Utile et pratique

Découverte du livre Bieronomics

Nous avions déjà parlé de livres tels que le Guide Hachette des bières ou encore le Houblonomicon de Une Bière et Jivay, mais je ne vous avais pas encore parlé d’un livre qui traite d’un sujet bien précis et qui n’est pas destiné à la vulgarisation ou l’apprentissage. 

Parce que la littérature brassicole c’est aussi des livres portés sur un sujet précis et approfondi. Si on trouve une grande majorité de livres qui introduisent à la bière en la valorisant, ou vous perfectionnent dans sa dégustation, ou encore vous apprennent à brasser vous-même, peu de livres à ce jour traitent de sujets plus précis et en profondeur. 

A ce jour, en France, on ne trouve pas beaucoup de livres dédiés à un sujet bien précis de la bière. Heureusement il en existe tout de même, on peut citer (et on en reparlera) l’excellent “Toutes les bières moussent-elle?” de Dany Griffon et Jean Paul Hébert, mais aussi “Boire en Gaule” de Fanette Laubenheimer, ou même le tout récent “De la terre à la bière” de Alexandra Berry. Nos camarades anglo-saxons possèdent une littérature brassicole plus fournie, ceci est logiquement dû au fait que la révolution brassicole a débuté bien plus tôt de leur côté, ils ont donc eu largement le temps de développer les choses. De fait, on regrette parfois que les livres se limitent aux personnes parlant anglais, les éditeurs restent frileux sur les traductions et il faut donc se débrouiller avec les moyens du bord. 

Fort heureusement, parfois, des maisons d’édition franchissent le pas et nous propose la traduction d’un livre ou deux, et c’est avec une très bonne surprise que j’ai pu découvrir et dévorer le livre “Bieronomics” de Johan Swinnen et Devin Briski.

 

Bieronomics : L’histoire du monde à travers la bière?

Attention, ici le livre ne va pas s’amuser à raconter que la bière est le moteur de l’histoire comme un certain reportage, certes amusant, l’a fait il y a quelques années. Ici, le livre nous raconte l’histoire, d’un point de vue économique, avec toujours la bière en protagoniste principal. 

Ainsi, le livre est divisé en une quinzaine de chapitres, mais n’attendez pas ici un ordre chronologique ou une approche historique pure et dure mêlant archéologie et zythologie, ce n’est pas le but de ce livre. Chaque chapitre aborde un sujet différent, et important lié à la bière. En cela, le titre est quelque peu erroné à mon sens. 

On commence le livre par un premier chapitre orienté, en toute logique, sur les origines de la bière. Sur les 4 premiers chapitres, on aborde la bière à travers diverses périodes historiques, oscillant entre exode vers ce qui deviendra plus tard l’Amérique telle qu’on la connaît, le médiéval, l’antiquité jusqu’à arriver à la révolution industrielle. A partir du 5ème chapitre, on est sur une période plus contemporaine. Le livre va s’attarder sur les premières grosses brasseries, la loi de pureté allemande, les stratégies des grands groupes ou encore l’arrivée de la bière en Russie ainsi que la fameuse révolution brassicole américaine. 

Le livre ne vulgarise pas l’histoire économique de la bière mais il la simplifie très largement. Le contenu est facile à lire, bien référencé et suffisamment bien écrit pour ne pas en devenir soporifique. Il faut avouer que parler de bière et d’économie peut, aux premiers abords, s’avérer quelque peu rébarbatif, mais pourtant ici la lecture se fait assez facilement et les informations sont bien fournies. 

Un livre bien construit, clair et assez précis de seulement 240 pages qui vaut le détour et nous change des livres visant à, soit nous introduire à la bière, soit nous y perfectionner, soit nous balancer ça et là des tonnes de photos de bouteilles qu’on ne pourra jamais consommer vu le nombre. 

 

 

En conclusion

Ce livre est, pour moi un bon ouvrage qui vous permettra de vous approfondir à la culture de la bière sur le plan économique. Attention toutefois, le sous titre est relativement trompeur, c’est bien le seul reproche que je peux faire à ce livre. En effet, le livre souligne “L’histoire du monde à travers la bière”, or, il faudrait plutôt dire, “L’histoire économique de la bière” car le monde peut très bien tourner sans la bière en vérité. 

Loin de moi l’idée de vouloir renier ma boisson favorite, il faut prendre le recul nécessaire et ne pas tomber dans le spectaculaire et le sensationnalisme pour accorder une importance mensongère à une boisson qui a certes, participée à l’histoire, mais n’en est pas l’une des roues motrices contrairement à ce que l’on veut nous faire croire. 

Fort heureusement, ici, le sous titre trompe, mais le contenu est on ne peut plus clair, on parle bien de l’économie de la bière et c’est un vaste sujet intéressant qui permet justement de voir autrement ce milieu. On peut voir que la bière c’est autre chose que de la soupe houblonnée à tout va servie dans des bouteilles et étiquettes multicolores avec à chaque fois une course à l’originalité ou à la notation sur les réseaux

Comme je le dis souvent, la bière est un moment de partage et de convivialité, qu’on soit à plusieurs ou même seul, elle doit rester un moment positif dès lors que l’on sait agir avec modération. Enfin, la bière ne vit pas grâce aux geeks, grâce aux notes mais par tous ceux qui la consomment en sachant qu’elle est faite par des humains passionnés (pour la majorité du temps) qui essayent de vivre de leur passion tout en y prenant un réel plaisir. Il faut également cesser de cloisonner son esprit “geek” ou “snob” et voir en la bière, et surtout la brasserie, une entité qui a pour souhait de vivre, survivre et si possible évoluer de façon à ce que ceux qui y travaillent vivent avec tranquillité. Autrement dit, chaque brasserie a un business model différent, chaque brasseur a un profil différent, et chaque consommateur sera différent, et ce livre montre bien que la bière, cela reste quelque chose qui est intimement lié à l’économie et donc à l’argent. 

Il faut accepter qu’une brasserie vende en GMS, qu’une autre se fasse racheter par un grand groupe, qu’un industriel essaye d’entrer sur une tendance du marché, ou encore qu’un brasseur débute en gypsy pendant que d’autres commencent avec un capital très gros. La bière est remplie de modèles économiques différents, il y en a pour tous les goûts et chacun y trouve midi à sa porte. 

Ce genre de bouquin a le mérite de pouvoir nous ouvrir un peu mieux les yeux sur cet univers qu’est l’univers brassicole, et nous apporter un apport en culture générale sur un sujet non négligeable qui permet, et c’est tant mieux, de nous sortir la tête des applications binaires ou les forums et groupes de discussions anxiogènes remplies de sachants, d’intolérants et j’en passe. 

La bière doit être quelque chose d’agréable pour lequel on doit justement ne pas se prendre la tête. Buvez, partagez, cultivez-vous si ca vous chante, mais n’oubliez pas que depuis quelques siècles maintenant, la bière n’est plus une boisson qui permet de survivre à une eau non potable et bourrée de maladie, elle est un “lubrifiant social”, un moment d’échange et de plaisir qui, s’il est fait correctement, quelque soit le type de bière, deviendra pour vous un souvenir agréable, et si vous ne me croyez pas, demandez à ceux qui sont privés de pubs et de réunion entre amis depuis plus d’un an…. 

En attendant, je ne peux que vous conseiller de foncer vers votre libraire et lui commander ce livre (s’il ne l’a pas déjà)! 

 

Greg
Marseillais amateur de bières, je vais vous faire découvrir cette boisson à travers son histoire, des dossiers, de l'actu et enfin des tests de bières diverses et variées!

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