre, prévenir et accompagner – HCR Santé : https://hcrsante.fr/actualites/addictions-en-entreprise-comprendre-prevenir-et-accompagner
- Substance Use and the Workplace: Supporting Employers and Employees in the Trades [toolkit] : https://www.ccsa.ca/sites/default/files/2022-09/CCSA-Substance-Use-Workplace-Employers-Employees-Trades-Toolkit-2022-en.pdf
- Substance and Alcohol Awareness – Human Resources – The University of Utah : https://www.hr.utah.edu/awareness.php
- National Institute on Alcohol Abuse and Alcoholism (NIAAA) : https://www.niaaa.nih.gov/
- Implementing Community-Level Policies to Prevent Alcohol Misuse : https://library.samhsa.gov/sites/default/files/pep22-06-01-006.pdf
⚖️ Aspects Juridiques et Suicide
- Santé Publique France (Statistiques) : https://www.santepubliquefrance.fr/content/download/267165/2675318?version=1
- Semaine de prévention du suicide – Yannick LeBrasseur : https://yannicklebrasseur.com/semaine-de-prevention-du-suicide/
- Suicide chez les jeunes – Marc-André Decoste : https://www.marc-andre-decoste.com/auteur/couronne/saviez-vous-que/suicide-chez-les-jeunes
- Harry David Johnson v. State of Tennessee :: 2004 : https://law.justia.com/cases/tennessee/court-of-criminal-appeals/2004/e2002-01949-cca-r3-pc.html
- REPORT ON SUICIDE IN WYOMING : https://sprc.org/wp-content/uploads/2023/01/2012_report_on_suicide_in_wyo.pdf
- THOMAS MICHAEL HOBSON, Sr. v. UNITED STATES (Court Case) : https://www.govinfo.gov/content/pkg/USCOURTS-alnd-7_07-cv-00502/pdf/USCOURTS-alnd-7_07-cv-00502-0.pdf
- Willie T. Edwards, As Personal Representative of the Estate of Dustin (Court Case) : https://law.justia.com/cases/federal/appellate-courts/F2/867/1271/356989/
- Prisoner Suicide – Americans for Effective Law Enforcement : https://www.aele.org/jailsample.html
- L’essentiel de l’actualité documentaire consacrée au suicide – Drees : https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/sites/default/files/2021-07/Veille%20strat%C3%A9gique%20ONS%20n%C2%B033%20du%2030%20juillet%202021.pdf
- FACTEUR DE RISQUE – Les bibliothèques du GHU Paris : https://bibliotheques.ghu-paris.fr/index.php?lvl=categ_see&id=32504&page=113&nbr_lignes=2463&l_typdoc=
- Bataille juridique entre les brasseries françaises Lokorn et Licorne – Beer.be : https://beer.be/actualites/bataille-juridique-entre-les-brasseries-francaises-lokorn-et-licorne/
Organismes et Associations
- INRS (Accueil) : https://www.inrs.fr/
- SNBI France – Syndicat National des Brasseries indépendantes : https://www.snbi-france.fr/
- Le Syndicat National des Brasseurs Indépendants attire les microbrasseurs alsaciens : https://www.labieredalsace.fr/2017/06/20/syndicat-national-des-brasseurs-independants/
- Brasseurs de France: Accueil : https://brasseurs-de-france.com/
- Nos missions – Brasseurs de France : https://brasseurs-de-france.com/qui-sommes-nous/nos-missions/
- Présentation de l’UMIH 1er syndicat patronal du secteur CHRD : https://www.umih.fr/qui-sommes-nous/decouvrir-lumih/
- SNPST (Services de Santé au Travail) : https://www.snpst.org/
- HR Third Party Resources – Brewers Association : https://www.brewersassociation.org/hr-third-party-resources/
- INFINITE INGREDIENT (Accueil) : https://www.infiniteingredient.org/
- Hope For The Day (Accueil et Travaux) : https://www.hftd.org/
- Partners In Prevention – Hope For The Day : https://www.hftd.org/partner-in-prevention
- Brewery Locator – Hope For The Day : https://www.hftd.org/thingswedontsayipa
- The Best Volunteer Organizations in Brewer | VolunteerMatch : https://www.volunteermatch.org/search/orgs.jsp?aff=&includeOnGoing=true&r=20.0&l=Brewer%2C+ME%2C+USA
- Group Therapy and Support Groups in Brewer, ME : https://www.psychologytoday.com/us/groups/me/brewer
- Notre engagement social – HEINEKEN France : https://www.heinekenfrance.fr/nos-engagements/social/
BRASSEUR E Catalogue en ligne (Bibliothèque CPA01) : https://bibliotheque.cpa01.fr/index.php?lvl=author_see&id=39664




